Le corps causal
par Shri Siddharameshwar Maharaj
Source : Embrasser l'immortalité (Amrut laya) et La clef de la réalisation de soi - Les Deux Océans (Paris)
En vérité, votre état est la Félicité Absolue, pas cet état du monde du phénomène. Dans l'état du non-phénomène vous êtes félicité totale, mais vous n'en pouvez faire l'expérience. Dans cet état il n'y a ni misère ni malheur, seulement une pure félicité.
Quand la conscience est sans forme et ne se connaissant pas elle-même, elle est l'Absolu.
Nous sommes uniquement cette conscience. L'éternel est pour toujours, un état de non-expérience.
L'univers est contenu dans la conscience, et le corps physique lui aussi n'est qu'une apparition dans la conscience, perçue et reconnue par la conscience.
Ce qui EST, c'est cette conscience, en dehors de quoi rien ne peut exister.
Shri Nisargadatta Maharaj
Au niveau ultime la Présence est dissoute. Vous ne serez pas conscient quand la Présence devient Omniprésence.
Tout est Un. Il n'y a pas d'individualité.
Cette Présence spontanée, cette Présence invisible, est inconsciente de sa propre identité parce qu'elle est vaste, toute puissante, omniprésente, juste comme le ciel.
Shri Ramakant Maharaj
Si vous comprenez que ce corps n'existe pas, vous êtes libéré du tourment de la mort. Vous êtes en tout et en tout lieu car vous êtes la source de toute chose.
Comment pourriez-vous mourir ?
Comprenez que tout est Un, et tout se termine alors.
Ranjit Maharaj
Le Je suprême, non-manifesté, ne possède aucun savoir, il ne se connaît pas, il est totale êtreté. Cette êtreté est reflétée par la conscience, cette conscience a surgi du non-manifesté, sans cause, en créant le temps, l'espace et la matière, elle ne peut exister en l'absence du corps. Elle est la Conscience, il n'y en a qu'Une. Tout ce qui existe est je, tout ce qui existe est moi, mais le Je percevant cela s'est limité en s'identifiant à son support et a perdu cette compréhension. Pourtant, ce manifesté est identique au non-manifesté, à cette présence Absolue. Il n'y a pas de différence entre le Je non-manifesté et le monde. C'est pour cela que vous n'avez besoin d'aucun changement ni d'aucun appui, vous êtes cela. Il faut que votre esprit soit complètement au repos, alors il se dissoudra et il ne subsistera que la réalité.
S'immerger dans cette connaissance « je suis » est Bhagwan, splendeur. C'est une illumination éclairant comme la foudre. Vous êtes seulement lumière et de cette révélation le monde surgit. Ayant atteint ce stade, vous êtes le pur joyau du diadème, le diamant au sommet de la couronne. Mais ayant assimilé, pleinement éveillé, ce qu'est le monde, ce qu'est cette conscience, vous souhaitez vous en débarrasser. Vous découvrez que cette splendeur est le siège de toutes les erreurs, de tous les mensonges. Quand vous l'avez totalement compris, vous transcendez cet état. Ce n'est plus rien, c'est comme du mucus dans la gorge qui vous gêne, vous le crachez.
Shri Nisargadatta Maharaj
« Le sage voit tout et tous comme faisant partie d'une même réalité. En fait, il n'y a que la Conscience et elle est Une, il n'y a pas de dualité. L'ignorant qui existait auparavant est retourné à sa véritable nature, il n'a plus conscience d'être un être séparé ou limité, alors que celui qui reste dans la conscience du corps est enchaîné. »
Sri Siddharameshwar Maharaj
« Là où au début, à la fin, et au milieu, il n'y a personne ; ce par quoi cet univers est toujours imprégné ; ce lieu est connu comme le lieu solitaire. »
Sankara - Aparoksanubhuti
On l'appelle Soi ultime,
on lui donne aussi une multitude d'autres noms alors qu'en réalité il n'en a pas.
Il est éternellement
pareil à lui-même.
Il est vide comme l'espace,
pur et éternel.
Il est présent au commencement comme à la fin. Il est là avant que les concepts n'apparaissent mais il est là aussi quand les concepts sont présents. Que l'on soit endormi ou éveillé, le Soi est toujours là naturellement. Il n'est ni vu ni ressenti, mais il est là. Il est présent avant, pendant et après l'apparition des concepts, il est sans mouvement et stable.
Mais un mouvement est ressenti
dans cette nature immuable
et c'est l'illusion,
la conscience qui surgit.
