Yoga Vasistha : Cet univers est en fait la Pure Conscience éternelle

Source : Le Yoga Vasistha - traduit par Swami Venkatesananda - Éditions InnerQuest - Paris



En vérité, votre état est la Félicité Absolue, pas cet état du monde du phénomène. Dans l'état du non-phénomène vous êtes félicité totale, mais vous n'en pouvez faire l'expérience. Dans cet état il n'y a ni misère ni malheur, seulement une pure félicité.
Quand la conscience est sans forme et ne se connaissant pas elle-même, elle est l'Absolu. Nous sommes uniquement cette conscience. L'éternel est pour toujours, un état de non-expérience.
L'univers est contenu dans la conscience, et le corps physique lui aussi n'est qu'une apparition dans la conscience, perçue et reconnue par la conscience.
Ce qui EST, c'est cette conscience, en dehors de quoi rien ne peut exister.
Shri Nisargadatta Maharaj
Au niveau ultime la Présence est dissoute. Vous ne serez pas conscient quand la Présence devient Omniprésence.
Tout est Un. Il n'y a pas d'individualité.
Cette Présence spontanée, cette Présence invisible, est inconsciente de sa propre identité parce qu'elle est vaste, toute puissante, omniprésente, juste comme le ciel.
Shri Ramakant Maharaj

Si vous comprenez que ce corps n'existe pas, vous êtes libéré du tourment de la mort. Vous êtes en tout et en tout lieu car vous êtes la source de toute chose. Comment pourriez-vous mourir ?
Comprenez que tout est Un, et tout se termine alors.
Ranjit Maharaj

Le Je suprême, non-manifesté, ne possède aucun savoir, il ne se connaît pas, il est totale êtreté. Cette êtreté est reflétée par la conscience, cette conscience a surgi du non-manifesté, sans cause, en créant le temps, l'espace et la matière, elle ne peut exister en l'absence du corps. Elle est la Conscience, il n'y en a qu'Une. Tout ce qui existe est je, tout ce qui existe est moi, mais le Je percevant cela s'est limité en s'identifiant à son support et a perdu cette compréhension. Pourtant, ce manifesté est identique au non-manifesté, à cette présence Absolue. Il n'y a pas de différence entre le Je non-manifesté et le monde. C'est pour cela que vous n'avez besoin d'aucun changement ni d'aucun appui, vous êtes cela. Il faut que votre esprit soit complètement au repos, alors il se dissoudra et il ne subsistera que la réalité.
S'immerger dans cette connaissance « je suis » est Bhagwan, splendeur. C'est une illumination éclairant comme la foudre. Vous êtes seulement lumière et de cette révélation le monde surgit. Ayant atteint ce stade, vous êtes le pur joyau du diadème, le diamant au sommet de la couronne. Mais ayant assimilé, pleinement éveillé, ce qu'est le monde, ce qu'est cette conscience, vous souhaitez vous en débarrasser. Vous découvrez que cette splendeur est le siège de toutes les erreurs, de tous les mensonges. Quand vous l'avez totalement compris, vous transcendez cet état. Ce n'est plus rien, c'est comme du mucus dans la gorge qui vous gêne, vous le crachez.

Shri Nisargadatta Maharaj

Le Soi suprême est votre état naturel, il est au-delà du divin car il est la réalité finale, Il est la vérité éternelle présente dans les quatre états de veille, de rêve, de sommeil profond et de la conscience pure (turya). Si vous essayez de le connaître, il vous apparaîtra comme le néant car il ne peut pas être perçu. Il est là quand tous les concepts prennent fin mais il est quand même présent quand les concepts sont là ! Le mouvement subtil qui est ressenti dans le Soi immuable est appelé « conscience » ou « je suis ». Ce mouvement dans le Soi caractérise l'illusion. Le Soi est affublé de noms tantôt masculins, tantôt féminins et tantôt neutres, mais tous ces noms ne sont que des indications car il ne peut pas être perçu.
L'expérience « je suis » est Existence, Conscience et Félicité (Sat-Chit-Ananda). On lui donne aussi d'autres noms comme connaissance, Dieu ou Soi, etc. Mais ce qui existe éternellement, sans expression ou manifestation, est le Soi suprême (Para-brahman). Om, le son primordial, est aussi le « je suis », il est à la source des mantras. Ainsi le « je suis » est l'illusion primordiale.

