Amrit'anubhava
« L'expérience de l'immortalité »
par Jnaneshwar
Source : Amrit'anubhava - « L'expérience de l'immortalité »
En vérité, votre état est la Félicité Absolue, pas cet état du monde du phénomène. Dans l'état du non-phénomène vous êtes félicité totale, mais vous n'en pouvez faire l'expérience. Dans cet état il n'y a ni misère ni malheur, seulement une pure félicité.
Quand la conscience est sans forme et ne se connaissant pas elle-même, elle est l'Absolu.
Nous sommes uniquement cette conscience. L'éternel est pour toujours, un état de non-expérience.
L'univers est contenu dans la conscience, et le corps physique lui aussi n'est qu'une apparition dans la conscience, perçue et reconnue par la conscience.
Ce qui EST, c'est cette conscience, en dehors de quoi rien ne peut exister.
Shri Nisargadatta Maharaj
Au niveau ultime la Présence est dissoute. Vous ne serez pas conscient quand la Présence devient Omniprésence.
Tout est Un. Il n'y a pas d'individualité.
Cette Présence spontanée, cette Présence invisible, est inconsciente de sa propre identité parce qu'elle est vaste, toute puissante, omniprésente, juste comme le ciel.
Shri Ramakant Maharaj
Si vous comprenez que ce corps n'existe pas, vous êtes libéré du tourment de la mort. Vous êtes en tout et en tout lieu car vous êtes la source de toute chose.
Comment pourriez-vous mourir ?
Comprenez que tout est Un, et tout se termine alors.
Ranjit Maharaj
Le Je suprême, non-manifesté, ne possède aucun savoir, il ne se connaît pas, il est totale êtreté. Cette êtreté est reflétée par la conscience, cette conscience a surgi du non-manifesté, sans cause, en créant le temps, l'espace et la matière, elle ne peut exister en l'absence du corps. Elle est la Conscience, il n'y en a qu'Une. Tout ce qui existe est je, tout ce qui existe est moi, mais le Je percevant cela s'est limité en s'identifiant à son support et a perdu cette compréhension. Pourtant, ce manifesté est identique au non-manifesté, à cette présence Absolue. Il n'y a pas de différence entre le Je non-manifesté et le monde. C'est pour cela que vous n'avez besoin d'aucun changement ni d'aucun appui, vous êtes cela. Il faut que votre esprit soit complètement au repos, alors il se dissoudra et il ne subsistera que la réalité.
S'immerger dans cette connaissance « je suis » est Bhagwan, splendeur. C'est une illumination éclairant comme la foudre. Vous êtes seulement lumière et de cette révélation le monde surgit. Ayant atteint ce stade, vous êtes le pur joyau du diadème, le diamant au sommet de la couronne. Mais ayant assimilé, pleinement éveillé, ce qu'est le monde, ce qu'est cette conscience, vous souhaitez vous en débarrasser. Vous découvrez que cette splendeur est le siège de toutes les erreurs, de tous les mensonges. Quand vous l'avez totalement compris, vous transcendez cet état. Ce n'est plus rien, c'est comme du mucus dans la gorge qui vous gêne, vous le crachez.
Shri Nisargadatta Maharaj
Le Soi suprême est votre état naturel, il est au-delà du divin car il est la réalité finale, Il est la vérité éternelle présente dans les quatre états de veille, de rêve, de sommeil profond et de la conscience pure (turya). Si vous essayez de le connaître, il vous apparaîtra comme le néant car il ne peut pas être perçu. Il est là quand tous les concepts prennent fin mais il est quand même présent quand les concepts sont là ! Le mouvement subtil qui est ressenti dans le Soi immuable est appelé « conscience » ou « je suis ». Ce mouvement dans le Soi caractérise l'illusion. Le Soi est affublé de noms tantôt masculins, tantôt féminins et tantôt neutres, mais tous ces noms ne sont que des indications car il ne peut pas être perçu.
L'expérience « je suis » est Existence, Conscience et Félicité (Sat-Chit-Ananda). On lui donne aussi d'autres noms comme connaissance, Dieu ou Soi, etc. Mais ce qui existe éternellement, sans expression ou manifestation, est le Soi suprême (Para-brahman). Om, le son primordial, est aussi le « je suis », il est à la source des mantras. Ainsi le « je suis » est l'illusion primordiale.