C'est le Dieu créateur (Ishvara), c'est-à-dire l'illusion qui est à l'origine de l'apparition de l'éphémère.
Vous existez sans condition, sans effort mais la conscience s'est imposée à vous et c'est cela l'illusion primordiale.
C'est une expérience que de voir qu'il n'y a rien d'autre dans le corps que le Soi !
Tout ce qui existe
n'est rien, tout est faux.
Ce qui reste alors
est l'état naturel du Soi.
Exister dans cet état naturel est toujours du domaine de l'expérience, c'est pour cela qu'il faut toujours se souvenir que
je suis différent des expériences
et même de l'expérience du Soi.
« J'ai tué Krishna mais je ne l'ai pas tué ». Je ne suis pas l'expérience, c'est de cette manière que vous devez pratiquer. Gnyan signifie anaya (an : non ; anya : autre), c'est la connaissance du Soi et de rien d'autre. Comprendre qu'il n'existe rien à part le Soi est ce que l'on peut appeler la véritable connaissance (vidgnyan).
Ni la connaissance
ni l'ignorance
n'existent
dans le Soi suprême.
Votre véritable nature est spontanée, différente de l'expérience de l'existence et de la non-existence. Vous êtes différent de l'expérience de ce qui est, comme de ce qui n'est pas.
L'air imprègne l'espace immuable mais il y a une différence subtile entre les deux. L'air peut être ressenti alors que l'espace n'est pas perceptible. La différence entre le Soi suprême et la conscience est similaire. Cette différence n'implique aucune modification dans le Soi parce qu'il est non conditionné et immuable.
La force de vie ou la conscience
est donc l'illusion,
et le Soi ne peut en être affecté
car il n'y a que le Soi dans le Soi !
À l'image de l'air qui envahit l'espace, l'impulsion « je suis » a recouvert le Soi. Cette impulsion est l'illusion originelle, c'est le pouvoir ou le désir. On l'appelle aussi le corps supra-causal. Puis les trois autres corps apparaissent et
tous les quatre ne sont que les pieds du trône où règne la réalité immuable.
Comment purger l'ego du Soi, comment renoncer à soi-même ? Le maître vous explique qu'une fois débarrassé des trois corps, celui qui reste est le Soi sous la forme de la Connaissance. Puis cette Connaissance ou conscience pure doit aussi être abandonnée pour qu'il ne reste que la Connaissance suprême.
Dans le Soi sous la forme de la Connaissance,
l'ego persiste toujours d'une manière subtile
et il faut y renoncer pour
que la Connaissance soit absolue.
Cette connaissance absolue est indéfinissable, le discours ne peut l'atteindre, vous restez muet devant elle car elle est indicible. Elle n'est ni le grossier ni le subtil et la pensée n'y est absolument pas présente.
Ce qui existe au-delà de l'oubli, de l'ignorance et de la Connaissance, c'est la Connaissance absolue. C'est le suprême Shiva destructeur de l'ignorance mais aussi de la Connaissance.
Quand vous avez atteint
la Connaissance ultime,
vous vous immergez en elle
et lorsque vous revenez vers le monde
c'est en tant que Connaissance absolue.
Ce qui n'a pas de support est le Soi,
c'est la Réalité sans concept
qui est au-delà de la conscience.
La Réalité ne peut être ni vue ni ressentie.
Cela ne peut être un objet des sens car tous les cinq sens sont gouvernés par le mental. La forme est le domaine des yeux, l'odeur celui du nez, le goût celui de la langue, le toucher celui de la peau et le son celui de l'oreille. Le mental connaît les sens et les sens connaissent les objets. Toutefois les objets ne perçoivent pas les sens et le mental ne peut pas être un objet pour les sens. Ils sont tous les trois (mental, objets, sens) les outils de la Connaissance. Mais la Connaissance ne peut pas être comprise par le mental.
La Connaissance n'est un objet que
pour ce qui est au-delà d'elle.
Quant à l'au-delà de la Connaissance, il ne saurait être l'objet de quoi que ce soit, car ici le pouvoir de connaître est absent. Il s'agit de la réalité ultime qui ne peut être ni ressentie ni imaginée.
L'au-delà de la Connaissance
implique que la perception
elle-même s'arrête là.
La Réalité ultime est
antérieure à toute perception,
à toute idéation.
C'est pour cela qu'on ne peut la concevoir, alors que tout le reste peut être perçu.
