L'ignorance s'est surimposée à la réalité,
de cette ignorance la connaissance a surgi
par Ranjit Maharaj

Source : « Je ne parle que de vous. » par Ranjit Maharaj - Les Deux Océans (Paris)



En vérité, votre état est la Félicité Absolue, pas cet état du monde du phénomène. Dans l'état du non-phénomène vous êtes félicité totale, mais vous n'en pouvez faire l'expérience. Dans cet état il n'y a ni misère ni malheur, seulement une pure félicité.
Quand la conscience est sans forme et ne se connaissant pas elle-même, elle est l'Absolu. Nous sommes uniquement cette conscience. L'éternel est pour toujours, un état de non-expérience.
L'univers est contenu dans la conscience, et le corps physique lui aussi n'est qu'une apparition dans la conscience, perçue et reconnue par la conscience.
Ce qui EST, c'est cette conscience, en dehors de quoi rien ne peut exister.
Shri Nisargadatta Maharaj
Au niveau ultime la Présence est dissoute. Vous ne serez pas conscient quand la Présence devient Omniprésence.
Tout est Un. Il n'y a pas d'individualité.
Cette Présence spontanée, cette Présence invisible, est inconsciente de sa propre identité parce qu'elle est vaste, toute puissante, omniprésente, juste comme le ciel.
Shri Ramakant Maharaj

Si vous comprenez que ce corps n'existe pas, vous êtes libéré du tourment de la mort. Vous êtes en tout et en tout lieu car vous êtes la source de toute chose. Comment pourriez-vous mourir ?
Comprenez que tout est Un, et tout se termine alors.
Ranjit Maharaj

Le Je suprême, non-manifesté, ne possède aucun savoir, il ne se connaît pas, il est totale êtreté. Cette êtreté est reflétée par la conscience, cette conscience a surgi du non-manifesté, sans cause, en créant le temps, l'espace et la matière, elle ne peut exister en l'absence du corps. Elle est la Conscience, il n'y en a qu'Une. Tout ce qui existe est je, tout ce qui existe est moi, mais le Je percevant cela s'est limité en s'identifiant à son support et a perdu cette compréhension. Pourtant, ce manifesté est identique au non-manifesté, à cette présence Absolue. Il n'y a pas de différence entre le Je non-manifesté et le monde. C'est pour cela que vous n'avez besoin d'aucun changement ni d'aucun appui, vous êtes cela. Il faut que votre esprit soit complètement au repos, alors il se dissoudra et il ne subsistera que la réalité.
S'immerger dans cette connaissance « je suis » est Bhagwan, splendeur. C'est une illumination éclairant comme la foudre. Vous êtes seulement lumière et de cette révélation le monde surgit. Ayant atteint ce stade, vous êtes le pur joyau du diadème, le diamant au sommet de la couronne. Mais ayant assimilé, pleinement éveillé, ce qu'est le monde, ce qu'est cette conscience, vous souhaitez vous en débarrasser. Vous découvrez que cette splendeur est le siège de toutes les erreurs, de tous les mensonges. Quand vous l'avez totalement compris, vous transcendez cet état. Ce n'est plus rien, c'est comme du mucus dans la gorge qui vous gêne, vous le crachez.

Shri Nisargadatta Maharaj

Le Soi suprême est votre état naturel, il est au-delà du divin car il est la réalité finale, Il est la vérité éternelle présente dans les quatre états de veille, de rêve, de sommeil profond et de la conscience pure (turya). Si vous essayez de le connaître, il vous apparaîtra comme le néant car il ne peut pas être perçu. Il est là quand tous les concepts prennent fin mais il est quand même présent quand les concepts sont là ! Le mouvement subtil qui est ressenti dans le Soi immuable est appelé « conscience » ou « je suis ». Ce mouvement dans le Soi caractérise l'illusion. Le Soi est affublé de noms tantôt masculins, tantôt féminins et tantôt neutres, mais tous ces noms ne sont que des indications car il ne peut pas être perçu.
L'expérience « je suis » est Existence, Conscience et Félicité (Sat-Chit-Ananda). On lui donne aussi d'autres noms comme connaissance, Dieu ou Soi, etc. Mais ce qui existe éternellement, sans expression ou manifestation, est le Soi suprême (Para-brahman). Om, le son primordial, est aussi le « je suis », il est à la source des mantras. Ainsi le « je suis » est l'illusion primordiale.