Sri Siddharameshwar Maharaj
Chapitre Sept :
RÉFUTATION DE L'IGNORANCE
Note d'introduction.
Maintenant, comme s'il n'avait jamais abordé le sujet auparavant, Jnaneshwar reprend une fois de plus la question de la nature illusoire de l'ignorance. Dans ce chapitre, le plus long d'Amritanubhav, il insiste sur la question de la non-existence de l'ignorance à un point que le lecteur peut trouver cela excessif, mais il le fait avec une telle délectation et une telle jouissance qu'on ne peut s'empêcher d'être entraînée avec lui dans son orgie de la métaphore et de la comparaison.
1. Sans la connaissance, l'ignorance ne se serait jamais manifestée.
2. Une luciole apparaît comme une lumière uniquement lorsqu'elle est dans l'obscurité. L'idée d'une ignorance sans commencement est totalement fausse.
3. L'ignorance n'est pas plus indépendante de son contraire qu'un rêve ou une obscurité.
4. Les chevaux faits d'argile ne peuvent pas être harnachés ; les bijoux invoqués par un magicien ne peuvent pas être portés.
5. Cette ignorance, tirée de la maison de la connaissance, ne peut rien faire. Un mirage apparaît-il au clair de lune ?
6. Ce qu'on appelle connaissance n'est rien d'autre que le corollaire de l'ignorance ; chacun apparaît à la dissimulation de l'autre.
7. Assez de ce préambule ; commençons notre recherche de l'ignorance. Alors, mais en comprenant la vraie nature de l'ignorance, nous comprendrons la fausseté de la connaissance.
8. S'il y a vraiment de l'ignorance dans la Connaissance absolue, pourquoi change-t-elle la Connaissance absolue en ignorance ?
9. Car c'est la nature inhérente de l'ignorance de tromper celui en qui elle habite.
10. Si certains prétendent que les textes sacrés déclarent que le Soi contient l'ignorance et est caché par elle.
11. Je répondrais : Si la graine de l'ignorance l'habite. Comme dans cet état où il n'y a pas de dualité, qui, alors, sait qu'elle existe ?
12. L'ignorance, étant inconsciente, ne peut pas se connaître. Peut-elle être témoin de sa propre existence ?
13. Personne ne pourrait affirmer que l'ignorance est la cause de la connaissance de l'ignorance sans prendre conscience de la contradiction, et ainsi être contraint au silence.
14. Si l'ignorance trompe le Connaisseur, le Soi, qui donc peut la considérer comme de l'ignorance ?
15. Et si elle ne trompe pas Celui qui connaît, ne serait-il pas honteux de l'appeler ignorance ?
16. Si les nuages éclipsaient vraiment le Soleil, qui les éclairerait ? Si une personne était vraiment anéantie par le sommeil profond, qui en ferait l'expérience ?
17. Si celui en qui réside l'ignorance devenait ignorant, cette ignorance serait indiscernable.
18. Car ce par quoi l'ignorance est discernée ne peut jamais être l'ignorance elle-même.
19. Cela n'aurait aucun sens de dire qu'il y a une cataracte dans l'œil, mais que la vue est intacte.
20. Si le combustible ne brûle pas lorsqu'il est enveloppé par un feu sauvage, il est inutile comme combustible.
21. S'il y a des ténèbres dans une maison, mais que la maison n'est pas obscurcie, alors on ne peut pas les appeler ténèbres.
22. Qui appellerait un sommeil qui ne perturbe pas l'état de veille ? Cela peut-il s'appeler nuit qui ne fait pas disparaître la lumière du jour ?
23. Le mot ignorance n'a pas de sens si le Soi en est imprégné, et pourtant reste tel qu'il est.
24. De plus, il serait logiquement incorrect de dire que l'ignorance réside dans le Soi.
25. L'ignorance est le rassemblement des ténèbres, et le Soi est la mine de l'éclat ; comment, alors, pourraient-ils être mélangés ?
26. Si s'éveiller et rêver, se souvenir et oublier, pouvaient aller ensemble.
27. Si le froid et la chaleur pouvaient dormir ensemble dans le même lit, ou si les rayons du soleil pouvaient être liés en un paquet par une corde de ténèbres.
28. Ou si la nuit et le jour venaient à vivre ensemble en un seul endroit, alors le Soi pourrait prendre l'ignorance comme compagne.