Rien ne peut apparaître dans la réalité,
pas même les concepts,
car il n'y a que l'Un et rien d'autre,
ni pour concevoir ni pour être conçu.
La réalité est non conditionnée, ce qui implique qu'aucun état ne peut l'approcher, que ce soit celui de l'ignorance, de la Connaissance, de l'homme ou de Dieu. Elle ne dépend de rien et aucune pratique (jeûne, austérité ... ) ne mène à elle. Elle est désintéressée, elle ne dira jamais : « si vous remplissez les conditions requises, je viendrai à vous » ! Elle est sans fard, car elle ne possède rien tels que les sens, le mental ou la conscience. Si la réalité pouvait être appréhendée par les yeux, ou n'importe quel autre moyen, elle serait transitoire, mais elle est éternelle. Elle existe aussi bien dans la Connaissance que dans l'ignorance, elle est dépourvue de qualité. L'oubli (tamas guna) n'est pas présent en elle, il n'est donc pas nécessaire de se la rappeler (sattva guna). Le mélange d'oubli et de conscience qui caractérise l'action de l'homme dans le monde (rajas guna) n'est pas davantage présent en elle.
La Réalité est sans tache,
elle est immaculée.
Elle est aussi immuable
car elle a toujours existé.
Elle est indicible, elle ne peut être conçue ou décrite par les mots. Il n'y a aucun mouvement en elle, ni celui de la Connaissance, ni celui de l'ignorance. Elle ne peut être altérée par quoi que ce soit. Elle est sans nom et sans forme, car rien ne peut s'attacher à elle.
Elle existe sans être née
et ne peut donc pas mourir.
Elle existe, mais elle est invisible. Elle ne peut être évaluée ou quantifiée, mais cela ne signifie pas qu'elle soit le néant. Elle ne peut ni croître ni décroître, elle est non identifiable. Aucun symbole ne peut s'appliquer à elle.
Tout ce qui peut être connu est illusion
et elle ne peut pas être connue.
Le Soi suprême ne peut être détruit par quoi que ce soit, rien ne peut le faire disparaître. On ne peut ni le traverser ni le dépasser.
Il est tout pénétrant.
Il est inimaginable
et la logique échoue
à l'expliquer.
Vous êtes au-delà de tout, sans dualité, ce qui signifie : vous seul, sans second.
Le Soi est l'omnipénétrant
et pourtant il est au-delà de tout.
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(La clef de la réalisation de soi)
Les corps physique et subtil
sont comme un rêve pour
le corps supra-causal,
mais lui-même est un rêve
dans la réalité suprême
Le corps causal
Supposons que nous perdions le sens de possession du corps physique et du corps subtil et admettons que l'enveloppe appartienne à un étranger, nous ne connaissons toujours pas la réponse à la question « Qui suis-je ? » ou « Où suis-je ? ». Poursuivons donc notre recherche par l'analyse du corps causal.
Que se passe t-il ? Dès que nous y pénétrons nous nous trouvons dans l'obscurité la plus complète. Est-il possible que ce « je » réside dans ce vide ? Il semble bien que ce soit là son quartier général et il y a certainement espoir de l'y trouver. Essayons ! Le « je » semble avoir renoncé à son sens de possession car il n'y a rien que je puisse appeler « mien » dans ce lieu. Tout est absolument calme. Le « je » qui criait bruyamment : « Je, je » dans les deux autres corps (grossier et subtil) semble ici totalement silencieux. On dirait qu'il joue à cache-cache pour ne pas se faire prendre par celui qui le recherche. Il semble s'être retranché dans l'obscurité prêt à y entraîner le chercheur, pour le contraindre à abandonner sa quête. « Chers disciples, n'ayez crainte. Le maître est là près de vous pour vous guider d'un pas sûr dans l'obscurité ». Nombreux sont les érudits qui ont fait demi-tour à ce point, abandonnant ainsi leur quête, mais vous, vous n'avez rien à craindre car votre guide est un « Samartha Sadguru », c'est-à-dire un maître tout puissant, digne de confiance.
Après avoir séjourné un certain temps dans l'obscurité, vous êtes maintenant stabilisé dans cet état. Soudain vous entendez une voix s'élever doucement : « Je suis le témoin de ce vide », alors, le courage grandit soudain, tout comme l'espoir d'attraper le voleur qui est ici quelque part. Il est là tout près ou un peu plus loin mais il est là, témoin du vide. La quête consiste ici à observer avec vigilance, et nous verrons comment y parvenir dans notre prochaine étape.
