Yoga Vasistha : Le germe de cette apparence du monde est l'ignorance

Source : Le Yoga Vasistha - traduit par Swami Venkatesananda - Éditions InnerQuest - Paris



En vérité, votre état est la Félicité Absolue, pas cet état du monde du phénomène. Dans l'état du non-phénomène vous êtes félicité totale, mais vous n'en pouvez faire l'expérience. Dans cet état il n'y a ni misère ni malheur, seulement une pure félicité.
Quand la conscience est sans forme et ne se connaissant pas elle-même, elle est l'Absolu. Nous sommes uniquement cette conscience. L'éternel est pour toujours, un état de non-expérience.
L'univers est contenu dans la conscience, et le corps physique lui aussi n'est qu'une apparition dans la conscience, perçue et reconnue par la conscience.
Ce qui EST, c'est cette conscience, en dehors de quoi rien ne peut exister.
Shri Nisargadatta Maharaj
Au niveau ultime la Présence est dissoute. Vous ne serez pas conscient quand la Présence devient Omniprésence.
Tout est Un. Il n'y a pas d'individualité.
Cette Présence spontanée, cette Présence invisible, est inconsciente de sa propre identité parce qu'elle est vaste, toute puissante, omniprésente, juste comme le ciel.
Shri Ramakant Maharaj

Si vous comprenez que ce corps n'existe pas, vous êtes libéré du tourment de la mort. Vous êtes en tout et en tout lieu car vous êtes la source de toute chose. Comment pourriez-vous mourir ?
Comprenez que tout est Un, et tout se termine alors.
Ranjit Maharaj

Le Je suprême, non-manifesté, ne possède aucun savoir, il ne se connaît pas, il est totale êtreté. Cette êtreté est reflétée par la conscience, cette conscience a surgi du non-manifesté, sans cause, en créant le temps, l'espace et la matière, elle ne peut exister en l'absence du corps. Elle est la Conscience, il n'y en a qu'Une. Tout ce qui existe est je, tout ce qui existe est moi, mais le Je percevant cela s'est limité en s'identifiant à son support et a perdu cette compréhension. Pourtant, ce manifesté est identique au non-manifesté, à cette présence Absolue. Il n'y a pas de différence entre le Je non-manifesté et le monde. C'est pour cela que vous n'avez besoin d'aucun changement ni d'aucun appui, vous êtes cela. Il faut que votre esprit soit complètement au repos, alors il se dissoudra et il ne subsistera que la réalité.
S'immerger dans cette connaissance « je suis » est Bhagwan, splendeur. C'est une illumination éclairant comme la foudre. Vous êtes seulement lumière et de cette révélation le monde surgit. Ayant atteint ce stade, vous êtes le pur joyau du diadème, le diamant au sommet de la couronne. Mais ayant assimilé, pleinement éveillé, ce qu'est le monde, ce qu'est cette conscience, vous souhaitez vous en débarrasser. Vous découvrez que cette splendeur est le siège de toutes les erreurs, de tous les mensonges. Quand vous l'avez totalement compris, vous transcendez cet état. Ce n'est plus rien, c'est comme du mucus dans la gorge qui vous gêne, vous le crachez.

Shri Nisargadatta Maharaj

Le Soi suprême est votre état naturel, il est au-delà du divin car il est la réalité finale, Il est la vérité éternelle présente dans les quatre états de veille, de rêve, de sommeil profond et de la conscience pure (turya). Si vous essayez de le connaître, il vous apparaîtra comme le néant car il ne peut pas être perçu. Il est là quand tous les concepts prennent fin mais il est quand même présent quand les concepts sont là ! Le mouvement subtil qui est ressenti dans le Soi immuable est appelé « conscience » ou « je suis ». Ce mouvement dans le Soi caractérise l'illusion. Le Soi est affublé de noms tantôt masculins, tantôt féminins et tantôt neutres, mais tous ces noms ne sont que des indications car il ne peut pas être perçu.
L'expérience « je suis » est Existence, Conscience et Félicité (Sat-Chit-Ananda). On lui donne aussi d'autres noms comme connaissance, Dieu ou Soi, etc. Mais ce qui existe éternellement, sans expression ou manifestation, est le Soi suprême (Para-brahman). Om, le son primordial, est aussi le « je suis », il est à la source des mantras. Ainsi le « je suis » est l'illusion primordiale.