Sri Siddharameshwar Maharaj

Lorsque vous n'aviez pas l'expérience du corps vous étiez dans un état de béatitude. Cet état précédant votre naissance ne peut être qualifié de sommeil profond, il est au-delà. L'expérience du Jnani est celle de l'état précédant la naissance, c'est un état complet.
Shri Nisargadatta Maharaj




RAMA demanda : Où réside ce Seigneur et comment puis-je l'atteindre ?

VASISTHA répondit : Celui qui a été décrit comme le Seigneur ne se trouve pas loin : Il est la Conscience qui réside à l'intérieur du corps. Il est l'univers, bien que l'univers ne soit pas lui.
Il est Pure Conscience.
RAMA fit remarquer : Même un petit enfant affirme que le Seigneur est Conscience. Pourquoi donc est-il besoin d'instruire à ce sujet ?

VASISTHA répondit : Ah, celui qui sait que la Pure Conscience est l'univers objectif ne sait rien. Conscient est l'univers, et consciente l'âme (jiva). Le conscient crée le connaissable et plonge dans l'affliction. Quand le connaissable disparaît et que l'attention cesse de se porter sur ce qui ne peut être connu, alors il y a accomplissement, et la souffrance est dépassée. S'il n'est pas mis un terme au connaissable, l'attention ne peut en être détournée définitivement. Être seulement conscient que le jiva se trouve entraîné dans ce samsara n'est d'aucune utilité. Mais si le Seigneur suprême est connu, ce tourment prend fin.

RAMA demanda : S'il te plaît, grand saint, décris-moi le Seigneur.

VASISTHA répondit :
Le Seigneur est la Conscience cosmique
dans laquelle l'univers, pour ainsi dire, cesse d'être.
En Lui la relation sujet-objet parait avoir cessé en tant que telle.
Il est le vide dans lequel l'univers parait exister.
En Lui, même la Conscience cosmique demeure aussi immobile qu'une montagne.

RAMA posa une nouvelle question : Comment pouvons-nous réaliser le Seigneur et réaliser l'irréalité de l'univers que nous en sommes venus à juger réel ?

VASISTHA répondit : Le Seigneur ne peut être réalisé que si l'on est établi dans l'irréalité de l'univers, avec la même conviction que l'on est persuadé de l'irréalité du bleu du ciel. Le dualisme présuppose l'unité, et le non-dualisme fait naître l'idée du dualisme.
Le Seigneur n'est réalisé que lorsque la création
est reconnue comme absolument non-existante.
RAMA demanda : Grand saint, quelle méthode permet d'obtenir ce résultat, et comment savoir que la connaissance touche à son terme ?

VASISTHA répondit : Du fait d'une méprise persistante, l'idée fausse qui veut que ce monde soit réel a développé de profondes racines. Toutefois cette notion erronée peut être extirpée le jour même où l'on recourt à la compagnie des saints et à l'étude des saintes écritures. De tous les textes sacrés, ce Maharamayanam est le meilleur. Ce qui se trouve ici se trouve ailleurs ; ce qui ne se trouve pas ici ne se trouve nulle part ailleurs. Cependant, si l'on ne souhaite pas étudier ce texte, on peut toujours en étudier un autre, il n'y a pas d'inconvénient à cela. Une fois chassée l'idée erronée et réalisée la vérité, cette réalisation sature tellement l'individu qu'il y pense, en parle, en jouit et l'enseigne à autrui. De tels hommes sont parfois appelés jivan-muktas et aussi videha-muktas.

RAMA demanda : Seigneur, quels sont les traits distinctifs des jivan-muktas (les libérés vivants) et des videha-muktas (les libérés sans corps) ?