Sri Siddharameshwar Maharaj



L'ÉTAT SANS ÉTAT
Visiteur : J'adhère complètement à ce que vous dites Maharaj, mais parfois dans le lâcher prise du sommeil, j'éprouve un sentiment intense, je me vois à la porte de la mort. Je sais que c'est une ouverture merveilleuse, mais en fait j'ai une réaction de panique et en dépit de toutes mes pratiques de méditation, ce sentiment de peur perdure. Comment vaincre cette peur de disparaître, de me fondre ?
Maharaj : C'est parce que vous ne voulez pas être cela. À cause de l'ignorance, vous vous demandez : « si je quitte le monde, que va-t-il se passer ? » Mais puisqu'il n'est pas vrai, pourquoi s'inquiéter ? Pourquoi avoir peur de ce qui n'est pas, peur de quitter ce rien ? Ce qui n'est pas, ne sera jamais. Vous acceptez cette peur dans votre mental car vous pensez que cela est vrai. Cette peur est due à un manque de compréhension, elle est créée par le mental qui ne veut pas mourir. Vous vous demandez ce qu'il va se passer si le mental meurt, mais dans le sommeil profond, que reste-t-il, dites-moi ? Rien. De même ici, si vous dormez au monde, comment la peur pourrait-elle se maintenir ? Alors que vous êtes dans l'état de veille, dites-vous que tout cela n'est pas réel. Le considérer comme vrai ne le rendra pas réel pour autant. Tant que la peur est là, cela veut dire que le mental n'accepte pas que tout n'est rien et l'ego se maintient. L'ego fausse votre vision mais dès qu'il disparaît, la réalité est là. Il occulte la réalité en disant : « je suis quelque chose ». Vous devez vous convaincre vous-même que « je » n'existe pas, je ne suis pas. Si vous n'êtes pas, les autres ne sont pas non plus. Mais si vous êtes persuadé d'être le corps et cet individu, alors les autres vous paraissent réels également. Si la peur est là, c'est qu'il y a une erreur de compréhension. Oubliez la peur et renforcez votre mental jusqu'à ce qu'elle disparaisse. Elle n'existe que parce que vous pensez que le monde est réel. La peur disparaîtra si vous tuez le serpent. Peut-il encore vous effrayer une fois mort ? Il n'y a ni bon ni mauvais car il n'y a rien et si vous ressentez cela profondément, vous n'aurez plus peur. En fait le serpent n'a jamais existé mais votre peur le rend réel. Le mental est terrible car il crée la peur. Oubliez-la et vous serez hors des griffes du mental, vous serez non-mental. Non-mental veut dire : pas de concepts. Enseignez à votre propre mental que rien n'est vrai car c'est ainsi que la peur disparaîtra.
Visiteur : Vous parlez toujours d'oublier, je voudrais savoir comment oublier.
Maharaj : Quand vous dormez, vous oubliez, n'est-ce pas ? De même,
dormez au monde alors que
vous êtes à l'état de veille,
comprenez simplement
qu'il n'est pas vrai,
que tout est zéro.
En philosophie vous devez comprendre votre propre mort : vous n'existez pas, vous n'êtes pas. C'est cela la philosophie mais tant que vous pensez : « je suis là », vous ne pouvez pas oublier. Dans un rêve, vous faites plein de choses mais existent-elles ? Quand vous vous réveillez, pensez-vous avoir fait quelque chose de bon ou de mauvais ? De même, ici à l'état de veille, comprenez que ce que vous faites et ce que vous êtes n'est rien, tout est faux. Où êtes vous, pouvez-vous me le montrer ? Êtes-vous le corps, le mental ? Que pouvez-vous montrez quand tout cela n'est rien ? Tant que le corps est là, vous devez agir et ressentir ; faites-le bien sûr, mais en sachant que ce n'est pas réel. Tant que les yeux sont là, ils doivent voir, mais sachez que ce qu'ils voient n'est pas réel. Tout ce que je peux voir et ressentir n'est pas la réalité. La douleur affecte le corps, elle doit venir, mais comprenez que c'est le corps qu'elle affecte et pas moi. Essayez de vous désidentifier vraiment du corps : « ce n'est pas ma douleur, le corps n'est pas moi. » Votre conviction doit être telle que vous pouvez affirmer avec force : « ce n'est pas mon corps, je ne fais rien, je ne suis rien, je n'existe pas. Je ne suis ni le nom, ni le corps, ni le mental. » Utilisez tous ces instruments mais comprenez que vous êtes différent d'eux. C'est ce qu'on appelle le non-conditionné, le non-attaché. Vous croyez être ces attributs et vous affirmez que ceci ou cela est mien, etc. Par exemple, un homme et une femme qui ont eu un enfant chacun de leur côté avant de se marier, diront : « celui-ci est le mien, celui-là le tien », ils ne comprennent pas qu'ils sont Un. L'ego crée toutes ces séparations alors que