Sri Siddharameshwar Maharaj

Lorsque vous n'aviez pas l'expérience du corps vous étiez dans un état de béatitude. Cet état précédant votre naissance ne peut être qualifié de sommeil profond, il est au-delà. L'expérience du Jnani est celle de l'état précédant la naissance, c'est un état complet.
Shri Nisargadatta Maharaj




Le mental est le monde entier, le mental est l'atmosphère, le mental est le ciel, le mental est la terre, le mental est le vent, et le mental est grand. Seul l'homme dont le mental est insensé est appelé un imbécile : lorsque le corps perd son intelligence (par exemple, dans la mort), on ne dit pas que le cadavre est insensé ! Le mental voit : les yeux sont formés. Le mental entend : les oreilles sont créées. Il en est ainsi des autres sens : c'est le mental qui les crée. Le mental décrète ce qui est sucré et ce qui est amer, qui est ami et qui est ennemi. Le mental décide de la durée du temps : le roi Lavana a eu, en moins d'une heure, l'impression de vivre une existence entière. Le mental décide ce qu'est le paradis et ce qu'est l'enfer. Il en résulte que si ce mental est dompté, tout est maîtrisé, y compris les sens.

VASISTHA poursuivit : Quoi de plus mystérieux, Rama, que
cette capacité du mental à voiler
la Conscience omniprésente,
pure, éternelle et infinie,
et à te pousser à la confondre avec ce corps physique inerte ? Le mental lui-même apparaît en tant que vent dans l'air mouvant, éclat dans l'éclatant, solidité dans la terre et vide dans l'espace. Si « 1'esprit », le mental est ailleurs, le goût de la nourriture absorbée n'est pas vraiment apprécié. Si le mental est ailleurs, l'homme ne voit pas ce qu'il a sous les yeux. Les sens sont nés du mental, mais l'inverse n'est pas vrai. Seuls les insensés estiment que corps et mental sont tout à fait différents. Ils ne le sont nullement car ils ne sont que mental et rien d'autre. Que soient salués les sages qui ont fait de cette vérité une réalité tangible ! Le sage qui a réalisé cela n'est pas troublé, même si une femme l'enlace. Pour lui, c'est comme si un morceau de bois entrait en contact avec le corps. Même si on lui coupe les bras, il ne le ressent pas. Il est en mesure de convertir toute affliction en félicité. Si le mental est ailleurs, même si l'homme entend une histoire intéressante, il n'entend rien du tout.