Le « je » observe
depuis le Mahakarana
ou corps supra-causal,
bien au-delà du corps causal.
Cela est compris instantanément et le « je » est si heureux de se retrouver lui-même ! Qui peut décrire cette joie ? C'est dans cette félicité que le « je » clame « Pradnyananam Brahma », « Aham Brahmasmi », je suis le Brahman, l'essence de toute chose.
Le Brahman
Celui qui dit « je » est le « Brahman omniprésent » dont la nature est la conscience « je suis », il est débordant de félicité. Lorsque cette certitude s'établit, des ondes de joie déferlent, et quand cette félicité diminue, voyez le miracle qui s'est produit ! Après mûre réflexion, je comprend que je ne suis même pas de la nature de la conscience/connaissance et, tout comme l'ignorance m'enveloppe, la conscience me recouvre, non que je sois né avec l'ignorance ou la conscience. Elles sont arrivées après que le « je » devint « je » et cet ordre successif semble montrer que c'est moi qui les ai créées. Cette conscience est donc mon enfant et « je » suis son père et en tant que tel
je suis autre que cette conscience.
Parabrahman
Après ces réflexions, « Aham Brahmasmi » du corps supra-causal commença aussi à décliner et finit même par disparaître. J'étais absolument nu bien sûr. On ne peut décrire qui est ce « je », ni comment il est. Si vous voulez une description du « je » qui se trouve là, vous pouvez prononcer n'importe quel mot du dictionnaire et je dirai « Ce n'est pas ceci, ce n'est pas cela » mais c'est celui qui éclaire ceci et cela. Si vous ne comprenez pas, oubliez les mots et abîmez-vous dans le silence profond afin de trouver qui est « je suis ».
Suite ici (Parabrahman)
En détail
Le corps causal
La troisième étape est le corps causal ou vide, c'est un état de pur oubli, de la nature tamas (troisième attribut de la nature originelle : ténèbres, inertie, ignorance). Dans cet état il n'y a pas la pensée de bien-être, ni même celle des corps physique et subtil, il n'y a pas connaissance de quoi que ce soit. Tel est le corps causal, c'est un état semblable au sommeil mais qui n'est pas le sommeil. Il est important de comprendre cet état. Ceux qui ont expérimenté le principe zéro du corps causal (où il n'y a rien, là où c'est le vide), s'en retournèrent après avoir atteint ce point en disant : « il n'y a rien plus loin ». Du point de vue des philosophes occidentaux, il s'agit de l'état de « l'inconnaissable ». Cet état dépourvu de pensées, de désirs, libre du doute, est le samadhi (unité) et nirvikalpa Brahman (le Brahman sans attributs), mais lorsque ce vide est atteint le risque de s'illusionner subsiste : « aujourd'hui j'ai compris le Brahman ». L'état de vide ou de pur oubli est cet intervalle entre deux pensées, juste avant qu'une nouvelle pensée n'apparaisse, ou cet interstice entre l'état de veille et le sommeil. Cet état est appelé « ananda maya kosha » ou voile de félicité par les Écritures. Dans l'état du corps causal, la lutte, la confusion et le flux incessant des pensées ont disparu. La paix prédomine dans ce troisième corps et le disciple est dans la joie, mais l'on ne doit pas oublier qu'il ne s'agit pas de la paix ultime, de la réelle plénitude. Le corps causal est l'état naturel des dieux, des démons et des êtres humains et sa caractéristique principale est le vide, l'oubli total. Le sommeil profond n'a lieu que si l'on oublie, et si l'on dit : « J'ai dormi mais je peux me souvenir de quelque chose », cela revient à dire : « Je n'ai pas dormi », car être dans le sommeil profond signifie ne se souvenir de rien.
Dormir tout en étant en état de veille
veut dire entrer dans le corps causal,
qui est l'état naturel de l'homme.
Ne rien savoir est cet état.
Les grands érudits eux-même ne comprennent pas la nature humaine et encore moins la nature divine. Pour expliquer cet état nous allons étudier cet intervalle ou pause. S'il y a quelque chose de difficile, c'est bien de se stabiliser dans cet état de vide, d'oubli total, le disciple devra faire un grand effort pour y parvenir.
Dans l'intervalle
entre deux états,
il n'y a rien d'autre
que la conscience pure.
