Le chemin de la fourmi
et la voie de l'oiseau
par Ranjit Maharaj

Source : « Je ne parle que de vous. » par Ranjit Maharaj - Les Deux Océans (Paris)



En vérité, votre état est la Félicité Absolue, pas cet état du monde du phénomène. Dans l'état du non-phénomène vous êtes félicité totale, mais vous n'en pouvez faire l'expérience. Dans cet état il n'y a ni misère ni malheur, seulement une pure félicité.
Quand la conscience est sans forme et ne se connaissant pas elle-même, elle est l'Absolu. Nous sommes uniquement cette conscience. L'éternel est pour toujours, un état de non-expérience.
L'univers est contenu dans la conscience, et le corps physique lui aussi n'est qu'une apparition dans la conscience, perçue et reconnue par la conscience.
Ce qui EST, c'est cette conscience, en dehors de quoi rien ne peut exister.
Shri Nisargadatta Maharaj
Au niveau ultime la Présence est dissoute. Vous ne serez pas conscient quand la Présence devient Omniprésence.
Tout est Un. Il n'y a pas d'individualité.
Cette Présence spontanée, cette Présence invisible, est inconsciente de sa propre identité parce qu'elle est vaste, toute puissante, omniprésente, juste comme le ciel.
Shri Ramakant Maharaj

Si vous comprenez que ce corps n'existe pas, vous êtes libéré du tourment de la mort. Vous êtes en tout et en tout lieu car vous êtes la source de toute chose. Comment pourriez-vous mourir ?
Comprenez que tout est Un, et tout se termine alors.
Ranjit Maharaj

Le Je suprême, non-manifesté, ne possède aucun savoir, il ne se connaît pas, il est totale êtreté. Cette êtreté est reflétée par la conscience, cette conscience a surgi du non-manifesté, sans cause, en créant le temps, l'espace et la matière, elle ne peut exister en l'absence du corps. Elle est la Conscience, il n'y en a qu'Une. Tout ce qui existe est je, tout ce qui existe est moi, mais le Je percevant cela s'est limité en s'identifiant à son support et a perdu cette compréhension. Pourtant, ce manifesté est identique au non-manifesté, à cette présence Absolue. Il n'y a pas de différence entre le Je non-manifesté et le monde. C'est pour cela que vous n'avez besoin d'aucun changement ni d'aucun appui, vous êtes cela. Il faut que votre esprit soit complètement au repos, alors il se dissoudra et il ne subsistera que la réalité.
S'immerger dans cette connaissance « je suis » est Bhagwan, splendeur. C'est une illumination éclairant comme la foudre. Vous êtes seulement lumière et de cette révélation le monde surgit. Ayant atteint ce stade, vous êtes le pur joyau du diadème, le diamant au sommet de la couronne. Mais ayant assimilé, pleinement éveillé, ce qu'est le monde, ce qu'est cette conscience, vous souhaitez vous en débarrasser. Vous découvrez que cette splendeur est le siège de toutes les erreurs, de tous les mensonges. Quand vous l'avez totalement compris, vous transcendez cet état. Ce n'est plus rien, c'est comme du mucus dans la gorge qui vous gêne, vous le crachez.

Shri Nisargadatta Maharaj

Le Soi suprême est votre état naturel, il est au-delà du divin car il est la réalité finale, Il est la vérité éternelle présente dans les quatre états de veille, de rêve, de sommeil profond et de la conscience pure (turya). Si vous essayez de le connaître, il vous apparaîtra comme le néant car il ne peut pas être perçu. Il est là quand tous les concepts prennent fin mais il est quand même présent quand les concepts sont là ! Le mouvement subtil qui est ressenti dans le Soi immuable est appelé « conscience » ou « je suis ». Ce mouvement dans le Soi caractérise l'illusion. Le Soi est affublé de noms tantôt masculins, tantôt féminins et tantôt neutres, mais tous ces noms ne sont que des indications car il ne peut pas être perçu.
L'expérience « je suis » est Existence, Conscience et Félicité (Sat-Chit-Ananda). On lui donne aussi d'autres noms comme connaissance, Dieu ou Soi, etc. Mais ce qui existe éternellement, sans expression ou manifestation, est le Soi suprême (Para-brahman). Om, le son primordial, est aussi le « je suis », il est à la source des mantras. Ainsi le « je suis » est l'illusion primordiale.

