Yoga Vasistha : La destruction du mental
Source : Le Yoga Vasistha - traduit par Swami Venkatesananda - Éditions InnerQuest - Paris
En vérité, votre état est la Félicité Absolue, pas cet état du monde du phénomène. Dans l'état du non-phénomène vous êtes félicité totale, mais vous n'en pouvez faire l'expérience. Dans cet état il n'y a ni misère ni malheur, seulement une pure félicité.
Quand la conscience est sans forme et ne se connaissant pas elle-même, elle est l'Absolu.
Nous sommes uniquement cette conscience. L'éternel est pour toujours, un état de non-expérience.
L'univers est contenu dans la conscience, et le corps physique lui aussi n'est qu'une apparition dans la conscience, perçue et reconnue par la conscience.
Ce qui EST, c'est cette conscience, en dehors de quoi rien ne peut exister.
Shri Nisargadatta Maharaj
Au niveau ultime la Présence est dissoute. Vous ne serez pas conscient quand la Présence devient Omniprésence.
Tout est Un. Il n'y a pas d'individualité.
Cette Présence spontanée, cette Présence invisible, est inconsciente de sa propre identité parce qu'elle est vaste, toute puissante, omniprésente, juste comme le ciel.
Shri Ramakant Maharaj
Si vous comprenez que ce corps n'existe pas, vous êtes libéré du tourment de la mort. Vous êtes en tout et en tout lieu car vous êtes la source de toute chose.
Comment pourriez-vous mourir ?
Comprenez que tout est Un, et tout se termine alors.
Ranjit Maharaj
Le Je suprême, non-manifesté, ne possède aucun savoir, il ne se connaît pas, il est totale êtreté. Cette êtreté est reflétée par la conscience, cette conscience a surgi du non-manifesté, sans cause, en créant le temps, l'espace et la matière, elle ne peut exister en l'absence du corps. Elle est la Conscience, il n'y en a qu'Une. Tout ce qui existe est je, tout ce qui existe est moi, mais le Je percevant cela s'est limité en s'identifiant à son support et a perdu cette compréhension. Pourtant, ce manifesté est identique au non-manifesté, à cette présence Absolue. Il n'y a pas de différence entre le Je non-manifesté et le monde. C'est pour cela que vous n'avez besoin d'aucun changement ni d'aucun appui, vous êtes cela. Il faut que votre esprit soit complètement au repos, alors il se dissoudra et il ne subsistera que la réalité.
S'immerger dans cette connaissance « je suis » est Bhagwan, splendeur. C'est une illumination éclairant comme la foudre. Vous êtes seulement lumière et de cette révélation le monde surgit. Ayant atteint ce stade, vous êtes le pur joyau du diadème, le diamant au sommet de la couronne. Mais ayant assimilé, pleinement éveillé, ce qu'est le monde, ce qu'est cette conscience, vous souhaitez vous en débarrasser. Vous découvrez que cette splendeur est le siège de toutes les erreurs, de tous les mensonges. Quand vous l'avez totalement compris, vous transcendez cet état. Ce n'est plus rien, c'est comme du mucus dans la gorge qui vous gêne, vous le crachez.
Shri Nisargadatta Maharaj
Le Soi suprême est votre état naturel, il est au-delà du divin car il est la réalité finale, Il est la vérité éternelle présente dans les quatre états de veille, de rêve, de sommeil profond et de la conscience pure (turya). Si vous essayez de le connaître, il vous apparaîtra comme le néant car il ne peut pas être perçu. Il est là quand tous les concepts prennent fin mais il est quand même présent quand les concepts sont là ! Le mouvement subtil qui est ressenti dans le Soi immuable est appelé « conscience » ou « je suis ». Ce mouvement dans le Soi caractérise l'illusion. Le Soi est affublé de noms tantôt masculins, tantôt féminins et tantôt neutres, mais tous ces noms ne sont que des indications car il ne peut pas être perçu.