VASISTHA répondit : Celui qui, en menant une vie apparemment normale, ressent le monde entier en tant que vide, est un jivan-mukta. Il est éveillé, mais jouit du calme du sommeil profond ; plaisirs et douleurs ne l'affectent en aucune façon.
Éveillé dans le profond sommeil,
il n'est jamais éveillé à ce monde.
Aucune tendance latente n'obscurcit jamais sa sagesse limpide. Bien qu'il paraisse dépendre de goûts, d'antipathies et de peurs, il est en fait aussi libre que l'espace. Il se trouve délivré de l'égoïté et de la volition et, qu'il soit dans l'action ou dans l'inaction, son intelligence demeure inattachée. Nul ne le craint ; il n'a peur de personne. Il devient videha-mukta quand, le moment venu, il se dépouille de son corps (mort). Le videha-mukta est, et pourtant n'est pas. Il n'est ni « je » ni « 1'autre ». Il est le soleil qui brille, Visnu le protecteur de toute chose, Rudra le destructeur, Brahma le créateur ; il est l'espace, la terre, l'eau et le feu. Il est en fait la Conscience cosmique, cela qui est l'essence même de tous les êtres. Tout ce qui appartient au passé, au présent et à l'avenir, il est en vérité tout cela en même temps que lui seul.

RAMA interrogea à nouveau VASISTHA : Seigneur, ma perception est déformée. Comment puis-je accéder à l'état que vous avez indiqué ?

VASISTHA répondit :
Ce qu'on nomme libération, ô Rama, est en fait
l'Absolu Lui-même, qui, seul, EST.
Ce qui est perçu ici en tant que « je », que « tu », etc., ne fait que sembler être, car il n'a jamais été créé. Comment pouvons-nous dire que ce Brahman est devenu tous ces mondes ? Ô Râma, je ne vois que l'or dans les ornements, que l'eau dans les vagues, que le mouvement dans l'air, que le vide dans l'espace, que la chaleur dans le mirage, et rien d'autre. Semblablement, je ne vois que Brahman, l'absolu, pas les mondes.
La perception des « mondes » est
ignorance qui n'a pas commencé.
Pourtant elle disparaîtra avec l'investigation quant à la nature de la Vérité. Ne cesse d'être que ce qui a vu le jour. Ce monde n'a jamais vraiment pris naissance, et pourtant il donne l'impression d'être. L'exposition de cette vérité est contenue dans ce chapitre sur la création. Quand eut lieu la dernière dissolution cosmique, tout ce qui avait paru être avant, disparut. Alors ne demeura que l'infini. Il n'était ni néant ni forme, ni la vision qui voit ni la chose vue, et il était impossible d'affirmer qu'il était, ni qu'il n'était pas. Il ne possède pas d'oreilles, pas d'yeux, pas de langue et pourtant il entend, il voit et il mange. Il n'est pas tributaire d'une cause et il n'est pas créé ; et, ainsi que l'eau est la cause des vagues, il est la cause de tout.
Cette Lumière infinie et éternelle
réside dans le cœur de tous ; et dans
sa clarté brille le mirage des trois mondes.
Quand vibre l'infini, les mondes paraissent émerger. Quand il ne vibre pas, les mondes paraissent sombrer, de même qu'un brandon qu'on fait vite tourner laisse apparaître un cercle, lequel disparaît dès que le bras s'immobilise. Qu'il vibre ou qu'il ne vibre pas, il est le même partout à n'importe quelle époque. Si on ne le réalise pas, on est le jouet de l'illusion ; quand on le réalise, tous les désirs et toutes les inquiétudes s'évanouissent. Le temps est issu de lui. De lui provient la perception des objets perceptibles. Action, forme, goût, odeur, son, toucher et pensée, tu ne connais jamais que lui, et c'est à lui que tu dois de connaître tout ça ! Il est dans celui qui voit, dans la vision et dans la chose vue en tant que processus même du voir. Quand tu le connais, tu réalises ton Soi.