Sri Siddharameshwar Maharaj



Visiteur : Quand vous initiez le disciple, vous lui donnez un mantra à méditer. Suffit-il de répéter ce mantra pour atteindre la réalité ?
Maharaj : Il y a deux chemins qui mènent à la réalisation : celui de l'oiseau et celui de la fourmi. On peut réaliser par la méditation du mantra, c'est le chemin de la fourmi. Un seul mot peut avoir un immense pouvoir. C'est en répétant le nom que vos parents vous ont donné, que vous vous êtes persuadé d'être ce nom, et sous cette identité vous avez fait tellement de choses. Un nom (le mantra) vous est donc donné par le maître et vous pouvez atteindre la réalité finale par la répétition de ce simple mot, mais c'est un long chemin. Dans le monde il n'y a que des mots, l'univers entier n'est fait que de mots mais un seul mot peut gommer l'illusion.

Votre pire ennemi peut devenir votre ami en un rien de temps, par un simple changement de pensée. De même, un seul mot (une pensée) d'un maître accompli est suffisant pour que le disciple s'éveille, mais c'est un long chemin. Mon maître a trouvé le chemin le plus court, celui de la pensée, de la réflexion. C'est pour avoir manqué de réflexion que vous êtes devenu si petit et c'est par la réflexion que vous pourrez devenir le plus grand des grands. Mais si vous n'avez pas de penchant pour la réflexion, vous pouvez prendre la voie de la méditation. Vous devrez alors méditer des heures durant, quotidiennement. Les gens disent qu'ils méditent mais la plupart d'entre eux ne savent pas comment méditer, ils restent dans la dualité : Dieu et moi sommes séparés. Cette attitude est un obstacle.

Un mot du maître est suffisant. Les mots peuvent détruire les mots, la pensée peut briser la pensée en une fraction de seconde. Par la réflexion vous pouvez transcender les mots et c'est là que vous êtes. Dans la méditation, vous devrez de toute manière dissoudre votre ego, le méditant, le processus de méditation et en fin de compte, vous-même. C'est un processus très lent que personne n'a le temps de suivre dans le monde d'aujourd'hui. Les gens n'ont même plus le temps de mourir, ils disent tous : « attendez, attendez, j'ai quelque chose à faire avant d'aller vous voir ! » Le monde va si vite maintenant, mais mon maître a trouvé la voie la plus directe. C'est à cause des mots que vous croyez le monde vrai. Il n'y a que des mots dans cette vie, s'il n'y avait pas les mots, où serait le monde ? Si vous n'aviez pas de nom, où serait l'ego ?

Un simple mot, le nom, donné par vos parents, et vous êtes devenu cela. Vous l'avez accepté et intégré avec beaucoup de conviction, mais le faux n'en deviendra pas vrai pour autant. Tous les professeurs que vous avez eus dans votre vie vous ont répété que le monde est réel et vous l'avez cru. Si vous méditez exclusivement le nom (mantra) que vous donne le maître, vous pouvez progresser, mais c'est un long chemin hérissé d'obstacles.
A l'étape ultime tout doit se dissoudre :
le mantra, le méditant, vous-même et
c'est alors que vous êtes « cela ».
La fourmi grimpe lentement à l'arbre, elle peut mourir avant d'avoir atteint la cime. Il lui faudra donc plusieurs naissances pour atteindre le but. L'oiseau, quant à lui, vole d'arbre en arbre en un coup d'ailes, c'est la voie que mon maître enseignait, bien qu'il ait lui-même réalisé par la voie de la méditation enseignée par son maître Bhausaheb Maharaj. La lignée a été fondée par Bhausaheb Maharaj dans la tradition de la méditation. A cette époque, les gens n'étaient pas enclins à la réflexion, la méditation était donc la voie qui convenait le mieux. Après la mort de Bhausaheb Maharaj en 1914, mon maître s'en alla sur les routes de l'Inde en compagnie de trois co-disciples pour divulguer l'enseignement de son maître. Mais un jour, il se heurta à l'incompréhension de ses compagnons de voyage dans sa détermination à trouver la voie directe. Ses compagnons firent valoir que puisque Bhausaheb Maharaj n'avait enseigné que la voie de la méditation, ils devaient en tant que disciples suivre la même voie sans en dévier. C'est alors qu'il décida de poursuivre seul son chemin. Il rentra à Bijapur, et s'assit en méditation, fermement décidé à atteindre la compréhension finale. Il ne se leva que neuf mois plus tard, tant sa détermination était grande. « J'atteindrai le but, même au prix de ma vie », disait-il. Ce n'était pas un homme très cultivé, mais sa capacité de réflexion était remarquable et sa détermination telle, que rien ne pouvait l'arrêter. Avant de rencontrer son maître il était adepte de culture physique, il pouvait faire un millier de pompes sans s'arrêter. Un ami lui parla un jour de Bhausaheb Maharaj et lui suggéra de prendre le chemin de la philosophie. Il ne resta que six ans en compagnie de son maître, mais au bout de quatre ans il renonça au monde et se consacra à l'enseignement de la méditation. Après la disparition de son maître, animé d'un profond désir d'atteindre la réalisation, il se mit à chercher une alternative à la voie de la méditation. Son maître n'avait enseigné que la méditation, mais sa foi et sa force mentale étaient telles qu'il décida d'aller plus loin. Sa foi avait des yeux, elle n'était pas aveugle et après neuf mois de méditation continue, son maître lui apparut. Il lui dit alors : « lève-toi maintenant car tu as compris ». La méditation est aussi une bonne voie, mais par la réflexion et la pensée vous allez beaucoup plus vite. Il décida donc d'enseigner le chemin de l'oiseau.