L'expérience « je suis » est Existence, Conscience et Félicité (Sat-Chit-Ananda). On lui donne aussi d'autres noms comme connaissance, Dieu ou Soi, etc. Mais ce qui existe éternellement, sans expression ou manifestation, est le Soi suprême (Para-brahman). Om, le son primordial, est aussi le « je suis », il est à la source des mantras. Ainsi le « je suis » est l'illusion primordiale.
Sri Siddharameshwar Maharaj
Lorsque vous n'aviez pas l'expérience du corps vous étiez dans un état de béatitude.
Cet état précédant votre naissance ne peut être qualifié de sommeil profond, il est au-delà.
L'expérience du Jnani est celle de l'état précédant la naissance, c'est un état complet.
Shri Nisargadatta Maharaj
RAMA demanda :
Seigneur, comment se fait-il que l'on n'observe pas souvent des pouvoirs tels que celui de la lévitation chez les sages parvenus à la libération ?
VASISTHA répondit :
Un homme ignorant du Soi et qui n'est pas libéré peut, au bout d'un certain temps, acquérir des pouvoirs tels que celui de la lévitation à l'aide de certains charmes, mantras, de certaines substances et de pratiques. L'homme de la connaissance de soi ne leur prête aucune attention, il s'intéresse à la connaissance de soi. Son cœur ne se préoccupe d'aucun phénomène extérieur, mais repose satisfait dans le Soi. Libre de tout désir, il ne recherche ni ne souhaite aucun accomplissement. Tout ce qui existe en ce monde est pollué par l'ignorance ; alors comment un homme qui recherche la libération s'efforce-t-il de l'obtenir ? Bien sûr, si un sage de la connaissance de soi nourrit par hasard le souhait d'acquérir pareils pouvoirs, il les obtient avec les moyens appropriés. Les substances, charmes et autres pratiques ainsi que l'énergie latente dans le temps dont il a été question plus haut sont capables de donner des pouvoirs surnaturels, pas la connaissance de soi. Mais un être parvenu à la connaissance de soi ne les désire pas. C'est seulement quand le tissu des désirs a été détruit que la connaissance de soi voit le jour.
RAMA demanda :
Seigneur, comment certains parviennent-ils à vivre très âgés ?
VASISTHA répondit :
La vie décline du fait du mouvement du prana ou force vitale. Si l'on parvient à arrêter le mouvement du prana, on obtient la longévité. Qui est capable de bannir le mouvement de la pensée ou le mouvement du prana est aussi capable de bannir la décrépitude et la mort dans une large mesure. Alors les essences vitales n'abandonnent plus le corps. Capables de trancher les liens subtils qui attachent leur corps à la roue du temps, ces yogis qui connaissant la vérité ignorent les désirs, possèdent une grande connaissance et vivent en sages libérés.
RAMA dit :
Quand point la connaissance de soi, l'activité du mental décroît : dans le cas des yogis, où se trouvent des qualités comme l'amitié ?
VASISTHA répondit :
La destruction du mental est de deux types :
la destruction de sa forme et
la destruction de sa substance ou essence.
La première aboutit à jivanmukti et
la deuxième est la nature de la libération désincarnée.
L'activité du mental est source de souffrance,
et sa cessation apporte le bonheur suprême.
La destruction de la forme du mental
Efforce-toi donc de parvenir à la destruction du mental. L'ignorant se trouve pris dans le filet de sa propre possessivité (« c'est à moi ») et il est très malheureux. Ce mental, qui est ligoté au sentiment de l'ego et aux notions de plaisir et de douleur, est le germe de ce samsara ou illusion-monde. Le mental d'un héros n'est pas plus dévié de sa parfaite équanimité par le plaisir ou la douleur, quels qu'ils soient, qu'une grande montagne n'est emportée par l'haleine d'un homme qui souffle dessus : ce mental-là est considéré comme mort. Un tel mental est totalement inaffecté par les plus grands bonheurs comme par la pire calamité. La destruction de l'ignorance ou de la bêtise est la destruction du mental. Il y a alors apparition de sattva, en même temps que de nobles qualités comme l'amitié. Tel est le mental du sage qui vit « la libération dans un corps », et il ne connaîtra plus de naissance. C'est la destruction de la forme du mental.