De même qu'un acteur est capable de jouer des personnages différents, le mental est en mesure de créer divers états de conscience comme la veille et le rêve. Qu'il est mystérieux, ce mental capable de persuader le roi Lavana qu'il appartient à une tribu primitive ! Le mental fait l'expérience de ce qu'il construit lui-même. Le mental n'est rien d'autre que ce qui a été façonné par la pensée. Sachant cela, agis comme tu l'entends. C'est bel et bien le mental qui, du fait de pensées continues, est convaincu qu'il est né et qu'il meurt. C'est lui qui, bien que dénué de forme, se prend pour un jiva doté d'un corps, etc. Ce sont les pensées, et rien d'autre, qui lui octroient une rationalité, lui font éprouver plaisir et souffrance, tous et toutes compris dans le mental ainsi que de l'huile est contenue dans une graine. Qui ne laisse pas son mental s'attarder sur des objets de plaisir est capable de le maîtriser. De même qu'un homme ligoté à un pilier ne bouge pas, le mental d'un homme bon ne s'écarte pas de la Réalité. Lui seul est un être humain ; les autres sont des vers. Il accède à l'Être suprême par une méditation constante. La victoire sur ce démon de mental s'acquiert quand, grâce à ses propres efforts, l'homme parvient à la connaissance de soi et cesse de vouloir satisfaire les désirs du mental. Cela peut s'accomplir sans le moindre effort en cultivant l'attitude adéquate. Malheur à qui est incapable de renoncer à ses appétits, car c'est l'unique moyen d'accéder au but suprême. Il est possible de vaincre le mental au prix d'un effort intense sur soi, ensuite,
une fois la personnalité vaincue,
l'individualité est absorbée dans
l'infinie Conscience.
Cela s'accomplit aisément. Ceux qui s'en montrent incapables sont assurément des vautours qui ont apparence humaine. Il n'existe nulle autre voie de salut que la maîtrise du mental, ce qui signifie la volonté résolue de renoncer aux appétits. Sois fermement résolu à tuer, pour ainsi dire, le mental, ce qui, assurément, s'accomplit sans difficulté. Si l'on cède toujours à ses besoins impérieux, alors toutes les directives d'un instructeur, l'étude des Écritures, la récitation des mantras, etc., ne sont d'aucune utilité !
Ce n'est qu'en tranchant la racine même du mental
à l'aide de l'arme de la non-conceptualisation,
que l'on accède au Brahman absolu,
lequel est paix suprême, omniprésente.
La conceptualisation, ou l'imagination, est génératrice d'erreurs et de souffrances. Il est si facile de s'en débarrasser grâce à la connaissance de soi, et, quand tel est le cas, règne une grande paix. Pourquoi trouve-t-on cela si difficile ? Cesse de t'en remettre au destin ou aux dieux créés par des esprits obtus et, par tes efforts personnels et la connaissance de soi ainsi obtenue, fais du mental un néant de mental. Laisse l'infinie Conscience avaler, pour ainsi dire, le mental fini et, alors, transcende toute chose. Ta conscience unie au suprême, cramponne-toi au Soi qui est impérissable. Quand le mental est ainsi conquis et qu'il demeure en parfait repos, même la conquête des trois mondes apparaît vaine. Cela ne nécessite que la connaissance de Soi. Pourquoi considères-tu cette tâche ardue ? Si un homme la juge difficile, comment fait-il donc ne serait-ce que pour vivre en ce monde sans la connaissance de Soi ?
Qui connaît la nature immortelle du Soi
ne craint pas la mort.
Un tel individu n'est nullement affecté par le départ d'amis ou de membres de sa famille. Une fois extirpés des sentiments tels que « Me voilà », « C'est moi » et « Cela est à moi », le mental cesse d'être. Alors on ne sait plus ce qu'est la peur. Les armes telles que l'épée génèrent la peur. L'arme qui détruit l'égoïté génère l'absence de peur. Quel que soit l'objet vers lequel il se dirige avec ardeur, le mental voit dans ce flux le contentement de ses désirs impérieux. La cause de ce mouvement dans une direction donnée n'est pas évidente. Semblable aux vagues qui rident la surface de l'océan, ce mouvement particulièrement intense apparaît tantôt ici et tantôt là ; il prend naissance et puis il meurt. Toutefois, de même que la fraîcheur est inséparable de la glace, ce mouvement incessant est inséparable du mental.

RAMA demanda : Grand saint, comment alors réfréner ce mouvement incessant par la force sans causer une plus grande agitation ?

VASISTHA répondit : Bien sûr, qui dit mental dit agitation ; celle-ci est la nature même du mental. C'est le fruit de ce mouvement incessant du mental, fondé sur l'infinie Conscience, qui apparaît en tant que ce monde, ô Rama, tel est assurément le pouvoir du mental. Mais, quand le mental se voit retirer son agitation, on parle à son sujet de mental mort. Il y a alors pénitence, laquelle confirme ce que disent les Écritures ainsi que l'avènement de la libération.
Quand le mental est ainsi absorbé dans
l'infinie Conscience, règne la paix suprême ;
mais, lorsque le mental se mêle de penser, adviennent de grandes souffrances. L'agitation du mental elle-même porte le nom d'ignorance, ou nescience ; elle est la source des tendances, des prédispositions ou du conditionnement. Détruis-la au moyen de l'investigation ainsi que par l'abandon définitif de l'intérêt porté aux objets de plaisir que procurent les sens. Ô Rama, tel un pendule, le mental oscille constamment entre la Réalité et l'apparence, la Conscience et ce qui est inerte. Quand le mental considère les objets inertes pendant un temps considérable, il prend leur caractère inerte. Quand le même mental se consacre à l'investigation sur soi et à la sagesse, il s'affranchit de tout conditionnement et recouvre sa nature originelle de Pure Conscience. Le mental adopte la forme exacte à laquelle on s'intéresse, qu'il s'agisse d'une forme naturelle ou cultivée. Par conséquent, intéresse-toi résolument, mais intelligemment, à l'état au-delà de la souffrance, entièrement libre du doute. Le mental est capable de se réfréner ; il n'existe assurément pas d'autre voie. Les sages suppriment de leur mental les manifestations des tendances latentes, ou conditionnement, au moment où elles se manifestent : c'est ainsi qu'il est possible d'en finir avec la nescience. Commence par détruire le conditionnement mental en renonçant aux désirs, puis débarrasse même ton mental des concepts d'asservissement et de libération.