Dans les Écritures, on dit qu'il faut tout d'abord renoncer au monde et c'est ensuite que la connaissance est donnée par le maître. Mais mon maître disait à l'inverse qu'il fallait tout d'abord donner la compréhension au chercheur pour que le renoncement au monde ait un sens. Renoncer sans comprendre n'a pas de sens. Si vous comprenez que ce que vous voyez et percevez n'est pas vrai, alors le fait de renoncer prend toute sa signification. Quelle solution vous reste-t-il quand vous comprenez que le monde n'est pas réel, que tout est illusion, sinon d'y renoncer ?

Le jour où Siddharameshwar Maharaj demanda à ses disciples de renoncer à leur vie dans le monde et de prendre les routes de l'Inde en mendiant leur nourriture, il leur déclara : « que le monde entier soit votre demeure ». Puis quand les disciples revinrent vers lui, il leur demanda alors de renoncer au renoncement et ajouta : « puisque rien n'est vrai, à quoi donc avez-vous renoncé ? » Le renoncement est encore du domaine de l'ego. « Soyez un être ordinaire dans le monde maintenant » dit-il ensuite. Il donna alors l'enseignement final :
la connaissance elle-même est fausse.
En fin de compte, la connaissance aussi
doit se dissoudre, et c'est alors que
vous êtes la réalité. Là, tout est accompli.
Soyez sans peur et rugissez comme un tigre, ne soyez pas une petite souris qui fuit toujours ici et là. L'homme est pétri de peurs et d'inquiétudes, il vit dans l'incertitude permanente : que faire dans ce monde, et que ne pas faire ? Même lorsqu'il prie, il est dans la crainte des fautes qu'il a commises. Parfois les gens me demandent conseil pour savoir si ce qu'ils font est juste ou pas et je leur dis de ne pas s'inquiéter. Vous vous tourmentez pour des choses si insignifiantes ! Vous avez même peur du maître et de Dieu. Mais puisqu'il n'y a rien, qu'est-ce qui est une faute et qu'est-ce qui ne l'est pas ? Quand vous comprenez, le pouvoir se révèle et tout ce que vous faites est juste. Ayez donc le courage de dire que tout est bien tel que cela est, tout est à sa place, où que vous posiez votre doigt c'est la réalité. Le pouvoir de votre esprit doit être fort, ne craignez rien ni personne. Mais le mental se laisse impressionner par tout, ensuite il prend peur. Le maître supprime cette peur et fait de vous un lion rugissant ! Tout est réel pour vous, votre mental accepte ce fait, alors vous mourrez identifié à ce mot, à ce nom qu'on vous a donné à la naissance. Mais si vous renforcez votre esprit, quelle que soit la voie que vous suivez, la méditation ou la connaissance, vous pouvez atteindre la réalité finale. Si une fourmi se concentre sur l'abeille, un jour, elle aussi pourra voler. Vous devez donc voler sans ailes. C'est pour cela que je dis souvent : « ne posez pas de questions, faites votre devoir et mourez. » Ce que j'entends par faire son devoir, ce n'est pas d'aider une vieille dame à traverser la rue ! Il s'agit du devoir vis à vis de vous-même, de votre véritable nature. La compréhension de vous-même, « qui suis-je ? » Vous avez une vision déformée de vous-même et par conséquent, tout ce que vous faites est faux. Lorsque vous êtes la réalité, tout ce que vous faites est juste. Je dis cela, parce que
tout n'est qu'illusion.
Votre compréhension doit être solide, mais votre volonté est affaiblie par vos pensées et vos doutes. La force de votre esprit dépend de vos pensées. « Je » veut dire « je » et « réalité » veut dire « réalité », comprenez cela.
Puisque vous n'existez pas,
il n'y a que la réalité.
Il n'y a rien de plus à ajouter. Quand le « je » est là, la réalité n'est pas. Tant que vous êtes identifié au « je », la réalité dit : « je dors », elle reste silencieuse. Comme la mère nourrit son enfant, le maître nourrit le disciple, en lui donnant la compréhension. Vous pouvez comprendre en ce moment même, à condition bien sûr que la connaissance vous soit transmise correctement. Votre mental doit être fort au point de pouvoir briser une bûche de bois en deux morceaux. Mais c'est une poule mouillée ! Ne soyez pas un poussin au cœur tremblant, ayez le cœur d'un maître. Utilisez votre pouvoir de la manière juste. Ayez la force de dire que
ce pouvoir qui est à l'origine de tout
ce qui est, n'est pas réel non plus.
Vous devez avoir cette envergure. Votre pouvoir est si puissant ! Soyez courageux au point de dire : « peu importe si je meurs. » Vous avez peur, parce que vous persistez à vous identifier au corps. Quand vous savez que vous n'êtes pas le corps, allez-vous vous en préoccuper encore ? Pourquoi s'en faire, pourquoi être touché par quoi que ce soit ? Dites sans hésiter que ce qui est vrai est vrai, et ce qui ne l'est pas, ne le sera jamais. Les ignorants répètent souvent que Dieu fait tout, Dieu a tout pouvoir etc, mais l'instant d'après ils disent : « il faut que je fasse ceci et cela, etc. » Il faut croire que les deux ont tort ! Laissez donc Dieu faire ce qu'il a à faire, pourquoi vous en occuper ?