29. Si la mort et la vie pouvaient cohabiter en tant que membres de la famille, alors le Soi pourrait devenir dépendant de l'ignorance.
30. Comment peut-on dire que l'ignorance même qui est dissipée par le Soi vit heureuse avec Lui ?
31. Cependant, si les ténèbres abandonnent leurs ténèbres, et se transforment en lumière, alors, bien sûr, elles deviennent lumière.
32. Ou si le combustible abandonne son état, et se transforme en feu, alors, bien sûr, il devient le feu.
33. Ou si un petit ruisseau abandonne son existence séparée en se jetant dans le Gange, alors il devient le Gange.
34. Ainsi, il est clair qu'il n'y a pas d'ignorance ; il n'y a que le Soi ; car, dès que l'ignorance entre en contact avec la Connaissance absolue, elle devient Connaissance absolue.
35. Puisque l'ignorance est contraire à la Connaissance absolue, elle ne peut pas conserver son existence à l'intérieur de la Connaissance absolue ; elle ne peut pas non plus exister indépendamment.
36. Si un poisson fait de sel devenait vivant, il ne pourrait vivre ni dans l'eau ni hors de l'eau.
37. Par conséquent, les déclarations telles que « Le Soi brille lorsque l'ignorance est vaincue » ne devraient pas être prises en compte par les sages.
38. Le serpent qui est imaginé quand on voit une corde, ne peut pas être lié par la corde ; il ne peut pas non plus être chassé.
39. Les ténèbres, effrayées par la lumière du jour qui approche, pourraient demander de l'aide à la pleine lune, mais elles seraient immédiatement englouties par cette lune.
40. De la même manière, le mot ignorance est deux fois dénué de sens. La nature de l'ignorance ne peut être déterminée que par déduction logique.
41. Quelle est donc sa nature ? Est-elle seulement à déduire des effets perceptibles, Ou peut-elle être directement appréhendée ? Enquêtons.
42. Tout ce qui peut être appréhendé par les divers modes de preuve, comme la perception, et ainsi de suite, est l'effet de l'ignorance, et non l'ignorance elle-même.
43. La vigne rampante a une belle pousse qui monte tout droit ; ce n'est pas une graine, mais l'effet de la graine.
44. On peut voir à la fois des formes agréables et désagréables dans un rêve ; ce ne sont pas le sommeil lui-même, mais les effets du sommeil.
45. Bien que la Lune soit une, elle peut être vue dans le ciel comme deux ; ce n'est pas une vue défectueuse, mais l'effet d'une vue défectueuse.
46. De la même manière, le sujet, l'objet, et les divers moyens de preuve, sont les effets de l'ignorance, Et non l'ignorance elle-même.
47. Par conséquent, les divers modes de preuve, tels que la perception, et ainsi de suite, étant eux-mêmes les effets de l'ignorance, ne peuvent certainement pas appréhender l'ignorance.
48. Si nous considérons les effets de l'ignorance comme l'ignorance elle-même, alors même les sens de la perception doivent être inclus comme ignorance.
49. Si ce qui apparaît dans un rêve est illusoire, alors, celui qui perçoit le rêve est-il également illusoire ?
50. Si l'effet de l'ignorance est aussi l'ignorance, c'est comme le sucre goûtant sa propre douceur, ou comme le collyre mettant du collyre, ou comme un pieu empalé sur lui-même.
51. Aussi, si les effets sont identiques à la cause, alors tout est ignorance, et qui saurait quelque chose ?
52. Dans un tel état, on ne pourrait imaginer un connaisseur ou le connu ; ce serait comme prendre pour preuve le poisson nageant dans un lac mirage.
53. Ainsi, mon cher ami, ce qui ne peut être mesuré ou défini par aucune preuve n'est pas différent d'une fleur du ciel.
54. L'ignorance ne permet aucune preuve de son existence ; alors comment commencer à en discuter ? De là, il faut comprendre l'impossibilité de l'ignorance.
55. L'ignorance, n'étant ni un objet de perception, ni d'inférence, est donc réfutée.
56. J'ai peur de croire à cette ignorance, puisqu'elle n'est la cause de rien, ni le producteur d'aucun effet.
57. Elle ne peut ni faire rêver le Soi, ni l'endormir dans son lieu de repos.
58. Néanmoins, certains disent que l'ignorance existe dans le Soi pur.
59. Comme le feu existe dans le bois avant que deux morceaux de celui-ci ne soient frottés l'un contre l'autre.
60. Mais le Soi pur n'admet même pas le nom de Soi ! Comment l'ignorance pourrait-elle espérer y trouver place ?
61. Une flamme peut-elle être éteinte avant d'être allumée ? Ou peut-on laisser l'ombre d'un arbre qui n'a pas encore poussé ?