Le facteur psychologique est irréel, et il prend pourtant naissance dans le mental ; voilà pourquoi on peut le comparer à la vue de deux lunes chez une personne affligée de diplopie. Il convient donc de renoncer à ce facteur psychologique comme s'il s'agissait d'une pure hallucination. Le fruit de l'ignorance n'est réel qu'aux yeux de l'ignorant. Pour le sage, il s'agit d'une expression qui n'a de réalité que verbale. Ne demeure pas dans l'ignorance, ô Rama, mais efforce-toi de parvenir à la sagesse en renonçant au conditionnement mental, comme tu abandonnerais l'idée qu'existe une deuxième lune. Ici, tu n'es l'auteur d'aucune action, ô Rama ; pourquoi donc endosser ce rôle ? Quand seul Soi existe, qui fait quoi et comment ? Ne deviens pas inactif pour autant, car que gagne-t-on à ne rien faire ? Ce qui doit être fait doit l'être. Par conséquent, demeure dans le Soi. Même en accomplissant toutes les actions qui te sont naturelles, si tu n'es pas attaché à ces actions, tu es vraiment le non-auteur. Si tu es inactif et si tu es attaché à cet état de non-auteur, tu deviens l'auteur ! Quand tout ce monde fait penser au tour de passe-passe du magicien, à quoi faut-il renoncer et que convient-il de rechercher ?
Le germe de cette apparence du monde est l'ignorance.
Si on ne la voit pas telle qu'elle est,
cette ignorance a les traits de la vérité !
L'énergie qui crée cette apparence du monde et la fait tourner sans arrêt, ainsi que la roue du potier est maintenue en rotation par l'artisan, est le facteur psychologique (ou conditionnement mental). De même qu'un bambou, il est creux et dénué de substance. Semblable aux vagues d'un fleuve, il ne meurt pas, même coupé en deux. On ne peut le saisir. Il est subtil et impalpable, mais possède la puissance d'une épée. Bien qu'il soit perçu dans son propre reflet en tant que ses effets, il n'est d'aucune utilité dans la quête de la vérité. Du fait de ce conditionnement, des différences se remarquent dans les objets de cette création. Bien qu'on ne puisse dire où il se trouve au juste, on le voit partout. Ce conditionnement mental n'est pas une manifestation de l'intelligence ; pourtant, fondé sur l'intelligence, il en a les apparences. Bien que changeant sans cesse, il crée chez l'homme une illusion de permanence. De par sa proximité de l'infinie Conscience, il paraît être actif ; et, quand cette infinie Conscience est réalisée, il (le conditionnement) prend fin. Ce conditionnement mental meurt quand il n'est pas alimenté par l'attachement aux objets ; mais, même en l'absence d'un tel attachement, il persiste en tant que potentialité.