La destruction de l'essence même du mental
La destruction de l'essence même du mental est quelque chose qui n'existe que dans la libération désincarnée (après la mort) ou chez ceux qui ont complètement transcendé la conscience du corps (tout en vivant), une fois que cesse également le mental qui est pur et a généré de nobles qualités. Pareil état ne peut être décrit. Il ne comporte pas de caractéristiques, et ce n'est pas non plus un état de non-caractéristiques. En lui rien ne se lève ni ne se couche, ne s'y trouvent ni lumière ni ténèbres, ni existence ni non-existence, ni rien d'intermédiaire. Ceux qui ont tout transcendé (tout en restant vivant dans un corps) reposent dans cet état-là en leurs corps spirituels extrêmement subtils, libérés de toute souffrance, ignorance et inertie, et remplis d'une félicité infinie.
RAMA demanda :
Seigneur, quel est le germe de cette illusion du monde ?
VASISTHA répondit :
La source de ce samsara ou apparence du monde est le corps, ô Rama, qui recèle les germes des expériences de plaisir et de douleur, etc. L'origine de ce corps est le mental qui est dominé par des espoirs et des désirs et qui contient en lui les précieux joyaux de la souffrance et les fruits du passé. Les corps (et donc ce samsara) voient le jour du fait du mental, tout comme un rêve apparaît chez le rêveur. Deux germes produisent le mental : un, le mouvement du prana ou force vitale, et deux, le conditionnement mental dont les racines sont profondes. Quand la force vitale se déplace dans les canaux subtils de la force psychique, alors conscience (duelle) et expérience voient le jour, et l'activité mentale commence.
Bien que cette Conscience existe partout,
elle est activée par le mouvement de la force vitale.
C'est l'extension de l'expérience qui conduit à d'innombrables expériences et à une grande souffrance.
Si cette Conscience repose en elle-même
comme endormie, on accède à l'état suprême.
Par conséquent, si tu maîtrises le mouvement du prana et empêches l'expansion du champ de l'expérience objectivée qui résulte du mouvement du conditionnement mental, tu dépasseras le samsara. Les yogis pratiquent pranayama afin de parvenir à la paix du mental. Pranayama confère paix du mental, suprême équanimité, bonheur ou félicité, et saine expérience ou lucidité. Voici comment le mental se lève de la graine de la vasana ou conditionnement mental, dans laquelle on perçoit un objet sur la base de sa propre conviction, sans aucunement s'interroger quant à sa nature. C'est la fermeté de la notion, quand celle-ci est entretenue dans la Conscience avec la plus grande intensité, qui lui confère sa réalité. C'est ainsi que la personne y voit la réalité et est induite en erreur. L'homme abandonne sa propre nature inconditionnée, il devient le jouet de l'illusion, sa vision est pervertie. On appelle mental ce en quoi la vision perverse crée une confusion entre ce qui est et ce qui paraît être. Quand ainsi une telle vision perverse s'implante solidement, le mental agité voit le jour, apportant avec lui le cycle de la naissance et de la mort. Toutefois, quand on renonce à toutes les notions de « c'est désirable » et « c'est indésirable », le mental n'apparaît pas. En l'absence de conditionnement mental, la Conscience fonctionne de manière inconditionnée. C'est un état de quiétude suprême. Le mental ne se lève pas dans ce cœur pur qui ne nourrit pas de notions d'objets du monde. Seule la vasana est la forme du mental, ô Rama, et c'est l'état du mental quand celui-ci pense aux objets en raison de son goût pour de tels objets. Quand cesse ce goût et que le cœur est aussi propre et clair que le ciel, le mental ne prend pas naissance.