tout n'est qu'Un.
Tous sont vous-même.
Visiteur : Mais comment oublier ce qui n'existe pas ?
Maharaj : C'est très facile. Quel nom donnerez-vous au fils d'une femme stérile ? Il n'existe pas, il n'y a donc pas de problème. Ce qui n'existe pas, n'existe pas. Supposez que vous faites un rêve, au réveil vous l'oubliez instantanément, n'est-ce pas ? Quand vous comprenez que rien n'est vrai, comment les choses pourraient-elles persister ? Comment oublier ce qui n'est pas ?
Par la compréhension, vous oubliez tout.
Le monde n'existe pas.
Même les scientifiques disent que le monde que vous voyez n'est nulle part. Par un simple changement d'état, le sommeil, le monde devient zéro. Au réveil, il redémarre exactement comme une télévision : vous appuyez sur le bouton et le film apparaît, vous éteignez et le film disparaît. Le mental est responsable de tout cela. S'il dit : « c'est là », alors c'est là ; s'il dit : « ce n'est pas », alors rien n'est. Tout dépend du mental, c'est certain. C'est très facile d'oublier dès qu'il accepte que le monde n'est pas vrai. Vous n'oubliez pas pour la simple raison que vous croyez en sa réalité. Vous voyez le rêve mais quand vous vous réveillez, vous dites vous-même qu'il n'est pas réel. De même, quand vous comprenez ce qu'est le monde, où il a commencé et où il finira, vous l'oubliez.
L'origine du monde est le zéro, l'espace,
de là un concept jaillit et le monde entier se manifeste.
C'est exactement comme lorsque vous êtes dans le sommeil profond : soudain une pensée émerge et le rêve se déroule. Le monde est un long rêve et quand vous comprenez que c'est un rêve, vous l'oubliez instantanément. Si vous ne comprenez pas, alors le monde est vrai pour vous. Le mental est étonnant, il peut passer d'une pensée positive à une pensée négative en un instant, il change sans arrêt. Vous ne serez heureux qu'à la condition d'oublier le mental car c'est le seul responsable de toutes les souffrances et de tous les plaisirs aussi. Mental veut dire pensées et les pensées vont et viennent. Comprenez que le mental lui-même n'est pas réel, il ne crée que la confusion. Celui qui est non-mental n'est plus dans la confusion. Essayez d'oublier ce qui n'est pas vrai car c'est le seul remède. C'est ainsi que l'illusion disparaîtra, sinon elle persistera sous une forme ou une autre. Le mental vit dans la crainte permanente de ce qui pourrait se passer ou ne pas se passer, que faire ou ne pas faire est son dilemme. Être ou ne pas être est toujours la question pour chacun de vous. Quand une personne qui vous est chère meurt, vous pouvez pleurer et pleurer encore, mais cela ne vous la rendra pas. Un corps mortel est mort, pourquoi s'en faire ? Vous devez l'oublier ou vous ne pourrez pas vivre dans ce monde. L'oubli est une bonne chose, c'est à cette seule condition que vous pouvez être heureux. Si vous vous souveniez de vos vies passées, vous seriez malheureux à jamais. Dans la vie, toutes sortes d'événements se produisent, certains que vous désirez et d'autres pas mais si vous n'oubliez pas, vous devenez fou ! C'est pour cela que l'on dit que l'oubli est nécessaire. Combien de temps faut-il pour oublier ce qui est illusion ? Vous oubliez à chaque instant. Quand vous prononcez un mot, un autre arrive aussitôt et vous devez oublier le premier pour pouvoir prononcer le suivant. Le mot n'a pas d'entité, il naît dans l'espace, qui est zéro. Vous entendez ce que je dis mais pour continuer à entendre, vous devez oublier ce que j'ai dit précédemment. L'origine du mot est le zéro et sa destination le zéro. Tout se passe très vite, si quelqu'un vous insulte, les mots disparaissent aussitôt prononcés mais l'effet s'imprime dans votre mental. Vos ancêtres sont tous morts, où ont-ils disparu ? Où existent-ils maintenant ? Ils n'ont jamais existé, vous ne pouvez donc pas dire où ils ont disparu. Aujourd'hui, c'est le 17 mai, où a disparu le 16 ? Et d'où apparaîtra le 18 ? Vous calculez les jours et les nuits d'après le soleil mais ce n'est que votre concept car si vous demandez son âge au soleil, il vous répondra : « je ne connais pas les années. » Cette base sur laquelle vous comptez toutes ces années est immuable, le soleil n'a connaissance de rien. De même,