Cette ignorance, ou conditionnement mental, qui est acquise par l'homme sans effort, semble favoriser le plaisir, mais, au vrai, elle est la dispensatrice du malheur. Elle ne crée une illusion de plaisir qu'en voilant totalement la connaissance de Soi. C'est ainsi qu'en moins d'une heure, elle a pu faire vivre au roi Lavana ce qui lui a paru durer des années. Cette ignorance, ou conditionnement mental, est dans l'impossibilité de faire quoi que ce soit. Elle donne pourtant l'impression d'être très active, à la façon dont une glace reflète activement la lumière d'une lampe. De même que le portrait fort ressemblant d'une femme est incapable d'accomplir les tâches de la ménagère en chair et en os, cette ignorance, ou conditionnement mental, est incapable de fonctionner, même si elle paraît dotée d'une grande force. Elle est même incapable d'induire le sage en erreur, alors qu'elle subjugue l'insensé aussi sûrement qu'un mirage abuse l'ignorant et non point un homme intelligent. Cette ignorance, ou conditionnement mental, ne possède qu'une existence éphémère ; pourtant, étant donné son flux constant, elle semble aussi permanente qu'un fleuve. Parce qu'elle est capable de voiler la Réalité, elle donne l'impression d'être réelle, mais quand on essaie de s'en saisir, on s'aperçoit qu'elle n'est rien. Pourtant, elle acquiert bien force et fermeté du fait des qualités qui sont les siennes dans l'apparence du monde, ainsi qu'une fibre fragile, une fois tressée en corde, acquiert une grande résistance. Ce conditionnement donne l'impression d'augmenter, mais, en fait, il n'en est rien. Car, quand tu tentes de t'en emparer, il disparaît comme la pointe d'une flamme. Il est pourtant également vrai que, tel le ciel qui paraît bleu, ce conditionnement semble posséder un semblant d'apparence réelle ! Il naît comme la deuxième lune dans la diplopie. Il existe à la manière des objets du rêve et il crée une confusion comme celle que connaissent les gens assis dans une barque en mouvement et qui voient la berge bouger. Quand il est actif, il crée l'illusion du long rêve de l'apparence du monde. Il pervertit tous les rapports, toutes les relations et toutes les expériences. C'est cette ignorance, ou conditionnement mental, qui est responsable de la création et de la perception de la dualité et de la division et de la perception et de l'expérience erronées qui s'ensuivent. Une fois cette ignorance, ou conditionnement mental, vaincue par la prise de conscience de son irréalité, le mental cesse d'être, à la façon dont le fleuve s'assèche quand l'eau cesse de couler.

RAMA dit : Grand saint, mais le fleuve que présente le mirage ne cesse de couler. Cette ignorance a aveuglé le monde entier ; c'est vraiment étonnant ! Cette ignorance, ou conditionnement mental, se nourrit des forces jumelles du désir et de la haine. S'il te plaît, indique-moi le meilleur moyen de garantir que cette ignorance, ou conditionnement mental, ne se manifeste pas du tout.

RAMA demanda : Grand saint, comment disparaît cette épouvantable ténèbre d'ignorance ?

VASISTHA répondit : Ô Rama, de même que l'obscurité disparaît en se tournant vers la lumière, l'ignorance se dissipe si tu te tournes vers la clarté du Soi. Tant que ne se manifeste pas un désir naturel et ardent de connaissance de Soi, cette ignorance, ou conditionnement mental, produit un flux sans fin d'apparence du monde. De même qu'une ombre s'évanouit lorsqu'elle souhaite voir le jour, cette ignorance périt quand elle se tourne vers la connaissance de Soi. Rama, c'est le désir qui est ignorance, ou conditionnement mental, et la fin du désir est libération. Celle-ci advient lorsqu'il n'y a aucun mouvement de pensée dans le mental.

RAMA demanda : Ô sage, tu as dit que lorsque cesse l'ignorance, il y a connaissance du Soi. Qu'est-ce que le Soi ?