Soyez le disciple du maître véritable,je ne veux pas dire que je suis ce maître, car ce serait une preuve d'ego. Mon maître est le véritable maître (Maharaj montre la photo de son maître). Il m'a donné la compréhension et alors une fourmi est devenue abeille, elle a pu voler. Une fourmi est devenue sans peur, elle peut désormais courir n'importe où sans la moindre crainte. En fait, la voie de la méditation et celle de la connaissance sont semblables puisque les deux nécessitent la réflexion. La pratique du mantra passe aussi par la pensée et pendant les discussions qui concernent la connaissance, vous pouvez aussi être en méditation. La réflexion est sollicitée dans les deux voies. Le maître vous dit que c'est votre choix maintenant, car il n'y a en fait que deux choix : l'un est le vrai bonheur et l'autre la souffrance. Là où vous voulez aller, vous irez. Le maître n'est qu'un indicateur, il vous conduit jusqu'au seuil, mais son rôle se termine ici, car il n'existe plus ensuite. Ayez l'esprit solide et la capacité d'accepter ce qu'il vous dit. Si vous avez foi en lui, votre capacité se renforcera automatiquement. Quand vous acceptez de prendre les vitamines que le médecin vous donne, votre vigueur est renforcée, n'est-ce pas ? Le maître est une vitamine pour vous, soyez fort et oubliez ce corps qui n'est d'ailleurs qu'un cadavre.
Visiteur : Y a-t-il quelque chose de plus dans la voie de la connaissance que dans celle de la méditation du mantra ?
Maharaj : Le but est le même pour les deux, je viens de vous le dire, pourquoi reposez-vous la même question ? L'une est plus longue que l'autre, c'est tout. Autrefois le courrier prenait des semaines, sinon des mois pour arriver en Inde, vous aviez le temps de mourir avant que votre lettre ne soit lue, mais de nos jours vous pouvez joindre n'importe qui n'importe où, instantanément avec le courrier électronique. De même, prenez de la vitesse et de l'envergure pour comprendre et accepter ce que vous dit le maître. Pourquoi cela vous pose-t-il problème ? Il est vrai qu'au début la pratique du mantra rend le mental plus subtil.
Visiteur : Le fondement du mental c'est la peur, mais vous dites que le cœur et le mental sont un. Le cœur est-il aussi fondé sur la peur ?
Maharaj : Non, le cœur n'a pas de peur, c'est le mental qui a peur. Le cœur donne l'impulsion aux pensées. Cœur et mental sont comme des frères jumeaux, une pensée prend forme dans le mental et le cœur lui donne la force, le pouvoir. Sans cœur vous ne pourriez rien faire. L'électricité a-t-elle peur de quelque chose ? Elle donne l'énergie à l'ampoule. Elles sont deux, mais elles fonctionnent ensemble. Un cadavre peut-il avoir une pensée ? Le cœur c'est la vie, le pouvoir et l'énergie. Le mental sépare et discrimine, il crée des différences. Il est toujours confronté au dilemme : que faire, que ne pas faire ? Il fonctionne ainsi. Le pouvoir c'est la force qui donne l'impulsion au mental. Le cœur est votre âme, êtes-vous d'accord ?
Visiteur : Voulez-vous dire que le pouvoir du cœur est amour et qu'il fait que les choses peuvent se produire ?
Maharaj : Vous le nommez amour, mais le pouvoir n'a d'amour pour personne. La notion d'amour est un produit du mental : « j'aime, je n'aime pas ».
Visiteur : Par amour j'entendais communion.
Maharaj : Oui, j'entend bien, mais l'amour n'est pas vrai. Qu'en dites-vous maintenant ? L'amour naît quand il y a association ou rencontre mais quand il n'y a personne, qui donc aimer, dites-moi ? Quelque chose d'autre doit être là, un homme, une femme ou un arbre. Où est l'amour ? Les maîtres eux-mêmes parfois disent des non-sens. Ils parlent d'aimer tous les êtres, mais si je suis tous les êtres, qui puis-je aimer ? Si vous aimez un serpent, il vous mordra et vous mourrez, ou si c'est un lion que vous vénérez d'un peu trop près, il vous dévorera. Ainsi, il vaut mieux vénérer à distance. L'électricité est le pouvoir, mais si vous y touchez, vous mourrez. La connaissance est apparue et elle est toute puissante, mais si vous la touchez, c'est elle qui meurt, pas vous. Elle disparaît pour ne laisser que la seule réalité. La compréhension doit naître en vous, mais cela dépend maintenant de votre mental et de votre calibre. Je ne dis pas que ce que vous dites est faux, mais s'il n'y a qu'Un, qui pouvez-vous aimer ou ne pas aimer ? L'amour n'existe que quand il y a deux. Puis-je m'embrasser moi-même ? Quand vous dites que l'on s'aime soi-même, parlez-vous du corps, du mental, du cœur ou de la réalité ?