On appelle non-mental ce en quoi il n'y a pas de notions
et seulement conscience de la Pure Conscience,
(Turiya, Sat-Chit-Ananda, Connaissance)
qui perçoit ce-qui-est en tant que ce-qui-est, non pas selon un concept ou conditionnement mental préexistant, même en la présence de pensées et d'idées dans un tel mental. Le sage de « la libération dans un corps » vit et fonctionne comme une roue qui tourne avec le momentum du passé. Dans son cas, le conditionnement mental est comme une graine brûlée, une forme sans contenu. Alors le mental devient pur. En réalité, c'est un non-mental, et, une fois que le corps cesse, il devient totalement inconditionné et illimité. Des deux germes du mental (mouvement de la force vitale et conditionnement mental), même si un seul est détruit les deux le sont forcément car ils dépendent l'un de l'autre. Tous les deux naissent des objets du monde qui sont par conséquent le germe à la fois du prana et des vasanas. Quand est abandonnée la notion d'objet du monde, le mouvement du prana et de la vasana sont tous deux détruits à la racine. Seule la conscience (duelle) est le germe des objets de l'expérience. Sans conscience (duelle), aucun objet d'expérience ne peut jamais voir le jour.
Il n'est rien dedans ou dehors,
appelé objet de la Conscience,
qui soit distinct de celle-ci.
Une notion ou un mouvement dans la Conscience
elle-même s'appelle objet de cette Conscience même.
Tout comme on rêve à sa propre mort ou à un voyage qu'on fait à l'étranger, de même la Conscience se considère elle-même comme son propre objet. Ce n'est que tant qu'on ne comprend pas cela que l'objet semble doté de sa propre réalité, ce qui constitue le samsara. La suppression de cette méprise est libération. Le contact avec les « objets » et l'expérience qu'on en fait est souffrance : le non-contact, tout en demeurant pleinement conscient et actif, favorise le bonheur. Ce qui demeure, en l'absence d'expérience d'objets et de l'inertie, est soi-même. En mouvement perpétuel et donc fixé à aucun endroit particulier, ce jiva ne fait l'expérience de rien, il est donc non-expérimentateur et aussi non-inerte. Quand la conscience de l'homme ne se fixe sur rien, il ne fait l'expérience de rien et n'est pas inerte, bien qu'il fasse beaucoup de choses.
La Pure Conscience à l'intérieur du cœur
n'est pas corrompue par l'objet de l'expérience ;
par conséquent est libéré celui qui, en son for intérieur, est libre de tout contact. Quand un homme qui a supprimé le conditionnement mental ne nourrit pas de pensées d'objets mais demeure établi dans la Conscience Pure, bien qu'extérieurement actif comme un enfant idiot, il est débarrassé de la tristesse et de l'expérience en tant qu'objet. Bien qu'engagé dans l'action, il n'est pas pollué. Il est félicité.
La Réalité est le germe de la conscience (duelle).
Car, semblable aux rayons d'une lampe,
la conscience (duelle) apparaît dans la
Pure Existence (Pure Conscience).
Cette Pure Conscience possède,
pour ainsi dire, deux « formes » :
l'une est la diversité et l'autre l'unité.
Les divers objets vus ici sont tous diverses apparences de l'unique unité indivisible. Mais une fois cette diversité abandonnée par la Conscience, elle repose dans l'unité. Abandonne donc toutes ces apparentes divisions de la Pure Conscience en temps, aspects différents et substances diverses, et consacre-toi à la seule Pure Conscience unique. Bien que le facteur temps et la propre existence de l'homme puissent être axés sur la liberté et donc sembler représenter des catégories désirables, ils ne sont pourtant pas réels. Toutes les divisions de ce genre créent conflit et confusion dans la vision de l'homme. Dans ce cas, comment peut-on les considérer comme favorables et désirables ? Par conséquent,
ne contemple que la seule Pure Conscience et unique ;
ton être tout entier serra comblé de joie.
Ce n'est qu'une infime particule
de cette Pure Conscience
qui est apparemment devenue le
germe de cette apparence-monde ;
tout s'est développé à partir de ça.
Toutefois, si on abandonne la notion
de cette apparence du monde,
ce germe est détruit.
Qui a atteint l'état de Pur Être (Pure Conscience, Svarupa, non-attention) ne connaît plus la souffrance. C'est la cause de tout, mais il n'a lui-même aucune cause. C'est l'essence de tout ; en dehors de cela, il n'y a pas du tout d'essence. En cela tout se reflète, tout comme les objets se reflètent dans un miroir. Cet état est le Pur État. En lui le mental parvient à la paix suprême. Accède à cet état et sois libre de la peur.