RAMA dit : Grand saint, comment peut-on dire qu'il n'est pas vide, qu'il n'est pas éclairé et pas obscur non plus ? Par des affirmations aussi contradictoires, tu me troubles !

VASISTHA répondit : Rama, tu poses des questions puériles. Mais je vais tout de même t'expliquer ce que cela signifie au juste. De même que l'image qui n'a pas été ciselée est à jamais inscrite dans un bloc de pierre, le monde est inhérent à l'Absolu qui n'est donc pas vide. On ne saurait affirmer qu'il n'y a pas de vagues présentes dans une mer calme ; semblablement, l'Absolu n'est pas vide du monde. Bien sûr, ces exemples ont une application limitée et il convient de s'en tenir au champ d'application. Toutefois, la vérité est que
ce monde ne surgit pas de l'Absolu ni ne se fond
en Lui. Seul l'Absolu existe maintenant et à jamais.
Quand on pense à lui en tant que vide, c'est à cause du sentiment que l'on a qu'il n'est pas vide. Quand on pense à lui en tant que non-vide, c'est du fait de l'impression qu'il est vide. L'Absolu est immatériel et donc des sources de lumière, telles que le soleil, ne l'éclairent pas. Mais il brille de sa propre clarté et n'est, par conséquent, ni inerte ni obscur.
Cet Absolu ne peut être ni réalisé ni connu par un autre ;
seul l'Absolu peut se réaliser lui-même.
L'espace infini de la Conscience est
encore plus pur que l'espace infini ;
et le monde est également comme cet infini.
Qui n'a pas mangé de piment n'en connaît pas le goût. Pareillement, on ne fait pas l'expérience de la Conscience dans l'infini en l'absence de toute manifestation. Voilà pourquoi cette Conscience paraît être inerte ou dénuée de présence, et le monde ne nous apparaît pas différemment. De même qu'on voit des vagues tangibles dans l'océan tangible, au sein du Brahman sans forme le monde existe aussi sans forme. L'infini émerge de l'infini et existe en lui en tant qu'infini. Voilà pourquoi le monde n 'a jamais vraiment été créé, il est le même que celui d'où il émerge. Quand l'idée de moi est détruite par privation du combustible fourni par les idées mentales, cela qui est est l'infini. En l'absence de l'intellect, l'infini fait que connaissance, connaissant et connu existent en tant que Un.

RAMA dit : Seigneur, pendant la dissolution cosmique, où ce monde s'en va-t-il ?

VASISTHA répondit : D'où vient le fils d'une femme stérile, et où s'en va-t-il ? Le fils d'une femme stérile n'a pas d'existence, quel que soit le moment considéré. Semblablement,
à aucun moment ce monde,
en tant que tel, n'a d'existence.
Cette analogie ne te déconcerte que parce que, pour toi, l'existence du monde est une chose établie. Écoute ceci. Y a-t-il de la braceletteté dans le bracelet en or, n'est-ce pas seulement de l'or ? Est-il une chose appelée ciel, indépendante du vide ? De la même façon, il n'existe pas de « chose » appelée le monde, indépendante de Brahman l'Absolu. Ainsi que le froid est inséparable de la glace, ce qui est appelé le monde est inséparable de Brahman. L'eau du mirage n'apparaît pas pour disparaître ensuite. Pareillement, ce monde n'est pas issu de l'Absolu et ne va nulle part. La création du monde n'a pas de cause, et n'a donc pas eu de commencement. Il n'existe pas, même en ce moment. Comment peut-il arriver à être détruit ? Si tu admets que le monde n'est pas une création issue de Brahman, mais affirmes qu'il s'agit d'une apparence fondée sur la réalité de Brahman, alors, de fait, il n'existe pas, et seul Brahman existe. C'est comme le rêve : dans un état d'ignorance, l'intelligence au-dedans de soi-même apparaît sous la forme d'innombrables objets rêvés, qui ne sont rien d'autre que cette intelligence. De même, dans ce qu'on appelle le commencement de la création, une telle apparence a bien eu lieu ; mais elle n'est pas indépendante de Brahman, elle n'a pas d'existence propre en dehors de Brahman, et donc n'existe pas.