Visiteur : Mais quand on aime sa véritable nature, le Soi ...
Maharaj : Alors il n'est plus question d'amour, le Soi est le Soi.
La réalité ne meurt jamais,
elle ne s'en va jamais,
elle est toujours là.
Tout le monde pleure quand le corps disparaît, mais le pouvoir ne meurt pas avec lui. Les sages ne pleurent pas car ils savent que rien ne s'est passé. Le pouvoir donne la vie à toute chose dans ce monde, vous ne pouvez pas le voir, mais il est là. Vous devez discerner et décomposer les choses pour comprendre ce qu'elles sont et comment elles fonctionnent. Les cinq éléments associés au pouvoir sont assemblés de manière à fonctionner et quand la déconnexion se produit, les éléments se séparent. Qui donc aimer ? Ainsi, « amour » signifie : aimez-vous vous-même, votre Soi, il est ici synonyme de non-dualité. L'amour c'est la compréhension.
Visiteur : La réalité est-elle amour ?
Maharaj :
Le Soi est le Soi
et il n'y a que Lui.
Qui aimer, qui ne pas aimer ? Quand l'amour survient, alors les pensées arrivent aussi. L'amour de quoi ? S'il n'y a que l'unité, que pouvez-vous aimer ? Puisque vous n'acceptez pas ce que je dis, je vais être plus radical : l'amour est illusion. Vous ne pouvez aimer que quelque chose d'autre que vous-même. Comment pouvez-vous vous aimer vous-même ? Qui aime ? Cette entité n'existe pas. Qui l'électricité pourrait-elle aimer ? Qui le pouvoir aimerait-il ? Le pouvoir ne sait pas qu'il est pouvoir. C'est parce que vous êtes dans l'ignorance que le maître vous dit d'aimer la réalité mais ensuite, quand vous avez compris que vous êtes la réalité elle-même, il n'est plus question d'amour. Tout le monde en fait, n'aime que soi-même, personne n'aime les autres. Vous aimez votre corps en premier lieu, l'amour pour les autres vient ensuite, il est secondaire. Qu'est-ce qui est le plus « aimable » ? C'est soi-même. Vous n'êtes ni le corps ni le mental et la connaissance n'est pas non plus votre véritable nature. La réalité est vous-même. Dans la réalité finale il n'y a ni "vous", ni "je", ni mental ni pensées. Ainsi qui aimer, qui ne pas aimer ? Celui qui est le Soi n'aime pas parce que tout le monde est lui-même. Vous avez l'habitude de « faire », mais en fait il n'y a rien que vous puissiez faire pour obtenir la réalité. Vous ne pouvez pas la posséder. Oubliez tout, oubliez la méditation et installez-vous en vous-même. L'amour ne peut exister que dans l'êtreté. Dans le sommeil profond, aimez-vous quelqu'un ? Un enfant voit le reflet de la lune dans l'eau et dit à sa mère : « je veux cela ». Peut-elle lui donner ce qui n'existe pas ? Ce n'est qu'un reflet et c'est lui que vous aimez, vous n'aimez pas ce que vous êtes réellement. Oubliez le reflet et vous êtes la réalité, il n'est plus alors question d'amour. L'amour n'est simplement que la dualité.
Visiteur : Dans la tradition chrétienne, on dit que Dieu est amour, et Ramana Maharshi disait que Dieu est l'essence de toutes les religions. Il ne s'agit pas de l'amour de l'objet extérieur mais du véritable amour qui est l'essence de toutes choses.
Maharaj : Qu'est-ce que l'amour véritable, et qu'est ce que le faux amour ? Vous devez établir cela tout d'abord. Mais sachez alors que lorsqu'il s'agit de discriminer, c'est le mental qui est à la manœuvre. Or, vous ne pouvez pas atteindre la réalité tant que le mental est là. L'amour est un état, alors que la réalité est sans état, sans concepts. L'amour est un concept. Il concerne toujours les autres, et comment pouvez-vous être la réalité tant qu'il y a les « autres » ? La dualité doit disparaître. Où est Dieu, où est l'amour ? Il n'y a ni Dieu ni amour.
Visiteur : Mais si on demande où est la réalité, c'est aussi la dualité, n'est-ce pas ?
Maharaj : Dans le constat « je suis la réalité », ni le « je » ni la réalité ne se maintiennent, le « suis » non plus. Le « suis » c'est l'êtreté, vous devenez quelque chose. Le « je » c'est l'ego. Si « je » suis là, alors l'autre est là également, la dualité crée le « vous ». Cette compréhension est très subtile. Je ne dis pas que vous avez tort, mais ce dont vous parlez n'est pas la compréhension finale. Dans la réalité il n'y a pas d'amour, car il n'y a rien. Si tout ce que vous voyez et percevez est la réalité, où est l'amour ? Ainsi, qui aimer et qui ne pas aimer ? Ma main a cinq doigts, certains grands, d'autres petits : dites-moi lequel d'entre eux est le plus estimable ?