VASISTHA répondit :
Ô Rama, de Brahma, le créateur,
jusqu'au brin d'herbe,
tout n'est que le Soi :
l'ignorance est une irréalité inexistante. Ici ne se trouve pas de deuxième élément du nom de mental. Dans ce Soi lui-même flotte le voile, lui aussi fait de la substance du Soi, qui crée la polarisation sujet-objet ; et l'infinie Conscience porte alors le nom de mental.
Ce voile est une idée,
une intention, ou une pensée
au sein de cette Conscience infinie.
Le mental naît de cette idée ou de cette pensée, et le mental doit disparaître à l'aide d'une idée ou d'une pensée, c'est-à-dire par la fin de l'idée ou de la pensée. La ferme conviction que « je ne suis pas l'absolu Brahman » ligote le mental ; et celui-ci est libéré par la ferme conviction que « tout est l'absolu Brahman ». Idées et pensées sont asservissement ; et, lorsqu'elles prennent fin, advient la libération. Par conséquent, libère t'en et accomplis spontanément tout ce qui doit être fait. De même que la pensée, ou l'idée, « voit du bleu dans le ciel », le mental voit le monde comme réel. Il n'y a pas de bleu dans le ciel ; c'est la vue limitée qui perçoit le ciel comme bleu. Ce n'est que la pensée limitée qui perçoit l'apparence du monde.
Cette apparence du monde est illusion :
mieux vaut ne pas laisser cette pensée, ne serait-ce que poindre, dans le mental. En pensant : « Je suis perdu », on va droit au malheur, et en se disant : « Je suis vigilant, vif, éveillé », on prend le chemin de la félicité. Quand le mental ressasse sans cesse des idées erronées ou stupides il est induit en erreur et, quand il nourrit constamment des idées lumineuses et magnanimes, il s'en trouve illuminé. Quand la pensée de l'ignorance est entretenue dans le mental, l'ignorance est fermement établie ; mais, une fois le Soi réalisé, cette ignorance est dissoute. En outre, ce que le mental cherche à atteindre, les sens font tout leur possible pour l'obtenir. Par conséquent, celui qui ne laisse pas son mental nourrir des pensées et des idées de cette nature en s'efforçant d'être conscient du Soi, goûte la paix. Ce qui n'était pas au commencement n'existe pas, même maintenant !
Ce qui était, et par conséquent est
maintenant, est l'absolu Brahman.
Méditer cela accorde la paix,
car ce Brahman est paix.
D'une manière ou d'une autre, et quel que soit l'endroit où l'on se trouve, on ne doit jamais songer à rien d'autre. On doit consacrer toutes ses forces et toute son intelligence à déraciner jusqu'à l'espoir de goûter quoi que ce soit. Seule l'ignorance est la cause du vieillissement et de la mort. Les espoirs et les attachements paraissent se ramifier du fait du conditionnement mental, qui est l'ignorance. Cela prend la forme d'idées telles que : « Ceci est à moi », « Ce sont mes fils », etc. Dans ce corps physique vide, où donc se trouve ce qu'on appelle « je » ? En vérité, ô Rama, « je », « mien », etc. ne possèdent aucune existence.
Seul le Soi unique est
en permanence la Vérité.
Ce n'est qu'en état d'ignorance qu'on voit un serpent dans la corde, pas dans un état d'éveil. Semblablement, pour qui a la vision de l'éveil, seule existe l'infinie Conscience, et rien d'autre. Ô Rama, ne deviens pas ignorant ; deviens un sage. Détruis le conditionnement mental, qui donne le jour à l'apparence de ce monde. Pourquoi, tel un ignorant, te prends-tu pour ce corps et te sens-tu malheureux ? Même si le corps et le Soi donnent l'impression d'exister ensemble, ils ne sont pas inséparables.
Quand le corps meurt,
le Soi ne meurt pas.
N'est-il pas confondant, ô Rama, que les gens oublient la vérité que seul l'absolu Brahman est, et soient convaincus de l'existence de l'ignorance irréelle et inexistante ? Ne laisse pas s'enraciner en toi l'idée insensée de l'existence de l'ignorance ; car, si la Conscience est ainsi polluée, elle invite des souffrances sans nombre. Bien que cette idée soit irréelle, elle peut provoquer des souffrances réelles ! C'est à cause de l'ignorance qu'existent des illusions telles que les mirages, que l'homme est sujet à des visions et hallucinations diverses, et qu'il connaît le paradis et l'enfer. Renonce donc au conditionnement mental, seul responsable de la perception de la dualité, et demeure totalement inconditionné. Tu obtiendras alors une incomparable prééminence sur toute chose !