RAMA dit : Grand saint, s'il en est bien ainsi, comment se fait-il que ce monde ait acquis un tel aspect de réalité ? Tant qu'il est quelqu'un qui perçoit, ce qui est perçu existe, et vice-versa ; et il n'y a libération que lorsque les deux prennent fin. S'il existe un miroir à la surface propre et nette, il reflète constamment une chose ou une autre ; de la même façon, chez celui qui voit, cette création se lèvera à maintes reprises. Toutefois, si la non-existence de la création est réalisée, alors celui qui voit cesse d'être ! Mais pareille réalisation n'est pas facile à obtenir.

VASISTHA dit : Rama, je vais dissiper tes doutes sur-le-champ à l'aide d'une parabole. Après quoi, tu réaliseras la non-existence de la création et mèneras en ce monde la vie d'un être éveillé. Ô Rama, je vais te conter comment cette création semble avoir émergé de l'Être cosmique pur et indivisé, ainsi que les rêves apparaissent dans la conscience d'une personne endormie.
Cet univers est en fait la Conscience éternelle,
infinie, resplendissante, qui génère en elle-même
le connaissable avec une idée relative à sa forme
(l'espace) ainsi qu'une investigation sur soi-même.
L'espace voit le jour de cette façon. Quand, au bout d'un temps considérable, la conscience de la création s'affermit dans l'Être infini, le futur jiva (âme cosmique, Hiranyagarbha) surgit en son sein. Alors l'infini abandonne, pour ainsi dire, son état suprême afin de se limiter en tant que jiva, Toutefois, même alors, Brahman demeure l'infini et, pour lui, il n'y a pas à proprement parler de transformation en aucun de ces éléments. Dans l'espace se manifeste la faculté du son. Alors apparaît l'égoïté, essentielle pour aider à la création de l'univers et, simultanément, le facteur appelé temps. Tout cela advient simplement par la pensée créatrice inhérente à l'Être cosmique, non point comme des modifications véritables de l'infini. L'air voit le jour suite à un exercice semblable de la pensée créatrice. Les Vedas aussi voient le jour. La conscience qui est entourée de toutes ces choses est appelée jiva, laquelle donne naissance à tous les différents éléments de ce monde.

Il existe quatorze plans d'existence, chacun peuplé de son propre type d'habitants. Et tous figurent les manifestations de la pensée créatrice de la Conscience. Ainsi, quand cette Conscience pensa « je suis lumière », des sources lumineuses comme le soleil, etc., furent créées instantanément. L'eau et la terre furent créées de la même façon. Tous ces éléments fondamentaux continuèrent d'agir les uns sur les autres, en tant qu'expérimentateurs et qu'expérience, et la création tout entière apparut ainsi que des ondulations à la surface de l'océan. Ces éléments imbriqués sont si efficacement liés les uns aux autres qu'ils ne peuvent être défaits avant la dissolution cosmique. Ces apparences matérielles changent constamment et la Réalité demeure immuable. Ces aspects qui deviennent instantanément grossière substance physique n'en sont pas moins constamment liés à la Conscience. Ils demeurent pourtant tous la Conscience infinie et rien d'autre, laquelle n'a pas subi la moindre altération.