Dans l'état de Mouni (l'homme silencieux), le mot n'apparaît pas, et même s'il surgit c'est sans sa signification ; il ne fait que glisser. Quand le mot apparaît et qu'on l'autorise à imprimer son sens dans le cœur, le monde naît. Si on le laisse passer sans lui permettre d'imprimer son sens sur le mental, cela signifie la suppression du monde. Lorsque le mental n'est plus nourri par le mot, il ne reste que la pure énergie de la conscience et l'expérience continue de cet état est ce qu'on appelle « l'état de silence ». Le disciple qui est sur le point d'accéder à la troisième étape après avoir franchi la première et la deuxième a toujours l'impression que c'est un état de pur vide, bien qu'on lui ait dit que c'est l'état de la pure conscience. Prenant ce vide pour le Brahman, il est incapable d'en être le témoin, mais s'il se dirige vers la quatrième étape et se retourne pour voir la troisième, il ne verra rien. Il se demandera comment son maître a pu le guider vers une étape qui n'existe pas. En fait, lorsque la pure conscience est connue, il ne peut y avoir trace de ce qu'on appelle ignorance. On ne peut comprendre ce qu'est l'état d'oubli total, car là, aucune modification n'apparaît dans le mental, sauf celle de la pure conscience.
La conscience ou connaissance se présente au disciple de deux manières. La première survient lorsqu'un objet se présente à la conscience, c'est la conscience objective. Dans le deuxième cas, il ne se présente aucun objet à la conscience il s'agit alors de la pure conscience. Ce sont les deux modifications mentales qui se présentent au disciple et de son point de vue, le mot ignorance ou vide n'a pas de sens. L'oubli total ne peut exister pour lui car tout ce qui est, est conscience, qui peut être avec ou sans objet. Présenter l'état de corps causal comme étant ignorance, vide, état d'oubli total d'où on ne peut rien prendre, est le fait de la conscience pure. Pour expliquer à ses élèves qu'un point n'a ni longueur ni épaisseur, le professeur dessine avec de la craie sur le tableau un point qui a une épaisseur et une longueur. Il en est de même ici, et si l'on ne procède pas de cette façon la prochaine étape ne peut être expliquée. Peut-on procéder autrement ? Le disciple doit avoir une grande foi en son maître et accepter totalement qu'il y a un état de pur oubli, il doit poursuivre sa pratique sans relâche et apprendre à oublier toute chose. Le corps causal est la cause des deux premiers corps (grossier et subtil).
Sur une scène de théâtre, il y a un rideau sur le côté d'où les acteurs apparaissent et disparaissent. L'état naturel de l'homme est sembable à cette coulisse, c'est l'état d'oubli total, d'ignorance. La mémoire surgit de derrière le rideau puis disparaît. Lorsque nous disons avoir oublié une chose juste avant de se la rappeler, cela signifie que cette chose était dans l'état d'oubli total, puis elle émerge de ce même état. Inversement, lorsque nous disons avoir oublié quelque chose, cela veut dire que la chose qui était en mémoire a disparu dans la coulisse de l'oubli. L'apparition et la disparition de toutes les idées sont dans la matrice de ce pur oubli qui est un. Il est le champ commun à tous les êtres humains. Tous se disent ignorants à cause de cet état d'oubli, aussi s'efforcent-ils de grappiller quelques connaissances. Mais la majorité de ces infortunés se dirige vers les connaissances mondaines, ils passent ainsi à côté de la connaissance de leur vraie nature.
C'est pour cette raison que le maître dit à son disciple : « Cher disciple, tu n'es ni le corps physique ni le corps subtil, identifie-toi au corps causal ». Le disciple doit s'immerger dans cet état d'oubli. Cela signifie : « Je ne suis pas le corps physique, je ne suis pas même le corps subtil, et donc tous ces rêves et ces doutes qui naissent à son contact ne m'habitent pas, je suis pur oubli, dénué de tout concept. La naissance et la mort du corps, la misère et la tentation, le plaisir et la douleur, de même que la faim et la soif qui jaillissent de la force vitale, rien de cela ne peut m'atteindre. Les notions d'honneur et de déshonneur appartiennent au mental, la couleur de la peau au corps, je suis non-attaché. Rien ne peut s'attacher à moi, je suis pur Oubli ». Cela fermement établi dans le cœur, l'état de pur oubli, libre de tout concept et d'attachement, devient notre propre nature dépouillée de toutes les qualités des corps physique et subtil. Par cette pratique mentale le disciple franchit la troisième étape et peut alors poser le pied sur la marche suivante qui est le Mahakarana, ou corps supra-causal.