62. Ou enduire de baume un corps qui n'est pas encore né ? Ou nettoyer un miroir qui n'est pas encore construit ?
63. Ou écrémé la crème du lait qui n'est pas encore dans le pis ?
64. De la même manière, comment peut-il y avoir de l'ignorance dans le Soi là où il n'y a même pas de place pour l'appeler « le Soi » ?
65. Il devrait être clair que l'ignorance n'existe pas ; et je me demande s'il est même convenable de lui donner un semblant d'existence en affirmant qu'elle n'existe pas.
66. Si, malgré cela, on continue à dire que l'ignorance existe dans le Soi, qui est au-delà de toute existence et non-existence.
67. C'est comme dire qu'un pot d'eau imaginaire s'est brisé en cent morceaux, ou que la mort elle-même avait été entièrement tuée.
68. Ou que l'inconscience était devenue inconsciente, ou que les ténèbres étaient tombées dans un puits obscur.
69. Ou que la non-existence était dans un dilemme ; ou que le noyau d'un arbre plantain a été brisé ; ou que le ciel, en se changeant en fouet, faisait un craquement.
70. Ou qu'un mort était empoisonné ; ou que celui qui ne pouvait pas parler a été réduit au silence ; ou que les lettres non écrites ont été effacées.
71. Il est faux de dire que l'ignorance réside dans le Soi ; cela revient à dire qu'ils sont identiques.
72. Mais, une femme stérile peut-elle avoir un enfant ? Les graines brûlées peuvent-elles germer ? L'obscurité peut-elle rejoindre le Soleil ?
73. Peu importe comment nous essayons de trouver l'ignorance dans le Soi, qui est l'Intelligence pure, elle ne peut pas être trouvée.
74. On peut remuer le lait pour trouver la crème, Mais va-t-elle remonter à la surface, ou va-t-elle disparaître ? La recherche de l'ignorance est ainsi.
75. On peut se réveiller rapidement afin de s'emparer du sommeil, mais sera-t-il attrapé, ou sera-t-il détruit par inadvertance ?
76. Par conséquent, pourquoi chercher follement l'ignorance ? Une telle recherche équivaut à ne pas chercher du tout.
77. Le village de l'entendement ne peut être éclairé d'aucune façon par l'existence de l'ignorance.
78. Les yeux de la compréhension ont-ils déjà été capables de voir l'ignorance à l'intérieur ou à l'extérieur du Soi ?
79. Le visage de la discrimination n'a jamais été lavé par l'ignorance ; l'ignorance non plus n'a jamais admis de preuve, même dans un rêve. En fait, la pensée qui essaie de la saisir, se perd.
80. Pensez-vous, malgré tout cela, que vous trouverez un moyen de saisir l'ignorance ?
81. Vous pouvez aussi facilement construire un hôtel de ville avec des cornes de lapin, et l'éclairer avec les rayons de la nouvelle Lune.
82. Et célébrer en décorant les enfants des femmes stériles avec des fleurs du ciel.
83. Le désir de découvrir l'ignorance sera comblé lorsque nous pourrons remplir la coupe du ciel avec le beurre fait de lait de tortue.
84. Nous avons essayé de tant de manières de découvrir l'ignorance ; combien de fois encore faut-il répéter qu'elle n'existe pas ?
85. Je ne prononcerais pas le mot ignorance même dans un rêve. Mais j'ai une pensée à ce sujet que je voudrais partager avec vous.