Le monde entier a jailli du Sat-Chit-Ananda, on l'appelle la racine du monde. C'est la félicité. Mais le Sat-Chit-Ananda n'est pas vrai, c'est un concept. Il est votre êtreté : « je suis, je suis connaissance, je suis félicité. » Tout cela est l'œuvre du mental et il doit être transcendé car il vous donnera toujours une fausse compréhension. Si la réalité n'était pas, rien ne pourrait apparaître. L'écran, la réalité, est là, c'est pourquoi les images peuvent se former, mais l'écran n'a ni amour ni indifférence. N'aimez personne et ne détestez personne, c'est le mental qui fait ces discriminations, l'écran n'en fait pas. Les cinq doigts sont différents, mais vous savez que c'est votre main ; c'est cela l'unité.
Visiteur : Un jour, je marchais le long des falaises et j'ai eu très peur de tomber. Auparavant vous avez dit que le maître peut supprimer la peur du disciple. Comment faites-vous cela dans cette situation ?
Maharaj : Puisque vous n'êtes pas le corps, pourquoi avoir peur de mourir ? Considérez-le comme votre voisin. Quand votre voisin meurt vous dites simplement « ho, le pauvre gars », cela ne vous atteint pas tellement. Vous ne mourez pas de toute façon car c'est seulement le pouvoir qui est déconnecté. Lorsque vous avez compris que vous n'êtes pas le corps, vous vous posez automatiquement cette question : « alors, qui suis-je ? » Si vous donnez un serpent en plastique à un enfant, il aura peur jusqu'à ce qu'il comprenne que ce serpent ne peut pas le mordre. Ensuite, il jouera avec lui sans problème. La différence c'est que, lorsqu'il a compris, sa peur s'évanouit. Comment pourrais-je supprimer la peur en chacun ? Je n'ai pas le temps de le faire ! C'est la compréhension qui efface vos peurs. Si vous n'étiez pas la réalité, vous n'auriez aucune chance de vous en défaire. Mais la réalité est dénuée de peur. Vous croyez que vous allez mourir à cause de l'ignorance et du mental. Le saint dit : « je ne suis jamais né, comment pourrais-je mourir ? » Il n'y a pas de mort pour vous, il n'y a pas d'aliénation ni de libération non plus. Le maître peut-il vous libérer alors que vous êtes et avez toujours été libre ? Mais c'est parce que vous persistez à vous identifier au corps qu'il dit qu'il peut vous libérer. Vous avez créé des monstres et maintenant vous en avez peur ! Le maître vous donne la compréhension, il vaccine tout le monde.