Avant d'aller plus loin, nous devons préciser que malgré ses ressemblances avec le sommeil, le corps causal diffère de celui-ci. Dans le sommeil profond, tous les sens sont au repos, l'objet des sens n'existe pas non plus. Chaque être jouit de la félicité de sa propre nature dans cet état mais ne connaît pas sa vraie nature. A son réveil, il résume son expérience par cette phrase : « J'ai dormi sereinement, je n'étais conscient de rien ». Il exprime ainsi la félicité de sa propre nature, mais aussi son ignorance à son sujet. Il révèle seulement la connaissance de son ignorance car le fait d' avoir eu l'expérience de sa propre nature ne veut pas dire qu'il la connaisse. Un pauvre, ignorant d'avoir hérité d'un trésor, continue à mendier sa subsistance car pour lui ce trésor n'existe pas. De même, chaque être humain quitte et réintègre sa propre nature, y pénètre profondément et fait l'expérience de la félicité mais il continue à l'ignorer. C'est pour cette raison que le sommeil profond ne peut être un moyen de connaissance de l'Être. Dans le sommeil profond, le disciple n'a pas la possibilité d'étudier cet état alors qu'il le peut dans l'état du corps causal. Étudier le pur oubli signifie jouir de l'état du sommeil profond tout en étant éveillé. Le maître enseigne comment y parvenir. Ce n'est qu'en prenant naissance dans son espèce que l'on peut comprendre comment le poisson peut dormir dans l'eau, ou pourquoi il n'est pas gêné par l'eau qui rentre dans ses yeux. De même comment peut-on jouir de l'état de sommeil tout en étant éveillé ? Cela ne sera compris que si l'on devient un véritable « Guru Putra » ou fils du maître.
Le corps causal n'est rien d'autre qu'un sommeil profond mais ce que nous avons décrit est le silence intérieur, créé consciemment durant l'état de veille. Il ne s'agit pas du sommeil profond qui survient inconsciemment car dans ce dernier rien ne peut être connu. Dans l'état de pur oubli qui est cultivé consciemment, la nature de l'Être est connue. C'est la différence entre le sommeil profond et le Samadhi. Bien que l'on sache que le pur oubli n'est rien d'autre que le pur oubli et que rien ne soit connu dans cet état, le fait que la connaissance (la conscience) demeure après que tout soit oublié, ne peut être compris qu'après l'étude de ce pur oubli. Cet état est absolument réel. Le sommeil profond et le pur oubli sont tous deux le résultat de Tamas Guna (oubli, ténèbres, ignorance). L'analyse du charbon et du diamant révèle qu'ils sont tous deux composés de carbone. Il s'agit en effet de deux formes différentes de carbone. Même si cela est vrai, il n'est pas nécessaire de dire qu'il y a une grande différence dans leur valeur respective. S'ils sont faits de la même matière, pourquoi le diamant brille t-il alors que le charbon est terne et noir ? Ceci est dû aux différentes proportions du même composant : le carbone. De la même manière, entre le sommeil profond et l'état d'oubli total, c'est la proportion d'ignorance qui diffère, dense dans celui-ci et faible dans celui-là. Dès que la profondeur du sommeil diminue, l'éveil survient mais l'homme qui sort d'un sommeil profond est encore dans les brumes du sommeil. Cet état est le résultat du sommeil profond devenant de plus en plus superficiel alors que l'éveil émerge. Le sommeil profond est comme un épais rideau noir qui recouvre la lumière de l'Être tandis que le corps causal ou l'état de pur oubli que nous examinons, est un voile léger et transparent. La béatitude est la même dans le sommeil profond et le corps causal mais du point de vue de la connaissance de soi le sommeil profond est aussi inutile qu'une relation sexuelle avec une femme stérile. L'étude de « ananda maya kosha », ou voile de félicité sous la forme de l'état du pur oubli, procure une joie intense, c'est un signe annonciateur de la connaissance de sa propre nature.