86. Supposons que quelqu'un objecte de cette manière : « Vous pouvez dire que la Réalité ultime ne peut pas se voir elle-même ou tout autre objet. »
87. « Alors comment se fait-il que l'Absolu présente devant Lui-même tout l’univers visible, et assume un rôle de Témoin de celui-ci ? »
88. « L'Univers entier surgit et est visible pour nous, qui sommes, en fait, le Soi. »
89. « Bien que l’ignorance ne soit pas visible, elle existe néanmoins sans aucun doute. C'est prouvé par inférence du monde visible ! »
90. « La Lune est une ; si elle apparaît dans le ciel comme double, n'en déduirions-nous pas que notre vue est altérée ? »
91. « Les arbres sont frais et verts, et pourtant, il semblerait qu’il n’y ait pas d’eau sur le sol d’où ils poussent. »
92. « Par conséquent, nous déduisons que leurs racines absorbent l'eau d'en bas. De même, l'ignorance est inférée par l'apparition du monde visible. »
93. « Le sommeil s’évanouit dès que l’on s’éveille ; et bien que le sommeil ne soit pas connu de celui qui dort, pourtant, son existence peut être déduite de la présence de rêves. »
94. « Donc, si dans le Soi pur, apparaît ce vaste Univers, nous en déduisons naturellement l’existence de l’ignorance. »
95. À une telle objection, je répondrais : Comment ce type de connaissance peut-il être appelé « ignorance » ? Doit-on appeler la lumière du jour « ténèbres » ?
96. Cela peut-il être appelé « collyre » qui, lorsqu'il est appliqué sur un objet, le rend aussi blanc et brillant que la lune ?
97. Nous pouvons appeler ce monde « le développement de l'ignorance » si les flammes jaillissantes peuvent être appelées « eau ».
98. Cette connaissance est digne d'être appelée ignorance si la pleine Lune peut être la cause d'une nuit noire.
99. Le poison peut-il libérer l'amour nectarien ? Et si c'est le cas, pouvons-nous l'appeler « poison » ?
100. Pourquoi devrions-nous apporter la marée de l'ignorance quand tout ce qui se déroule devant nous est rayonnant de connaissance ?
101. Si nous appelons cela « ignorance » qu'appellerons-nous « connaissance » ? Le Soi est-il un objet de l'un ou de l'autre ?
102. Le Soi ne devient rien. Il ne sait pas ce qu'il est. Tous les moyens de connaissance s'évanouissent en Lui.
103. Il n'est pas tel qu'on puisse dire qu'il existe, et il n'y a pas non plus de raison de dire qu'il n'existe pas.
104. Il existe sans l'existence d'un autre ; Il voit sans l'existence d'un objet de vision. Cela étant, pourquoi devrions-nous le considérer comme quelque chose à trouver ?
105. Il supporte en silence la conviction des nihilistes qu'il n'est rien ; Il n'est pas non plus dérangé par ceux qui le considèrent comme ayant des attributs particuliers.
106. Pensez-vous que l'omniscient, qui est le témoin même du sommeil le plus profond, ne sait rien de tout cela ? Pourtant, Il ne devient pas visible.
107. Les Védas ont dit la même chose, bien qu'ils ne parlent pas du Soi ; Ils disent seulement « pas ça ».
108. Qui le Soleil n'éclaire-t-il pas ? Mais illumine-t-il le Soi ? Le Soi peut-il être contenu sous le ciel ?
109. L'ego ne considère que le corps, qui n'est rien d'autre qu'un faisceau d'os, et dit : « Voici qui je suis. » Il ne fait pas attention au Soi.
110. L'intellect, qui est capable de saisir tout ce qui peut être connu, vacille devant le Soi. L'esprit peut tout imaginer sauf le Soi.
111. Les sens, qui se grattent la bouche sur la terre stérile des objets des sens, ne peuvent pas goûter la douceur du Soi.
112. Est-il possible de comprendre complètement le Soi, qui a rempli son ventre de tout ce qui existe ainsi que de tout ce qui n'existe pas ?
113. De même qu'une langue ne peut pas se goûter, de même le Soi ne peut pas être un objet de connaissance pour Lui-même. Comment, alors, pourrait-Il être un objet pour les autres ?
114. Dès que l'ignorance, avec tous ses innombrables noms et formes, s'approche du Soi, elle disparaît par peur.
115. Comment autre chose peut-il trouver sa place dans le Soi ? Il ne désire même pas voir son propre reflet.
116. Il y a un casse-tête qui semble prendre au piège un bâton ; mais, lorsque la ficelle est tirée, le spectateur est étonné de constater que le bâton est en dehors du puzzle. L'effort pour déterminer la nature du Soi se termine de la même manière.
117. Celui qui examine minutieusement sa propre ombre, puis essaie de sauter par-dessus, n'a pas compris sa nature.
118. De même, la personne qui, après avoir essayé de connaître le Soi, arrive à telle ou telle conclusion, n'a pas compris sa nature.