c'est à partir de l'ignorance que
la connaissance est apparue et vous
voyez l'illusion entière se dérouler.
L'ignorance s'est surimposée à la réalité,
de cette ignorance un concept a surgi,
la connaissance et sur ce concept
le monde est créé.
Concept veut dire connaissance.
Tout le monde fonctionne avec la connaissance, c'est par elle que vous créez et agissez. Prendre naissance est un concept et s'ensuivra son cortège de douleurs toute votre vie durant. La vie est un concept, rien d'autre. Quand elle prend fin, le concept disparaît et tout se termine alors. S'il n'y a pas d'espace, il n'y a pas de mots. Les mots et le monde sont apparus grâce à l'espace. Vous avez créé le monde entier mais, dites-moi, y a-t-il autre chose que des mots dans le monde ? Vous dites que c'est l'Inde, la France ou les États-Unis, mais ce ne sont que des mots, des concepts. Vous avez été si loin avec les mots qu'il vous est maintenant impossible de vous comprendre vous-même. Comprenez l'origine des mots, où ils commencent, ensuite oubliez-les et la réalité est là. Les mots, c'est-à-dire la connaissance, ont un grand pouvoir, à partir d'un seul mot quelqu'un peut devenir votre ami ou votre ennemi. D'où viennent les mots ? De votre mental. Ainsi le mental est le facteur essentiel et si vous l'orientez vers le réel, il devient votre meilleur ami. Si vous le dirigez vers le faux, il vous entraîne en enfer. C'est pourquoi les sages mettent le mental de leur côté, ils en font un ami, et finalement le mental lui-même disparaît pour révéler la seule réalité. Le monde et le mental disparaissent, c'est ça la réalité et c'est ce que vous êtes. Il n'y a alors plus à s'en faire, car si vous êtes la réalité, comment l'illusion pourrait-elle se maintenir ? Elle n'existe pas de toute façon.
Quand vous oubliez la réalité, c'est-à-dire vous-même,
le monde apparaît alors dans sa multiplicité.
Les Écritures indiennes disent : « vous avez obtenu une incarnation humaine et si maintenant vous pensez et faites preuve de discernement, vous serez sauvé ». Vous oubliez tout et vous atteignez la réalité. Mais si au contraire vous vous oubliez dans le monde, vous devrez endurer de nombreuses renaissances. Tant que vous êtes identifiés au mental, aux 5 éléments (le corps) et aux 3 attributs (gunas), vous devez prendre naissance après naissance. Mais dès que vous comprenez que vous n'êtes ni le corps ni le mental, vous sortez du cercle des renaissances. C'est pourquoi les êtres réalisés vous disent d'oublier toutes les choses du monde. Rappelez-vous que puisque vous avez pris naissance, vous devez dans cette vie vous connaître vous-même. Ceux qui ne le font pas vivent l'enfer ; enfer veut dire prendre naissance après naissance. Mais en fait, il n'y a ni enfer ni paradis. Être confiné dans le ventre de la mère pendant 9 mois, c'est ça l'enfer, rien d'autre, et pourtant votre plus grand désir est d'avoir un corps mais croyez-moi, vous ne pourrez obtenir une autre réincarnation humaine si facilement. Que faites-vous de bien dans cette vie ? Vous dites que ce qui est faux est vrai, vous mentez sans arrêt. Vous avez tellement menti que vous ne pouvez plus être pardonné ! Vous fraudez sans cesse puisque vous dites « je suis » à ce que vous n'êtes pas. Combien de fois avez-vous dit : « je suis ce corps » ? Dans le monde un seul usage de faux, vous expose à 7 ans de prison, ici il vous faudra endurer 84 millions de renaissances … Oubliez votre identification au corps, comprenez que vous n'êtes pas cette petite chose. Dès que vous oubliez cela, la réalité est là, nul besoin de la chercher. Quand vous dites : « il n'y a personne ici », cela veut bien dire que vous vous êtes là, n'est-ce pas ? Ainsi la réalité est vous-même sans le « vous ». La confusion apparaît parce que vous acceptez d'être le « je ». Oubliez-le car il n'existe pas. Qui reste alors ? La réalité. C'est de cette manière que vous pouvez oublier. Vous acceptez en paroles que le monde est illusion, mais au fond de vous-même, vous le refusez. Si vous l'acceptez totalement, vous êtes hors de l'illusion. Par