Dans l'être suprême existe la vibration qui est à la fois équilibre et désordre ; de ce fait apparaissent l'espace, la lumière et l'inertie qui n'ont pourtant pas vraiment été créés. Puisque tout cela advient dans la Conscience, ils possèdent le caractère du connaissable ; et, dans le même temps, se révèle le connaissant. C'est le pouvoir inhérent à la Conscience d'illuminer toutes choses, elle est donc le Connaissant cosmique. Cette Conscience elle-même devient son propre connaissable ainsi que le connaissant. Quand survient une telle relation, l'idée « je suis un jiva » se présente dans la Conscience. Du fait de l'identification accrue avec le connaissable, l'idée d'égoïté se présente dans la Pure Conscience, suivie de la faculté de distinguer, ou intellect doué de raison. Après quoi apparaissent le mental et les éléments-racines. Ces éléments-racines se combinent de multiples fois afin de former les mondes. Spontanément, et aussi selon des modifications ordonnées, toutes ces innombrables formes apparaissent et disparaissent à maintes reprises, à la façon dont des villes prennent forme et s'évanouissent en rêve. Elles n'ont nullement besoin de causes logiques ou matérielles, comme la terre, l'eau ou le feu ; car tout cela est de la nature essentielle de la Conscience, et c'est cette Conscience qui apparemment crée toutes ces formes ainsi qu'on crée des villes dans un rêve.
Tout cela n'est autre que
de la Pure Conscience.
Les cinq éléments figurent la semence dont le monde est l'arbre ; et l'éternelle Conscience est la semence des éléments. Le fruit (l'arbre) est de même nature que la semence. Le monde n'est donc rien d'autre que Brahman l'Absolu. C'est ainsi que,
comme par magie, l'univers a été forgé dans
l'espace cosmique par la Conscience cosmique
avec ses propres facultés infinies ;
il n'est pas plus réel qu'il n'a été vraiment créé.
Bien que ces éléments se soient combinés entre eux pour créer l'apparente matérialité du monde, au vrai tout cela n'est en fait qu'apparence, comme les formes vues dans l'espace. Elles doivent leur réalité à leur substrat, la Conscience cosmique, qui seul est réel. Ne va pas t'imaginer que le monde des cinq éléments est leur création. Considère les cinq éléments eux-mêmes comme la manifestation du pouvoir inhérent à la Conscience absolue. On peut dire que les éléments comme la terre, etc., ont surgi dans la Conscience ainsi que des objets de rêve ; ou que ce sont de simples apparences que l'ignorance superpose à la Conscience cosmique. Telle est la vision, ou réalisation, des saints.

Rama, je vais maintenant te conter comment le jiva est venu loger dans ce corps. Le jiva pensa : « Je suis de nature et de stature atomique. » Il devint donc de nature atomique. Il ne le devint pourtant qu'en apparence, du fait de son imagination qui n'était pas conforme à la vérité. De même qu'on peut rêver qu'on est mort et qu'on possède un autre corps, ce jiva, doté en vérité d'un corps des plus subtils fait de Pure Conscience, commence maintenant à s'identifier à ce qui est grossier, et devient donc grossier. Une montagne reflétée dans un miroir donne l'impression de se trouver à l'intérieur de celui-ci. Semblablement, le jiva reflète les objets et activités du dehors et ne tarde pas à se dire qu'ils sont tous en lui, et qu'il est l'acteur des actes et l'expérimentateur des expériences. Quand le jiva souhaite voir, des yeux se forment dans le corps grossier. De la même façon, la peau (le sens tactile), les oreilles, la langue, le nez et les organes de l'action sont formés en fonction des désirs correspondants manifestés au sein du jiva. Ainsi le jiva habite dans le corps et imagine diverses expériences physiques dehors et diverses expériences psychologiques dedans. Ainsi, reposant dans l'irréel qui paraît cependant réel, Brahman, qui semble maintenant être le jiva, est dérouté.