119. Les mots ne peuvent même pas atteindre le Soi ; comment, alors, l'intellect peut-il Le comprendre comme un objet ?
120. Comment peut-on reconnaître l'absence de vue dans le Soi, et pourtant Lui attribuer une vision ?
121. Il ne peut pas expérimenter sa propre existence en tant qu'objet de perception ; par conséquent, Il ne peut pas être un percepteur.
122. Dans un tel cas, qui rencontrera qui ? Comment peut-il y avoir une vision là où il n'y a que le Un ?
123. Mais Il a ouvert les portes de la perception dans l'homme, et a ainsi surmonté ce grand obstacle.
124. D'innombrables formes et visions surgissent, mais c'est la pure Conscience qui est la substance de tout.
125. La Conscience unique, sous-jacente, suprême, est tellement enivrée par la grande gloire de la perception, qu'Elle ne se voit pas dans ce reflet, portant deux fois les mêmes bijoux.
126. Elle a tellement de richesses qu'Elle se fait apparaître à chaque instant dans une nouvelle rangée.
127. Elle considère les objets du monde, une fois créés, comme vieux et sans intérêt ; et présente donc à sa vision des objets toujours nouveaux et fraîchement créés.
128. En tant que sujet percevant, Elle change aussi sans cesse les ornements de sa perception.
129. Car, s'ennuyant de la solitude de son état originel, Elle est devenue multiple.
130. Telle est celle qui sait tout. En tant que pure Conscience, Elle est pleine à ras bord ; mais cette plénitude n'est connue que dans sa propre maison.
131. Cette pure Conscience, en qui la connaissance et l'ignorance s'embrassent, se rencontre en ayant la vision des nombreuses formes du monde objectif.
132. Voyant le monde visible, l'Absolu en jouit comme témoin. Ce même bonheur de plaisir imprègne tout le tableau.
133. L'interaction de donner et recevoir se poursuit, mais le fil de l'unité n'est jamais rompu. L'unité du visage d'une personne n'est pas altérée en se reflétant dans un miroir.
134. La position debout d'un cheval endormi n'est pas non plus perturbée lorsqu'il se réveille.
135. Tout comme l'eau joue avec elle-même en prenant la forme des vagues, le Soi, la Réalité ultime, joue joyeusement avec Lui-même.
136. Le feu tisse des guirlandes de flammes, mais est-il ainsi pris au piège dans la dualité ?
137. Le Soleil est-il séparé des rayons qui rayonnent abondamment de lui ?
138. L'unité de la Lune est-elle perturbée par la lueur du clair de lune ?
139. Bien qu'une fleur de lotus contienne mille pétales, elle n'est qu'une.
140. Dans la mythologie, le roi, Sahasrarjuna, avait mille mains ; est-il alors devenu mille êtres différents ?
141. Sur un métier à tisser, de nombreux brins peuvent être entrelacés ; mais ils sont tous en coton.
142. Bien qu'un discours contienne dix mille mots, ce n'est rien d'autre qu'un discours.
143. Bien qu'il y ait des multitudes d'objets visibles, et vague après vague d'images, pourtant, ils ne sont pas différents de leur témoignage.
144. Vous pouvez casser un morceau de sucre brut en un million de morceaux ; pourtant, il n'y a que du sucre.
145. De même, le Soi, bien qu'il perçoive des images, ou se manifeste sous la forme d'objets multiples, ne devient pas pour cela une chose différente.
146. L'unité du Soi n'est pas perdue, même s'Il remplit tout l'univers.
147. Bien qu'une chemise de soie puisse être faite de plusieurs couleurs, avec même une bordure à deux tons, elle n'est, après tout, que du fil.
148. Si l'œil pouvait voir l'univers entier sans ouvrir ses paupières.
149. Ou si un banian pouvait arriver à maturité sans germer de sa graine, cela serait comparable à l'expansion de l'Un en plusieurs.
150. Lorsque le Soi désire ardemment ne plus se voir, Il se repose en lui-même.
151. C'est comparable à l'absorption de la vision en elle-même lorsque les paupières sont fermées.
152. Ou à la plénitude de l'océan même avant la marée haute ; ou au retrait des pattes d'une tortue sur elle-même.
153. Ou au retrait de la lumière de la lune dans la nuit de la nouvelle Lune.
154. Ce n'est pas que le Soi soit le destructeur, comme on l'appelle faussement, quand il retire à la fois le témoin et les objets visibles ; c'est simplement qu'Il se repose en Lui-même.