ignorance vous pensez que tout cela est vrai. Vous dites que vous voulez oublier mais en fait vous ne voulez pas le faire, vous êtes malade mais vous ne prenez le remède prescrit par le médecin. La maladie de l'illusion est telle qu'elle ne disparaîtra jamais à moins que la compréhension ne vous soit donnée par le maître. Alors, l'illusion sera supprimée pour la simple raison qu'elle n'existe pas. Le problème c'est que le mental fait obstacle, d'où toutes ces questions qui se bousculent en vous. Certaines personnes n'ont aucun désir de comprendre mais veulent simplement polémiquer. Que peut-on dire à propos de ce qui n'est pas ? Et que peut-on oublier quand ce n'est pas ? Ainsi ce qui n'est pas, n'est pas et ne sera jamais, c'est une évidence. En fait, c'est facile d'oublier : vous avez oublié aujourd'hui ce qui s'est passé hier et vous oublierez demain ce qui s'est passé aujourd'hui. Par un simple changement mental tout disparaît et si ce changement se produit vous devenez la réalité, sinon vous restez une petite créature dans le monde. Quelle valeur peut bien avoir ce petit corps dans ce monde immense ? Il peut disparaître en un rien de temps si la déconnexion se produit, mais vous êtes si fier de cette chose qui peut disparaître à tout moment. Vous vous croyez important, vous croyez faire de grandes choses avec ce corps. L'existence de l'ego ne repose que sur du vent, c'est-à-dire la respiration. Quand elle s'arrête, où est l'ego ? Tant que vous respirez, vous dites que l'illusion est vraie, mais quand la respiration s'arrête tout devient zéro. Alors même que vous êtes en vie, comprenez que l'illusion n'est pas vraie. Mais l'ego ne vous autorise pas à l'accepter.
Oublier le monde veut dire
comprendre qu'il n'est pas.
Si vous le comprenez ainsi, vous êtes sûr d'atteindre la réalité car vous êtes elle. Votre mental est sous l'influence de l'ignorance et il affirme que tout est vrai. Ce qui n'est pas, vous dites que cela est. Exactement comme un ivrogne qui sous l'effet de l'alcool vocifère : « je suis un roi, je suis un roi ! » Qui peut l'arrêter ? Pourtant vous persistez à dire : « je suis cela ». C'est seulement votre concept, votre pensée et la pensée fonctionne sur le souffle, la respiration. Quand le souffle s'arrête tout disparaît, pour le pauvre comme pour le riche, tout s'évanouit. Ainsi, comprenez, avant d'être à bout de souffle, d'où vient cette respiration, ce souffle. Elle vient de la réalité car tout se surimpose à elle, sur elle tout apparaît et disparaît mais elle seule est véritablement. Vous devenez vous-même la réalité lorsque vous comprenez cela, et alors tout ce que vous voyez et percevez n'est rien d'autre que vous-même. Le Christ a dit : « Connaissez-vous vous-même et vous connaissez le monde ». Quand le mental atteint cette compréhension, il est toujours heureux, il sait qu'il n'y a plus à s'en faire. Vous êtes si malheureux sous l'emprise de l'ignorance ! Soumis au désir, vous voulez tout, le mental mendie sans cesse, il veut toujours quelque chose et n'est jamais satisfait. Vous êtes comblé quand vous vous comprenez vous-même.
Visiteur : Maharaj, vous avez dit que certaines personnes ont accédé à la connaissance mais sont retombées dans l'ignorance avec un ego encore plus fort qu'avant. Pourriez-vous développer cela ?
Maharaj : Vous revenez dans l'illusion quand vous oubliez votre compréhension. Le mental doit avoir la ferme conviction que « je » n'existe pas. Mais si vous oubliez votre véritable nature et revenez dans l'illusion, qui peut vous arrêter ? Tout dépend de la force de votre conviction. La seule chose à comprendre est que « je » n'existe pas, que seule la réalité est. « Je » est une illusion et si vous le comprenez vraiment, comment pourrait-elle vous toucher à nouveau ? Quand vous vous oubliez, c'est l'illusion qui vient au premier plan. Celui qui ne boit pas n'est pas sous l'influence de l'alcool, n'est ce pas ? C'est celui qui boit qui subit les effets de l'alcool. Si vous comprenez vraiment le monde, vous ne pouvez pas revenir dans l'illusion. Le mental doit être complètement convaincu, c'est la conviction que ce qui n'est pas, n'est pas et ne sera jamais, ce qui est mort ne peut revivre. Votre désir d'avoir un corps est ego, mais si