Après quelques instants de profonde contemplation, RAMA demanda : Ô saint plein de sagesse ! Il est vraiment incroyable que cette nescience inexistante crée une illusion puissante, au point de faire paraître bien réel ce monde inexistant. Je te prie de m'expliquer comment une chose pareille est possible. S'il te plaît, dis-moi aussi pourquoi le roi Lavana a subi toutes sortes de souffrances ; et qui ou qu'est-ce qui subit tout cela.

VASISTHA répondit : Ô Rama, il n'est pas vraiment exact que la Conscience soit liée de quelque façon à ce corps. Le corps a seulement été imaginé par la Conscience comme dans un rêve. Quand la Conscience se limite et se considère comme un jiva, ce jiva, doté de cette énergie qui ignore le repos, se trouve impliqué dans cette apparence du monde. L'être incarné qui goûte ou subit le fruit des actions passées et revêt une quantité de corps, porte le nom d'égoïté, de mental, et aussi de jiva. Ni le corps ni l'être éveillé ne subissent la moindre souffrance ; seul souffre le mental ignorant. Ce n'est qu'en état d'ignorance (comme le sommeil) que le mental rêve de l'apparence du monde, pas quand il est éveillé ou libéré. Cela explique que l'être incarné qui subit les souffrances soit connu sous diverses appellations : le mental, l'ignorance, le jiva, le conditionnement mental et, aussi, la conscience individualisée. Le corps est grossier et dénué d'intelligence. Il ne peut donc éprouver ni plaisir ni douleur. La nescience génère l'inattention et l'inconséquence ; c'est donc la seule nescience qui éprouve plaisir ou douleur. C'est effectivement seulement le mental qui naît, pleure, tue, se déplace, injurie autrui, etc., pas le corps. Dans toutes les expériences de bonheur et de malheur, ainsi que dans toutes les hallucinations et les chimères de l'imagination, c'est le mental qui est l'unique auteur et c'est lui qui fait l'expérience de tout cela : le mental, c'est l'homme.




Le monde entier a jailli du Sat-Chit-Ananda, on l'appelle la racine du monde. C'est la félicité. Mais le Sat-Chit-Ananda n'est pas vrai, c'est un concept. Il est votre êtreté : « je suis, je suis connaissance, je suis félicité. » Tout cela est l'œuvre du mental et il doit être transcendé car il vous donnera toujours une fausse compréhension. Si la réalité n'était pas, rien ne pourrait apparaître. L'écran, la réalité, est là, c'est pourquoi les images peuvent se former, mais l'écran n'a ni amour ni indifférence. N'aimez personne et ne détestez personne, c'est le mental qui fait ces discriminations, l'écran n'en fait pas. Les cinq doigts sont différents, mais vous savez que c'est votre main ; c'est cela l'Unité.
Si vous comprenez que vous n'êtes pas le corps, votre conscience devient universelle. Toute limitation disparaît. Vous devenez la conscience-connaissance universelle. Malgré tout cette connaissance est aussi illusion, ignorance finalement. En effet, la source de la conscience-connaissance elle-même, a pour origine l'oubli ou l'ignorance de la réalité. Vous devenez donc la création toute entière, la conscience-connaissance du monde, mais c'est encore l'illusion. Cet ego qui devient la conscience universelle est, en fait, le pire des ego : « je suis le créateur du monde, je suis omnipotent, etc. » Mais vous êtes le créateur de plus d'illusion, de plus d'ignorance, alors quelle en est l'utilité ? Cette compréhension que la conscience universelle est toujours l'ego doit mûrir, pour se dissoudre dans la réalité. Dans la réalité finale, il n'y a ni conscience, ni ignorance et c'est ce que vous êtes, c'est votre véritable nature.
C'est à partir de l'ignorance que la connaissance est apparue et vous voyez l'illusion entière se dérouler. L'ignorance s'est surimposée à la réalité, de cette ignorance un concept a surgi, la connaissance et sur ce concept le monde est créé. Concept veut dire connaissance. Tout le monde fonctionne avec la connaissance, c'est par elle que vous créez et agissez. Prendre naissance est un concept et s'ensuivra son cortège de douleurs toute votre vie durant. La vie est un concept, rien d'autre. Quand elle prend fin, le concept disparaît et tout se termine alors.