RÀMA demanda :
Comment parvient-on rapidement à cet état ?
VASISTHA répondit :
Chacun des germes que j'ai décrits doit être traité comme il convient afin de ne pas se développer. Si, par un puissant effort, tu abandonnes tout le conditionnement mental tout en demeurant dans la Pure Conscience ne serait-ce pour ainsi dire qu'un instant, tu demeureras établi dans cet état. Même en t'efforçant de demeurer dans l'état d'Être Pur (non-expérience ou Pure Conscience), tu parviendras à cet état. Semblablement, si tu demeures dans l'état de la Connaissance (« suis Pure Conscience », Sat-Chit-Ananda), tu accéderas à l'état suprême, mais au prix d'un peu plus d'efforts. Cependant, la contemplation ou la méditation ne doit pas se fonder sur des objets de conscience ; il est plus difficile d'éradiquer le conditionnement mental par ce moyen (dualité) que de déraciner une montagne. Tant que le mental ne connaît pas la quiétude, le conditionnement n'est pas vaincu ; et tant que le conditionnement n'est pas vaincu, il n'y a pas de méditation. Si le conditionnement est abandonné, tous les troubles mentaux et physiques cessent. Tant que le mental n'est pas apaisé, le conditionnement perdure ; il faut que le conditionnement cesse pour que le mental soit apaisé. De même, Connaissance de la vérité et quiétude du mental sont interdépendantes ; la cessation du conditionnement mental et la réalisation de la vérité le sont pareillement. Ces trois-là (Connaissance de la vérité, quiétude du mental et éradication du conditionnement mental) sont difficiles à obtenir. Il convient donc d'abandonner résolument la quête du plaisir par un puissant travail sur soi doublé d'une compréhension juste, et ainsi les accomplir toutes trois. Si les trois ne sont pas accomplies simultanément, la vérité n'est pas réalisée, même en un siècle. Elles doivent être pratiquées simultanément, pas l'une après l'autre. En les pratiquant simultanément pendant un certain temps, les nœuds de l'ignorance sont bel et bien déchirés. Cette illusion monde dans laquelle on se complaît depuis tant de vies ne disparaît qu'au prix d'efforts constants sur une longue durée. La maîtrise du prana ou force vitale a la même valeur que la destruction des vasanas ou conditionnement : voilà pourquoi l'homme sage se doit aussi de pratiquer pranayama. Ces deux pratiques conduisent à la transmutation du mental en non-mental. Le prana est contrôlé au moyen de pranayama, de la pratique d'asanas du yoga, d'une alimentation disciplinée et d'autres méthodes.
Si l'on travaille sans attachement et sans pensées pour l'avenir, et si l'on a constamment présent à l'esprit que la vie du corps est courte, le conditionnement mental ne voit pas le jour. Alors le mental n'est pas activé. Le contrôle du prana est aussi contrôle du mental, et par conséquent un être intelligent se doit de pratiquer pranayama. Il est impossible de maîtriser le mental sans adopter des méthodes intelligentes. L'étude de livres sacrés traitant de la connaissance de soi, la compagnie des saints, l'abandon du conditionnement mental et également le contrôle du prana : ce sont les méthodes pour le contrôle du mental. Seuls les ignorants ont recours à des pratiques violentes (hatha) et négligent ces moyens intelligents de contrôler le mental. Les ignorants sont faibles et ne possèdent pas une foi suffisante, même pour approfondir la vérité. Ils gaspillent leur temps dans d'inutiles quêtes conventionnelles comme les rites religieux, les austérités, la charité, les pèlerinages, etc. Renonce à tout ça, ô Rama, et aie recours à la pure intelligence. Demeure libre de l'attirance et de la répulsion en supprimant de ton cœur la notion de l'existence des objets de l'expérience.
Repose en ton cœur dans
l'immuable Conscience indivisible.