Nous allons maintenant étudier le corps supra-causal qui vient après l'étude du pur oubli, mais auparavant une précision s'avère nécessaire pour les disciples qui suivent la voie tracée par Bhausaheb Maharaj. A ce stade un doute peur surgir en eux, car si l'étude du corps causal signifie l'apprentissage de l'oubli de toutes choses, cela veut-il dire qu'il faille même oublier le mantra donné par le maître ? Abandonner également les formes et les couleurs visualisées dans la méditation ? En effet, même cela doit être oublié, mais le disciple devra s'assurer auparavant que toute agitation mentale a complètement cessé. En se concentrant sur la pointe du nez, les yeux mi-clos, rien ne doit apparaître mis à part les couleurs ou formes visualisées dans la méditation. Une fois complètement stabilisé dans cet état, il est vrai que même cela doit être oublié. Quand la maison est nettoyée vous ne gardez pas le balai à la main, vous devez aussi le lâcher. C'est en tant que discipline que le maître donne un mantra au disciple. Il lui donne un outil sous forme de mantra pour nettoyer les saletés que sont le doute et l'inquiétude, les rêves et concepts accumulés dans le corps et l'esprit, vie après vie. Nous voyons ainsi jusqu'où l'outil doit être conservé et quand il faut l'abandonner.
Mahakarana,
ou corps supra-causal
Voyons maintenant ce qu'est le corps mahakarana ou corps supracausal, le père des trois autres corps. Le roi Janaka (créateur/producteur) était Vidéhi, ce qui veut dire sans corps. Il avait une fille appelée Janaki (connaissance). Dans notre mythologie le roi Janaka représente
le corps supra-causal qui est un
état de conscience sans le corps
en dépit du fait que
le corps existe toujours.
Janaki, la faculté de connaître est créée. Bien qu'il soit appelé corps mahakarana, si on le compare avec les trois autres corps,
il s'agit d'un état sans corps
parce qu'il n'a pas d'attributs,
il est non conditionné.
Le corps supra-causal est la connaissance ou conscience, mais cela ne veut pas dire qu'elle est absente des trois autres corps. La conscience est la même qu'elle soit troublée ou sereine, elle est toujours pure quelle que soit sa condition, même si elle est totalement immergée dans le marais du monde objectif. La conscience est une quel que soit son état ou sa condition, mais dans les trois autres corps elle est considérée comme étant altérée ou comme conscience objective conditionnée. Le corps supra-causal est l'état de l'équanimité par rapport aux attributs (gunas), c'est l'expérience de la pure conscience. La conscience est une, dans l'équanimité ou dans la confusion, mais un être inexpérimenté qui s'identifie aux conditionnements, verra des différences et des séparations dans la conscience elle-même. La douceur d'un laddou ou d'un jilebi (sucreries indiennes) n'est due qu'au sucre, mais à cause de leur forme différente nous disons « le laddou est sucré » et « le jilebi est sucré ». Si le sucre n'est mélangé avec aucun ingrédient nous devrons tout de même dire « le sucre est sucré ». Mais si on donne un laddou à quelqu'un pour lui faire découvrir ce qu'est le sucre, il ne pourra pas connaître la vraie nature du sucre. Il ne la connaîtra que s'il goûte le sucre pur.
Dans tous les autres états
la conscience est toujours conditionnée,
elle ne peut être expérimentée
dans son état originel,
alors que la conscience
du corps supra-causal
brille dans sa pure nature.
C'est pour cette raison que le disciple doit être amené jusqu'au corps supra-causal. Une fois la pure conscience connue, même si elle est mêlée à d'autres types de consciences objectives, le disciple pourra la discerner et il ne lui viendra pas à l'esprit qu'il y a une entité appelée monde séparée de la conscience de l'Être. Alors que chaque état apparaît et disparaît, le témoin de cet état n'est jamais apparu et n'a jamais disparu. Le témoin de l'enfance, de la jeunesse et de la vieillesse du corps physique a lui-même examiné tous les rêves et doutes du corps subtil. Le même témoin a aussi vu le corps causal où il y a absence de rêves et de doutes. Celui-là, qui a été témoin de tous ces corps (ou voiles) est éveillé pour toujours.
Para-Brahman
La conscience est appelée « conscience », mais le Brahman n'a pas de nom en vérité. Dans la conscience « je suis » il y a association à la forme du monde, l'intelligence (Chitta) subit la modification, le mouvement, et la conscience aussi. La modification ou changement est un état et Para-Brahman est au-delà de tout changement.
Ainsi il y a autant de différence
entre la connaissance (jnana),
la conscience « je suis »,
et l'absolu (Para-Brahman),
qu'entre l'obscurité et la lumière.
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« La vie ici-bas doit être perçue comme un rêve issu du rêve de la pensée. La réflexion entre essentiel et non essentiel mène à cette compréhension ».
(Dasbodh, D 6, S 10, o 51)
« Celui qui est non né, qui n'a ni âge ni mort, sombra dans le sommeil ».