l'ego meurt, ce désir ne peut pas revenir. Ce qui a disparu a disparu. Il ne peut y avoir de retour en arrière quand la compréhension est fermement établie. Si en face de vous, il y a un flacon sur lequel est écrit « Poison », y toucherez-vous ? Au contraire, vous l'éloignerez de votre vue. On dit : « loin des yeux, loin de la pensée ». Que dire de celui qui revient dans l'illusion du monde sinon que c'est un fou qui a eu la compréhension mais l'a perdue. La compréhension doit être complète et bien digérée, celui qui revient n'a donc pas compris. Il va simplement jusqu'à la source de la connaissance, qu'il considère comme réelle mais cette connaissance est l'ego. Le véritable maître vous dit
d'oublier l'ignorance mais la connaissance également.
Tout savoir peut être oublié, cela veut dire
que la connaissance n'est pas vraie.
Vous vous rappelez de quelque chose en ce moment mais l'instant suivant, vous l'oubliez n'est-ce pas ? Ce qui change n'est pas vrai.
Vous devez allez au-delà de
l'ignorance et de la connaissance.
La connaissance elle-même vient de l'ignorance,
c'est-à-dire de l'oubli de la réalité et
l'ego de la connaissance est le pire des ego.
Socrate a dit : « je sais que je ne sais rien ». Ce que vous savez n'est rien, n'est pas vrai car la connaissance est toujours fausse. C'est à cause de l'ignorance que la connaissance est apparue, ainsi
si vous oubliez la connaissance,
l'ignorance disparaîtra automatiquement.
Dans le sommeil profond, vous êtes près de la réalité mais le problème c'est que vous ne le savez pas. Vous allez au point zéro mais vous ne devez pas en rester là car
vous êtes au-delà du zéro, du vide.
Au réveil vous dites Om (quelle que soit votre langue) et alors le monde surgit. Les Écritures hindoues disent que Om est le commencement.
Avec Om, le « je » surgit
et tout le reste suit,
en revanche quand le « je » disparaît, tout est terminé.
Tuer votre ego signifie tout simplement comprendre qu'il n'est pas. Mais vous voulez être quelque chose, votre désir le plus fort est l'ego, c'est « je suis ». Quand le « je » dort, où êtes-vous ?
Le « je » disparaît et c'est le vide, zéro.
Allez au-delà du vide par la compréhension.
Si la compréhension est claire et nette, il n'est plus possible de revenir dans l'illusion, seuls ceux qui se sont arrêtés à la connaissance reviennent dans le monde et ensuite ils recherchent pouvoir, célébrité ou argent. On dit que les plus grands hommes sont partis inconnus, Rama et Krishna étaient des héros secondaires. On les appelle Avatars, mais quelle que soit l'incarnation c'est toujours une chute, c'est-à-dire une marche plus bas car ils sont devenus quelque chose, n'est ce pas ? L'incarnation est une limitation. L'être réalisé vit silencieusement et disparaît en silence, il ne dit jamais : « je suis réalisé ». Qui peut prétendre être réalisé quand le « je » n'existe plus ? Il ne dit jamais : « j'existe » ; rien ne persiste pour lui mais ensuite sa pensée se diffuse dans le monde.
Visiteur : Ce qui nous empêche d'oublier le mental, c'est en fait l'attachement au plaisir des sens, comment parvenir à ce détachement ?
Maharaj : La connaissance est la cause de l'attachement. Si vous ne la craignez pas, alors vous pouvez la transcender et l'attachement disparaît. L'attachement aux sens est lié au corps mais vous n'êtes pas cela. La connaissance se connecte à votre corps quand vous prenez naissance et tous les attachements sont créés par les sens. Il y a cinq sens de la connaissance et cinq sens de l'action. Quand les yeux voient, c'est la connaissance, quand vous goûtez, entendez, c'est aussi la connaissance, mais vous dites : « je vois, je goûte, j'entends ... » En fait tout est dû à la connaissance. Si elle disparaît, les dix sens ne fonctionnent plus dans le corps. À partir de la connaissance, toutes les choses illusoires sont apparues, alors pourquoi la considérez-vous comme réelle ? Dans un rêve, vous voyez et faites toutes sortes de choses, mais au réveil dites-vous : « j'ai fait tout cela » ? Non, car vous savez que c'est faux. Ici c'est pareil, il s'agit d'un long rêve où une multitude de choses semble se passer et vous dites : « j'ai fait cela ». Alors qu'en fait vous n'existez pas, c'est cela que vous ne comprenez pas.