Ce même Brahman, qui en est venu à se prendre pour un jiva limité doté d'un corps physique, perçoit le monde extérieur, lequel, du fait du voile de l'ignorance, semble constitué de matière. Quelqu'un pense qu'il est Brahman, quelqu'un d'autre se prend pour quelque chose d'autre, le jiva s'imagine ainsi être ceci ou cela et se lie du même coup à l'illusion de l'apparence du monde. Mais tout cela n'est qu'imagination ou pensée. Même maintenant rien n'a jamais été créé ; seul existe le pur espace infini. Brahma le créateur n'a pas pu créer le monde tel qu'il était avant la dissolution cosmique, parce que Brahma avait alors atteint la libération définitive.
Seule existe la Conscience cosmique, maintenant et à jamais ;
et en elle ne se trouve aucun monde, aucune créature.
Cette Conscience, reflétée en elle-même, paraît être la création. De même qu'un cauchemar irréel produit des résultats réels, dans un état d'ignorance, ce monde semble générer un sentiment de réalité. À l'avènement de la véritable sagesse, cette irréalité se dissipe. Comme je te l'ai déjà expliqué, ô Rama, ce monde fait d'égotisme et des innombrables objets de l'expérience n'a pas été créé et n'existe donc pas. Ce qui existe est Brahman, l'Existence absolue. De même qu'une vague apparaît à la surface lisse de l'océan quand celui-ci est agité, lorsque l'Absolu « pense », ce qui est une façon de parler, qu'il est un jiva, la nature de jiva se manifeste. Ainsi qu'un rêveur semble créer diverses créatures en lui sous l'effet d'une simple pensée ou de sa volonté, l'Absolu donne le jour à ces innombrables créatures, sans pour autant jamais subir ni diminution ni modification.

La forme cosmique (virât) de cette Conscience cosmique est bien évidemment de la nature de la Pure Conscience, non contaminée par la matérialité grossière. La forme cosmique faite de Pure Conscience peut être comparée au rêve sans fin d'un dormeur peuplé de palais et de créatures. Même le créateur Brahma n'est qu'une forme-pensée dans cette Conscience cosmique. La Conscience réfléchissant ses propres formes-pensées en son sein figure le couple apparent du spectateur et du spectacle, tous deux purement fictifs. En fait, toutes ces formes-pensées n'existent qu'en tant que noms et ne se multiplient qu'en tant que noms. L'Être cosmique s'est levé dans la Conscience cosmique en tant que forme-pensée cosmique.




Le monde entier a jailli du Sat-Chit-Ananda, on l'appelle la racine du monde. C'est la félicité. Mais le Sat-Chit-Ananda n'est pas vrai, c'est un concept. Il est votre êtreté : « je suis, je suis connaissance, je suis félicité. » Tout cela est l'œuvre du mental et il doit être transcendé car il vous donnera toujours une fausse compréhension. Si la réalité n'était pas, rien ne pourrait apparaître. L'écran, la réalité, est là, c'est pourquoi les images peuvent se former, mais l'écran n'a ni amour ni indifférence. N'aimez personne et ne détestez personne, c'est le mental qui fait ces discriminations, l'écran n'en fait pas. Les cinq doigts sont différents, mais vous savez que c'est votre main ; c'est cela l'Unité.
Si vous comprenez que vous n'êtes pas le corps, votre conscience devient universelle. Toute limitation disparaît. Vous devenez la conscience-connaissance universelle. Malgré tout cette connaissance est aussi illusion, ignorance finalement. En effet, la source de la conscience-connaissance elle-même, a pour origine l'oubli ou l'ignorance de la réalité. Vous devenez donc la création toute entière, la conscience-connaissance du monde, mais c'est encore l'illusion. Cet ego qui devient la conscience universelle est, en fait, le pire des ego : « je suis le créateur du monde, je suis omnipotent, etc. » Mais vous êtes le créateur de plus d'illusion, de plus d'ignorance, alors quelle en est l'utilité ? Cette compréhension que la conscience universelle est toujours l'ego doit mûrir, pour se dissoudre dans la réalité. Dans la réalité finale, il n'y a ni conscience, ni ignorance et c'est ce que vous êtes, c'est votre véritable nature.
C'est à partir de l'ignorance que la connaissance est apparue et vous voyez l'illusion entière se dérouler. L'ignorance s'est surimposée à la réalité, de cette ignorance un concept a surgi, la connaissance et sur ce concept le monde est créé. Concept veut dire connaissance. Tout le monde fonctionne avec la connaissance, c'est par elle que vous créez et agissez. Prendre naissance est un concept et s'ensuivra son cortège de douleurs toute votre vie durant. La vie est un concept, rien d'autre. Quand elle prend fin, le concept disparaît et tout se termine alors.