Le Soi a été recouvert
par l'ignorance,
et dans cette tromperie
une autre tromperie s'est glissée,
celle de l'existence du monde.
C'est un rêve dans un rêve.
« Il s'est endormi » veut dire qu'il est devenu l'ignorant qui pense : « Je suis le corps, je suis untel ». Il était omniprésent et il est devenu insignifiant, c'est alors qu'il considéra le monde comme réel. Le monde est une illusion mais il apparaît vrai à l'ignorant.
Les Bhajans de la Lignée de Shri Ramakant Maharaj
ici en pdf (en français)
CHIDANANDA (Bhajan de la Lignée)
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je ne suis pas le mental, l’intellect, l’égo ou le subconscient. Je ne suis pas les oreilles, la langue, le nez ou les yeux.
Je ne suis pas l’espace, la terre, le feu ou le vent.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je ne suis pas la force de respirer, les sept éléments vitaux du corps, ni les cinq couvertures.
Je ne suis pas la parole, les mains, les pieds, ni le rectum.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je ne suis pas l’envie, la cupidité, ni le désir, ni l’attirance.
Je ne suis pas l’arrogance, ni la fierté, ni la jalousie, ni la religion, ni la fortune, ni les dépenses pour l’humanité, ni la libération.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je ne suis pas la vertu, le péché, la joie et la tristesse. Je ne suis pas le Mantra, le pèlerinage, les Écritures, les offrandes ou le feu rituel.
Je ne suis pas la nourriture, l’action de manger et ce qui est mangé.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je ne suis pas la mort, le doute, ni la discrimination de castes. Je ne suis pas le père, la mère, donc pas de naissance.
Je ne suis pas le frère, ni l’ami, ni le Gourou, ni l’aspirant.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis au-delà des concepts, sans changement, au-delà de la forme.
Je suis tout étendu dans tous les sens. Je vois l’égalité dans chacun. Je ne suis ni libéré, ni lié.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
C’est complet et parfait. C’est complet et parfait.
Du complet et parfait, le complet et parfait devient manifesté.
Si le complet et parfait sort du complet et parfait, même alors le complet et parfait restera toujours.
L’UN, qui avec compréhension, savoure le monde.
(ARATI)
J’ai reçu une grande fortune qui m’a poussé hors des affaires du monde.
J’ai rencontré mon Sadgourou et je fais ce qu’Il me demande.
Il m’a mis dans la bonne direction, vers l’intérieur où est le Soi.
Après la traversée des attributs, vous atteindrez Pandhari, où Vithoba réside.
Comment décrire ce bonheur ? Quand l’égo s’en va le bonheur demeure.
Par la lumière de la compréhension qu’Il m’a donnée, mon égo est complètement détruit.
Je vais vers le Soi. Le corps reste mais je ne m’occupe plus de lui.
Le mental devient pas de mental, aucune trace de lien demeure.
Fusionné dans le Soi, j’ai oublié pourquoi je suis venu ici ! Les mots sont sans signification.
Je suis devenu l’UN, je vois seulement Moi-même partout.
Les Trois attributs sont brûlés, je les ai transcendés.
L’Indestructible, l’Eternel est merveilleux. La lumière de l’Illumination de Soi ne diminue jamais.
Le nom et la forme créent la dualité, mais IL est Un, partout.
Namdev : « Si ce que je dis n’est pas la vérité, je couperai ma tête ! ». (Mais personne ne peut couper Cela !!)
L’univers entier et son créateur sont contenus dans une graine de sésame.
Tout vient de zéro, retourne à zéro et n’a aucun volume. Tout est rien.
Le propriétaire de l’univers entier demeure à l’intérieur d’une petite maison graine de sésame.
La plus petite graine contient tous les trois mondes.
Cependant rien n’est plus grand que Moi-même, qui n’ai aucun volume.
Le propriétaire de Cela va et vient.
De rien vient toutes les choses, même les Dieux.
Rien est très puissant. Rien ne peut arriver.
Oubliez la connaissance et l’ignorance et vous êtes LUI.
Quand quelque chose est là, vous ne pouvez rien faire de plus ou de moins.
Tuka dit, dans une petite graine ou une petite goutte se trouve l’ensemble de la création transitoire.
5. Je suis la joie originelle
Partout la béatitude ! À l’intérieur et à l’extérieur !
Joie ! Joie ! Rien n’est là excepté Moi-même. Je suis la Joie Originelle !
IL est partout et Cela est la joie !
À l’intérieur et à l’extérieur, tout est joie, au-delà de la connaissance.