155. Il ne fait aucun doute que le Soi est tout ce qui existe. Par conséquent, qui perçoit quoi ? L'état de non-perception nous l'appelons Son sommeil.
156. S'Il se dit : « Je ne me soucie pas de cet état de non-perception ; je veux me voir ! » Alors Il devient un objet pour Lui-même.
157. Le Soi est éternellement le percepteur, et éternellement le perçu. Maintenant, que faut-il créer d'autre?
158. La vacuité doit-elle être attachée au ciel ? La brise doit-elle être transmise à l'air ? La luminosité doit-elle être affectée à la lumière ?
159. Le Soi, brillant comme l'univers, perçoit l'univers. Quand il n'y a pas d'univers, Il perçoit sa non-existence.
160. Et si, par hasard, l'existence et la non-existence de l'univers. Si les deux devaient être perçus à la fois, Lui seul est aussi celui qui perçoit cet état.
161. Le camphre tire-t-il sa fraîcheur du clair de lune ? N'est-ce pas sa propre fraîcheur ? De même, le Soi est son propre voyant.
162. Que dire de plus quelle que soit la condition dans laquelle se trouve le Soi, Il ne voit que son propre Soi.
163. Comme celui qui découvre divers pays dans son imagination, et les parcourt tous avec une grande joie.
164. Ou comme un homme qui, pressant ses paupières fermées avec ses doigts, aperçoit une pure lumière brillante qui vibre à l'intérieur.
165. Quand ce n'est toujours que l'unique pure Conscience se voyant, pourquoi postuler la nécessité d'une superposition ?
166. Couvre-t-on un bijou d'éclat ? L'or a-t-il besoin de se parer de brillance ?
167. Le bois de santal a-t-il besoin d'être parfumé ? Le nectar a-t-il besoin de saveur ? Le sucre a-t-il besoin de douceur ?
168. Le camphre doit-il être enduit de blancheur ? Ou faut-il chauffer le feu pour le rendre chaud ?
169. Une vigne rampante, s'entrelaçant sur elle-même, forme sa propre tonnelle.
170. Une lampe qui est allumée n'a pas besoin d'un ajout de lumière ; elle resplendit de lumière de même, la Conscience unique et pure resplendit de rayonnement.
171. Par conséquent, sans obligation envers quoi que ce soit d'autre, le Soi se perçoit facilement.
172. Percevoir et ne pas percevoir sont la même chose pour Lui. Y a-t-il une différence avec la lune entre les ténèbres et la lumière ?
173. Qu'Il veuille l'un ou l'autre, il est toujours de même nature.
174. Pendant un certain temps, le Soi apparaît comme un objet de perception ; mais quand le voyant et le vu s'unissent, les deux disparaissent.
175. Alors le vu est le même que le voyant ; le voyant se confond avec le vu. Les deux disparaissent, Et seule l'unique Réalité reste.
176. En tout lieu et à tout moment, le voyant et le vu peuvent s'embrasser et se confondre.
177. Le camphre ne devient pas feu, et le feu ne devient pas camphre ; les deux sont détruits en même temps.
178. En mathématiques, quand on soustrait un à un, ce qui reste est zéro ; et puis il s'efface. La même chose arrive quand le voyant et le vu s'unissent.
179. Si quelqu'un essaie de lutter avec son propre reflet dans l'eau, la lutte et le reflet disparaissent ensemble.
180. Lorsque le percepteur et le perçu se rencontrent et s'unissent, il n'y a plus de perception.
181. La mer orientale et la mer occidentale ne sont différentes que tant qu'elles ne se mêlent pas ; mais une fois qu'elles se sont mêlées, il n'y a que de l'eau.
182. A chaque instant, de nouvelles triades de percepteur, perception et perçu, émergent. Chacun doit-il être analysé ?
183. A chaque instant, une qualité particulière s'engouffre, et son contraire émerge. C'est l'ouverture et la fermeture de l'œil de la Réalité.
184. Comme il est étonnant que lorsque les paupières sont ouvertes, le Soi devienne un percepteur qui s'évanouit lorsque les paupières sont fermées.
185. L'état naturel du Soi se situe entre la destruction de celui qui perçoit et de celui qui est perçu, et une nouvelle renaissance de ceux-ci.