Sedona - 3 mai 1998






Le monde entier a jailli du Sat-Chit-Ananda, on l'appelle la racine du monde. C'est la félicité. Mais le Sat-Chit-Ananda n'est pas vrai, c'est un concept. Il est votre êtreté : « je suis, je suis connaissance, je suis félicité. » Tout cela est l'œuvre du mental et il doit être transcendé car il vous donnera toujours une fausse compréhension. Si la réalité n'était pas, rien ne pourrait apparaître. L'écran, la réalité, est là, c'est pourquoi les images peuvent se former, mais l'écran n'a ni amour ni indifférence. N'aimez personne et ne détestez personne, c'est le mental qui fait ces discriminations, l'écran n'en fait pas. Les cinq doigts sont différents, mais vous savez que c'est votre main ; c'est cela l'Unité.
Si vous comprenez que vous n'êtes pas le corps, votre conscience devient universelle. Toute limitation disparaît. Vous devenez la conscience-connaissance universelle. Malgré tout cette connaissance est aussi illusion, ignorance finalement. En effet, la source de la conscience-connaissance elle-même, a pour origine l'oubli ou l'ignorance de la réalité. Vous devenez donc la création toute entière, la conscience-connaissance du monde, mais c'est encore l'illusion. Cet ego qui devient la conscience universelle est, en fait, le pire des ego : « je suis le créateur du monde, je suis omnipotent, etc. » Mais vous êtes le créateur de plus d'illusion, de plus d'ignorance, alors quelle en est l'utilité ? Cette compréhension que la conscience universelle est toujours l'ego doit mûrir, pour se dissoudre dans la réalité. Dans la réalité finale, il n'y a ni conscience, ni ignorance et c'est ce que vous êtes, c'est votre véritable nature.
C'est à partir de l'ignorance que la connaissance est apparue et vous voyez l'illusion entière se dérouler. L'ignorance s'est surimposée à la réalité, de cette ignorance un concept a surgi, la connaissance et sur ce concept le monde est créé. Concept veut dire connaissance. Tout le monde fonctionne avec la connaissance, c'est par elle que vous créez et agissez. Prendre naissance est un concept et s'ensuivra son cortège de douleurs toute votre vie durant. La vie est un concept, rien d'autre. Quand elle prend fin, le concept disparaît et tout se termine alors.