Mène une vie active, libre de la notion irréelle « je suis celui qui fait ». Qui entreprend l'investigation quant à la nature de la vérité, récolte les fruits de sa naissance. Une pensée qui lève dans le cœur se multiplie bien vite et en donne un millier, mais l'homme solidement établi dans l'approfondissement de soi-même n'est nullement ébranlé, même par de violents dérangements. Qui ne s'interroge jamais quant à sa vraie nature est un cadavre ambulant, quand bien même il marche, mange et s'occupe à diverses activités. Seul ou en sainte compagnie, il convient de se demander : « Qu'est-ce que ce monde ? Qui suis-je ? » Pareille interrogation est l'essence de la science de la connaissance de soi et la réponse se trouve dans la question elle-même. Qui entreprend l'investigation sur le Soi est courageux, car il sait que
l'infinie Conscience est pure et
qu'elle est l'unique vérité.
Il considère son bienfaiteur et son assassin éventuel avec un amour égal. Les hommes sages empêchent leurs sens d'appréhender l'apparence irréelle du monde tandis que les ignorants, incapables de reposer dans le Soi, sont victimes de leurs propres sens. Le contact est la cause de tous les objets, du samsara (l'apparence du monde), des espoirs et des désirs, et donc de la souffrance. L'abandon du contact est libération. Par conséquent, évite le contact avec l'apparence du monde et sois libre. Le « contact » (sanga) est le conditionnement mental pollué, dans lequel goûts et dégoûts lèvent dans le mental envers les objets du monde. Une fois abandonnées ces propensions à aimer et à détester, le cœur est purifié et on se libère. L'homme n'est plus affecté par la douleur et le plaisir, la bonne fortune ou le malheur.
Le monde entier a jailli du Sat-Chit-Ananda, on l'appelle la racine du monde. C'est la félicité. Mais le Sat-Chit-Ananda n'est pas vrai, c'est un concept. Il est votre êtreté : « je suis, je suis connaissance, je suis félicité. » Tout cela est l'œuvre du mental et il doit être transcendé car il vous donnera toujours une fausse compréhension. Si la réalité n'était pas, rien ne pourrait apparaître. L'écran, la réalité, est là, c'est pourquoi les images peuvent se former, mais l'écran n'a ni amour ni indifférence. N'aimez personne et ne détestez personne, c'est le mental qui fait ces discriminations, l'écran n'en fait pas. Les cinq doigts sont différents, mais vous savez que c'est votre main ; c'est cela l'Unité.
Si vous comprenez que vous n'êtes pas le corps, votre conscience devient universelle. Toute limitation disparaît. Vous devenez la conscience-connaissance universelle. Malgré tout cette connaissance est aussi illusion, ignorance finalement. En effet, la source de la conscience-connaissance elle-même, a pour origine l'oubli ou l'ignorance de la réalité. Vous devenez donc la création toute entière, la conscience-connaissance du monde, mais c'est encore l'illusion. Cet ego qui devient la conscience universelle est, en fait, le pire des ego : « je suis le créateur du monde, je suis omnipotent, etc. » Mais vous êtes le créateur de plus d'illusion, de plus d'ignorance, alors quelle en est l'utilité ? Cette compréhension que la conscience universelle est toujours l'ego doit mûrir, pour se dissoudre dans la réalité. Dans la réalité finale, il n'y a ni conscience, ni ignorance et c'est ce que vous êtes, c'est votre véritable nature.
C'est à partir de l'ignorance que la connaissance est apparue et vous voyez l'illusion entière se dérouler. L'ignorance s'est surimposée à la réalité, de cette ignorance un concept a surgi, la connaissance et sur ce concept le monde est créé. Concept veut dire connaissance. Tout le monde fonctionne avec la connaissance, c'est par elle que vous créez et agissez. Prendre naissance est un concept et s'ensuivra son cortège de douleurs toute votre vie durant. La vie est un concept, rien d'autre. Quand elle prend fin, le concept disparaît et tout se termine alors.