Le monde entier a jailli du Sat-Chit-Ananda, on l'appelle la racine du monde. C'est la félicité. Mais le Sat-Chit-Ananda n'est pas vrai, c'est un concept. Il est votre êtreté : « je suis, je suis connaissance, je suis félicité. » Tout cela est l'œuvre du mental et il doit être transcendé car il vous donnera toujours une fausse compréhension. Si la réalité n'était pas, rien ne pourrait apparaître. L'écran, la réalité, est là, c'est pourquoi les images peuvent se former, mais l'écran n'a ni amour ni indifférence. N'aimez personne et ne détestez personne, c'est le mental qui fait ces discriminations, l'écran n'en fait pas. Les cinq doigts sont différents, mais vous savez que c'est votre main ; c'est cela l'Unité.
Si vous comprenez que vous n'êtes pas le corps, votre conscience devient universelle. Toute limitation disparaît. Vous devenez la conscience-connaissance universelle. Malgré tout cette connaissance est aussi illusion, ignorance finalement. En effet, la source de la conscience-connaissance elle-même, a pour origine l'oubli ou l'ignorance de la réalité. Vous devenez donc la création toute entière, la conscience-connaissance du monde, mais c'est encore l'illusion. Cet ego qui devient la conscience universelle est, en fait, le pire des ego : « je suis le créateur du monde, je suis omnipotent, etc. » Mais vous êtes le créateur de plus d'illusion, de plus d'ignorance, alors quelle en est l'utilité ? Cette compréhension que la conscience universelle est toujours l'ego doit mûrir, pour se dissoudre dans la réalité. Dans la réalité finale, il n'y a ni conscience, ni ignorance et c'est ce que vous êtes, c'est votre véritable nature.
C'est à partir de l'ignorance que la connaissance est apparue et vous voyez l'illusion entière se dérouler. L'ignorance s'est surimposée à la réalité, de cette ignorance un concept a surgi, la connaissance et sur ce concept le monde est créé. Concept veut dire connaissance. Tout le monde fonctionne avec la connaissance, c'est par elle que vous créez et agissez. Prendre naissance est un concept et s'ensuivra son cortège de douleurs toute votre vie durant. La vie est un concept, rien d'autre. Quand elle prend fin, le concept disparaît et tout se termine alors.