Ranjit Maharaj











Les Bhajans de la Lignée de Shri Ramakant Maharaj ici en pdf (en français)


CHIDANANDA (Bhajan de la Lignée)




Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

Je ne suis pas le mental, l’intellect, l’égo ou le subconscient. Je ne suis pas les oreilles, la langue, le nez ou les yeux. Je ne suis pas l’espace, la terre, le feu ou le vent.

Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

Je ne suis pas la force de respirer, les sept éléments vitaux du corps, ni les cinq couvertures. Je ne suis pas la parole, les mains, les pieds, ni le rectum.

Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

Je ne suis pas l’envie, la cupidité, ni le désir, ni l’attirance. Je ne suis pas l’arrogance, ni la fierté, ni la jalousie, ni la religion, ni la fortune, ni les dépenses pour l’humanité, ni la libération.

Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

Je ne suis pas la vertu, le péché, la joie et la tristesse. Je ne suis pas le Mantra, le pèlerinage, les Écritures, les offrandes ou le feu rituel. Je ne suis pas la nourriture, l’action de manger et ce qui est mangé.

Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

Je ne suis pas la mort, le doute, ni la discrimination de castes. Je ne suis pas le père, la mère, donc pas de naissance. Je ne suis pas le frère, ni l’ami, ni le Gourou, ni l’aspirant.

Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

Je suis au-delà des concepts, sans changement, au-delà de la forme. Je suis tout étendu dans tous les sens. Je vois l’égalité dans chacun. Je ne suis ni libéré, ni lié.

Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.

C’est complet et parfait. C’est complet et parfait.
Du complet et parfait, le complet et parfait devient manifesté.
Si le complet et parfait sort du complet et parfait, même alors le complet et parfait restera toujours.




L’UN, qui avec compréhension, savoure le monde.

(ARATI)
J’ai reçu une grande fortune qui m’a poussé hors des affaires du monde.
J’ai rencontré mon Sadgourou et je fais ce qu’Il me demande.
Il m’a mis dans la bonne direction, vers l’intérieur où est le Soi.
Après la traversée des attributs, vous atteindrez Pandhari, où Vithoba réside.
Comment décrire ce bonheur ? Quand l’égo s’en va le bonheur demeure.
Par la lumière de la compréhension qu’Il m’a donnée, mon égo est complètement détruit.
Je vais vers le Soi. Le corps reste mais je ne m’occupe plus de lui.
Le mental devient pas de mental, aucune trace de lien demeure.
Fusionné dans le Soi, j’ai oublié pourquoi je suis venu ici ! Les mots sont sans signification.
Je suis devenu l’UN, je vois seulement Moi-même partout.
Les Trois attributs sont brûlés, je les ai transcendés.
L’Indestructible, l’Eternel est merveilleux. La lumière de l’Illumination de Soi ne diminue jamais.

Le nom et la forme créent la dualité, mais IL est Un, partout.
Namdev : « Si ce que je dis n’est pas la vérité, je couperai ma tête ! ». (Mais personne ne peut couper Cela !!)
L’univers entier et son créateur sont contenus dans une graine de sésame.
Tout vient de zéro, retourne à zéro et n’a aucun volume. Tout est rien.
Le propriétaire de l’univers entier demeure à l’intérieur d’une petite maison graine de sésame.
La plus petite graine contient tous les trois mondes.
Cependant rien n’est plus grand que Moi-même, qui n’ai aucun volume.
Le propriétaire de Cela va et vient.
De rien vient toutes les choses, même les Dieux.
Rien est très puissant. Rien ne peut arriver.
Oubliez la connaissance et l’ignorance et vous êtes LUI.
Quand quelque chose est là, vous ne pouvez rien faire de plus ou de moins.
Tuka dit, dans une petite graine ou une petite goutte se trouve l’ensemble de la création transitoire.

5. Je suis la joie originelle

Partout la béatitude ! À l’intérieur et à l’extérieur !
Joie ! Joie ! Rien n’est là excepté Moi-même. Je suis la Joie Originelle !
IL est partout et Cela est la joie !
À l’intérieur et à l’extérieur, tout est joie, au-delà de la connaissance.