Ranjit Maharaj











Les Bhajans de la Lignée de Shri Ramakant Maharaj ici en pdf (en français)


CHIDANANDA (Bhajan de la Lignée)




Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

Je ne suis pas le mental, l’intellect, l’égo ou le subconscient. Je ne suis pas les oreilles, la langue, le nez ou les yeux. Je ne suis pas l’espace, la terre, le feu ou le vent.

Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

Je ne suis pas la force de respirer, les sept éléments vitaux du corps, ni les cinq couvertures. Je ne suis pas la parole, les mains, les pieds, ni le rectum.

Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

Je ne suis pas l’envie, la cupidité, ni le désir, ni l’attirance. Je ne suis pas l’arrogance, ni la fierté, ni la jalousie, ni la religion, ni la fortune, ni les dépenses pour l’humanité, ni la libération.

Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

Je ne suis pas la vertu, le péché, la joie et la tristesse. Je ne suis pas le Mantra, le pèlerinage, les Écritures, les offrandes ou le feu rituel. Je ne suis pas la nourriture, l’action de manger et ce qui est mangé.

Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

Je ne suis pas la mort, le doute, ni la discrimination de castes. Je ne suis pas le père, la mère, donc pas de naissance. Je ne suis pas le frère, ni l’ami, ni le Gourou, ni l’aspirant.

Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

Je suis au-delà des concepts, sans changement, au-delà de la forme. Je suis tout étendu dans tous les sens. Je vois l’égalité dans chacun. Je ne suis ni libéré, ni lié.

Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

C’est complet et parfait. C’est complet et parfait.
Du complet et parfait, le complet et parfait devient manifesté.
Si le complet et parfait sort du complet et parfait, même alors le complet et parfait restera toujours.




L’UN, qui avec compréhension, savoure le monde.

(ARATI)
J’ai reçu une grande fortune qui m’a poussé hors des affaires du monde.
J’ai rencontré mon Sadgourou et je fais ce qu’Il me demande.
Il m’a mis dans la bonne direction, vers l’intérieur où est le Soi.
Après la traversée des attributs, vous atteindrez Pandhari, où Vithoba réside.
Comment décrire ce bonheur ? Quand l’égo s’en va le bonheur demeure.
Par la lumière de la compréhension qu’Il m’a donnée, mon égo est complètement détruit.
Je vais vers le Soi. Le corps reste mais je ne m’occupe plus de lui.
Le mental devient pas de mental, aucune trace de lien demeure.
Fusionné dans le Soi, j’ai oublié pourquoi je suis venu ici ! Les mots sont sans signification.
Je suis devenu l’UN, je vois seulement Moi-même partout.
Les Trois attributs sont brûlés, je les ai transcendés.
L’Indestructible, l’Eternel est merveilleux. La lumière de l’Illumination de Soi ne diminue jamais.

Le nom et la forme créent la dualité, mais IL est Un, partout.
Namdev : « Si ce que je dis n’est pas la vérité, je couperai ma tête ! ». (Mais personne ne peut couper Cela !!)
L’univers entier et son créateur sont contenus dans une graine de sésame.
Tout vient de zéro, retourne à zéro et n’a aucun volume. Tout est rien.
Le propriétaire de l’univers entier demeure à l’intérieur d’une petite maison graine de sésame.
La plus petite graine contient tous les trois mondes.
Cependant rien n’est plus grand que Moi-même, qui n’ai aucun volume.
Le propriétaire de Cela va et vient.
De rien vient toutes les choses, même les Dieux.
Rien est très puissant. Rien ne peut arriver.
Oubliez la connaissance et l’ignorance et vous êtes LUI.
Quand quelque chose est là, vous ne pouvez rien faire de plus ou de moins.
Tuka dit, dans une petite graine ou une petite goutte se trouve l’ensemble de la création transitoire.

5. Je suis la joie originelle

Partout la béatitude ! À l’intérieur et à l’extérieur !
Joie ! Joie ! Rien n’est là excepté Moi-même. Je suis la Joie Originelle !
IL est partout et Cela est la joie !
À l’intérieur et à l’extérieur, tout est joie, au-delà de la connaissance.