Ranjit Maharaj











Les Bhajans de la Lignée de Shri Ramakant Maharaj ici en pdf (en français)


CHIDANANDA (Bhajan de la Lignée)




Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

Je ne suis pas le mental, l’intellect, l’égo ou le subconscient. Je ne suis pas les oreilles, la langue, le nez ou les yeux. Je ne suis pas l’espace, la terre, le feu ou le vent.

Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

Je ne suis pas la force de respirer, les sept éléments vitaux du corps, ni les cinq couvertures. Je ne suis pas la parole, les mains, les pieds, ni le rectum.

Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

Je ne suis pas l’envie, la cupidité, ni le désir, ni l’attirance. Je ne suis pas l’arrogance, ni la fierté, ni la jalousie, ni la religion, ni la fortune, ni les dépenses pour l’humanité, ni la libération.

Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

Je ne suis pas la vertu, le péché, la joie et la tristesse. Je ne suis pas le Mantra, le pèlerinage, les Écritures, les offrandes ou le feu rituel. Je ne suis pas la nourriture, l’action de manger et ce qui est mangé.

Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

Je ne suis pas la mort, le doute, ni la discrimination de castes. Je ne suis pas le père, la mère, donc pas de naissance. Je ne suis pas le frère, ni l’ami, ni le Gourou, ni l’aspirant.

Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

Je suis au-delà des concepts, sans changement, au-delà de la forme. Je suis tout étendu dans tous les sens. Je vois l’égalité dans chacun. Je ne suis ni libéré, ni lié.

Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

C’est complet et parfait. C’est complet et parfait.
Du complet et parfait, le complet et parfait devient manifesté.
Si le complet et parfait sort du complet et parfait, même alors le complet et parfait restera toujours.




L’UN, qui avec compréhension, savoure le monde.

(ARATI)
J’ai reçu une grande fortune qui m’a poussé hors des affaires du monde.
J’ai rencontré mon Sadgourou et je fais ce qu’Il me demande.
Il m’a mis dans la bonne direction, vers l’intérieur où est le Soi.
Après la traversée des attributs, vous atteindrez Pandhari, où Vithoba réside.
Comment décrire ce bonheur ? Quand l’égo s’en va le bonheur demeure.
Par la lumière de la compréhension qu’Il m’a donnée, mon égo est complètement détruit.
Je vais vers le Soi. Le corps reste mais je ne m’occupe plus de lui.
Le mental devient pas de mental, aucune trace de lien demeure.
Fusionné dans le Soi, j’ai oublié pourquoi je suis venu ici ! Les mots sont sans signification.
Je suis devenu l’UN, je vois seulement Moi-même partout.
Les Trois attributs sont brûlés, je les ai transcendés.
L’Indestructible, l’Eternel est merveilleux. La lumière de l’Illumination de Soi ne diminue jamais.

Le nom et la forme créent la dualité, mais IL est Un, partout.
Namdev : « Si ce que je dis n’est pas la vérité, je couperai ma tête ! ». (Mais personne ne peut couper Cela !!)
L’univers entier et son créateur sont contenus dans une graine de sésame.
Tout vient de zéro, retourne à zéro et n’a aucun volume. Tout est rien.
Le propriétaire de l’univers entier demeure à l’intérieur d’une petite maison graine de sésame.
La plus petite graine contient tous les trois mondes.
Cependant rien n’est plus grand que Moi-même, qui n’ai aucun volume.
Le propriétaire de Cela va et vient.
De rien vient toutes les choses, même les Dieux.
Rien est très puissant. Rien ne peut arriver.
Oubliez la connaissance et l’ignorance et vous êtes LUI.
Quand quelque chose est là, vous ne pouvez rien faire de plus ou de moins.
Tuka dit, dans une petite graine ou une petite goutte se trouve l’ensemble de la création transitoire.

5. Je suis la joie originelle

Partout la béatitude ! À l’intérieur et à l’extérieur !
Joie ! Joie ! Rien n’est là excepté Moi-même. Je suis la Joie Originelle !
IL est partout et Cela est la joie !
À l’intérieur et à l’extérieur, tout est joie, au-delà de la connaissance.