Ranjit Maharaj











Les Bhajans de la Lignée de Shri Ramakant Maharaj ici en pdf (en français)


CHIDANANDA (Bhajan de la Lignée)




Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

Je ne suis pas le mental, l’intellect, l’égo ou le subconscient. Je ne suis pas les oreilles, la langue, le nez ou les yeux. Je ne suis pas l’espace, la terre, le feu ou le vent.

Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

Je ne suis pas la force de respirer, les sept éléments vitaux du corps, ni les cinq couvertures. Je ne suis pas la parole, les mains, les pieds, ni le rectum.

Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

Je ne suis pas l’envie, la cupidité, ni le désir, ni l’attirance. Je ne suis pas l’arrogance, ni la fierté, ni la jalousie, ni la religion, ni la fortune, ni les dépenses pour l’humanité, ni la libération.

Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

Je ne suis pas la vertu, le péché, la joie et la tristesse. Je ne suis pas le Mantra, le pèlerinage, les Écritures, les offrandes ou le feu rituel. Je ne suis pas la nourriture, l’action de manger et ce qui est mangé.

Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

Je ne suis pas la mort, le doute, ni la discrimination de castes. Je ne suis pas le père, la mère, donc pas de naissance. Je ne suis pas le frère, ni l’ami, ni le Gourou, ni l’aspirant.

Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

Je suis au-delà des concepts, sans changement, au-delà de la forme. Je suis tout étendu dans tous les sens. Je vois l’égalité dans chacun. Je ne suis ni libéré, ni lié.

Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

C’est complet et parfait. C’est complet et parfait.
Du complet et parfait, le complet et parfait devient manifesté.
Si le complet et parfait sort du complet et parfait, même alors le complet et parfait restera toujours.




L’UN, qui avec compréhension, savoure le monde.

(ARATI)
J’ai reçu une grande fortune qui m’a poussé hors des affaires du monde.
J’ai rencontré mon Sadgourou et je fais ce qu’Il me demande.
Il m’a mis dans la bonne direction, vers l’intérieur où est le Soi.
Après la traversée des attributs, vous atteindrez Pandhari, où Vithoba réside.
Comment décrire ce bonheur ? Quand l’égo s’en va le bonheur demeure.
Par la lumière de la compréhension qu’Il m’a donnée, mon égo est complètement détruit.
Je vais vers le Soi. Le corps reste mais je ne m’occupe plus de lui.
Le mental devient pas de mental, aucune trace de lien demeure.
Fusionné dans le Soi, j’ai oublié pourquoi je suis venu ici ! Les mots sont sans signification.
Je suis devenu l’UN, je vois seulement Moi-même partout.
Les Trois attributs sont brûlés, je les ai transcendés.
L’Indestructible, l’Eternel est merveilleux. La lumière de l’Illumination de Soi ne diminue jamais.

Le nom et la forme créent la dualité, mais IL est Un, partout.
Namdev : « Si ce que je dis n’est pas la vérité, je couperai ma tête ! ». (Mais personne ne peut couper Cela !!)
L’univers entier et son créateur sont contenus dans une graine de sésame.
Tout vient de zéro, retourne à zéro et n’a aucun volume. Tout est rien.
Le propriétaire de l’univers entier demeure à l’intérieur d’une petite maison graine de sésame.
La plus petite graine contient tous les trois mondes.
Cependant rien n’est plus grand que Moi-même, qui n’ai aucun volume.
Le propriétaire de Cela va et vient.
De rien vient toutes les choses, même les Dieux.
Rien est très puissant. Rien ne peut arriver.
Oubliez la connaissance et l’ignorance et vous êtes LUI.
Quand quelque chose est là, vous ne pouvez rien faire de plus ou de moins.
Tuka dit, dans une petite graine ou une petite goutte se trouve l’ensemble de la création transitoire.

5. Je suis la joie originelle

Partout la béatitude ! À l’intérieur et à l’extérieur !
Joie ! Joie ! Rien n’est là excepté Moi-même. Je suis la Joie Originelle !
IL est partout et Cela est la joie !
À l’intérieur et à l’extérieur, tout est joie, au-delà de la connaissance.