Ranjit Maharaj
![](absolu-shankara.jpg)
![](illusion-manifeste.jpg)
Les Bhajans de la Lignée de Shri Ramakant Maharaj
ici en pdf (en français)
CHIDANANDA (Bhajan de la Lignée)
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je ne suis pas le mental, l’intellect, l’égo ou le subconscient. Je ne suis pas les oreilles, la langue, le nez ou les yeux.
Je ne suis pas l’espace, la terre, le feu ou le vent.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je ne suis pas la force de respirer, les sept éléments vitaux du corps, ni les cinq couvertures.
Je ne suis pas la parole, les mains, les pieds, ni le rectum.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je ne suis pas l’envie, la cupidité, ni le désir, ni l’attirance.
Je ne suis pas l’arrogance, ni la fierté, ni la jalousie, ni la religion, ni la fortune, ni les dépenses pour l’humanité, ni la libération.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je ne suis pas la vertu, le péché, la joie et la tristesse. Je ne suis pas le Mantra, le pèlerinage, les Écritures, les offrandes ou le feu rituel.
Je ne suis pas la nourriture, l’action de manger et ce qui est mangé.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je ne suis pas la mort, le doute, ni la discrimination de castes. Je ne suis pas le père, la mère, donc pas de naissance.
Je ne suis pas le frère, ni l’ami, ni le Gourou, ni l’aspirant.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis au-delà des concepts, sans changement, au-delà de la forme.
Je suis tout étendu dans tous les sens. Je vois l’égalité dans chacun. Je ne suis ni libéré, ni lié.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
C’est complet et parfait. C’est complet et parfait.
Du complet et parfait, le complet et parfait devient manifesté.
Si le complet et parfait sort du complet et parfait, même alors le complet et parfait restera toujours.
L’UN, qui avec compréhension, savoure le monde.
(ARATI)
J’ai reçu une grande fortune qui m’a poussé hors des affaires du monde.
J’ai rencontré mon Sadgourou et je fais ce qu’Il me demande.
Il m’a mis dans la bonne direction, vers l’intérieur où est le Soi.
Après la traversée des attributs, vous atteindrez Pandhari, où Vithoba réside.
Comment décrire ce bonheur ? Quand l’égo s’en va le bonheur demeure.
Par la lumière de la compréhension qu’Il m’a donnée, mon égo est complètement détruit.
Je vais vers le Soi. Le corps reste mais je ne m’occupe plus de lui.
Le mental devient pas de mental, aucune trace de lien demeure.
Fusionné dans le Soi, j’ai oublié pourquoi je suis venu ici ! Les mots sont sans signification.
Je suis devenu l’UN, je vois seulement Moi-même partout.
Les Trois attributs sont brûlés, je les ai transcendés.
L’Indestructible, l’Eternel est merveilleux. La lumière de l’Illumination de Soi ne diminue jamais.
Le nom et la forme créent la dualité, mais IL est Un, partout.
Namdev : « Si ce que je dis n’est pas la vérité, je couperai ma tête ! ». (Mais personne ne peut couper Cela !!)
L’univers entier et son créateur sont contenus dans une graine de sésame.
Tout vient de zéro, retourne à zéro et n’a aucun volume. Tout est rien.
Le propriétaire de l’univers entier demeure à l’intérieur d’une petite maison graine de sésame.
La plus petite graine contient tous les trois mondes.
Cependant rien n’est plus grand que Moi-même, qui n’ai aucun volume.
Le propriétaire de Cela va et vient.
De rien vient toutes les choses, même les Dieux.
Rien est très puissant. Rien ne peut arriver.
Oubliez la connaissance et l’ignorance et vous êtes LUI.
Quand quelque chose est là, vous ne pouvez rien faire de plus ou de moins.
Tuka dit, dans une petite graine ou une petite goutte se trouve l’ensemble de la création transitoire.
5. Je suis la joie originelle
Partout la béatitude ! À l’intérieur et à l’extérieur !
Joie ! Joie ! Rien n’est là excepté Moi-même. Je suis la Joie Originelle !
IL est partout et Cela est la joie !
À l’intérieur et à l’extérieur, tout est joie, au-delà de la connaissance.