186. C'est comme l'état naturel de l'eau, quand la vague qui s'est levée s'affaisse, et qu'une nouvelle ne s'est pas encore levée.
187. Ou comme l'état dans lequel notre sommeil s'est terminé mais nous ne sommes pas encore tout à fait éveillés.
188. Ou, peut-on imaginer, si nous pensons à la vue qui a cessé de regarder un objet, et n'a pas encore commencé à en regarder un autre.
189. C'est comme l'état du ciel quand le jour est fini, mais la nuit n'est pas encore venue.
190. Ou comme l'état du prana quand une respiration est terminée, et qu'une nouvelle n'est pas encore absorbée.
191. Ou l'état de celui dont les sens jouissent tous de leurs objets simultanément.
192. Voilà à quoi ressemble la nature ultime du Soi ; alors, comment peut-il y avoir voir ou ne pas voir ?
193. Un miroir peut-il voir sa propre surface polie ?
194. Au moyen d'un miroir, il y a un visage devant et un visage derrière ; mais peut-il en être ainsi sans miroir ?
195. Le Soleil voit tout ; mais peut-il être témoin de la beauté de son lever et de son coucher ?
196. Un jus peut-il se boire ? Ou se cache-t-il des autres dans la honte à cause de cela ? Il ne peut faire aucune de ces choses ; c'est, lui-même, du jus.
197. De même, Il est la vision même ; Il ne sait pas voir ou ne pas voir. Lui-même est la cause des deux.
198. Étant lui-même la perception, comment pourrait-il se voir ? Bien sûr, Il est aussi non-perception.
199. Comment la non-perception peut-elle se percevoir ? Il est, Lui-même, non-perception.
200. Ces deux : perception et non-perception, demeurez heureux ensemble, Et chacun est le destructeur de l'autre.
201. Si voir pouvait se voir, ne serait-ce pas comme ne pas voir ? Il n'est pas touché en voyant ou en ne voyant pas.
202. Si le Soi, qui ne peut être ni vu ni invisible, voit alors qui a vu quoi ?
203. Si le monde visible apparaît, alors, n'a-t-il pas été perçu par le voyant ? Non. Car ce n'est pas dû à l'apparence qu'Il voit.
204. L'apparence est vue, bien sûr ; mais l'apparence n'est, en fait, rien que le voyant. Comment voir autre chose qui n'existe pas ?
205. Supposons que quelqu'un voit son propre visage dans un miroir ; ce visage existe réellement en lui-même, mais ce qui est vu est irréel.
206. C'est comme se voir dans un rêve, alors qu'on dort.
207. Si quelqu'un rêve qu'il est emporté dans un véhicule vers un autre endroit, est-il vraiment emporté ?
208. Ou, s'il rêve qu'un couple de mendiants sans tête a pris le contrôle du royaume, est-ce vraiment le cas?
209. Non. Cette personne reste la même, Malgré le rêve, comme avant de s'endormir.
210. La souffrance d'une personne assoiffée est la même après avoir trouvé un mirage comme elle l'était avant. Qu'a-t-elle gagné ?
211. Ou, si une personne fait connaissance avec sa propre ombre, à quoi cela sert-il ?
212. Le Soi, en tant que témoin, est devenu l'objet de la perception, puis se l'est révélé ; mais la révélation est vraiment hors de propos.
213. Parce que, si ce qui est vu n'est rien d'autre que le voyant, comment le voyant peut-il bénéficier de cette révélation ? N'est-il pas présent à Lui-même, même quand Il n'est pas révélé ?
214. Un visage devient-il quelque chose de moins s'il ne se voit pas dans un miroir ? C'est ce que c'est, même sans miroir.
215. De même, le Soi n'est pas diminué s'Il ne se révèle pas à Lui-même. Une telle révélation est vraiment sans conséquence.
216. Le Soi est tel qu'il est, même sans devenir témoin de lui-même. Or, on peut protester : « Pourquoi celui qui est complet en lui-même se ferait-il un objet de perception ? »
217. « Cela n’a aucun sens de dire que ce qui existe déjà est révélé ; une telle révélation est inutile. »
218. « C'est la corde qui existe réellement, même si elle apparaît comme un serpent. C'est le Témoin qui existe réellement, même s'Il apparaît comme l'objet de la perception. »
219. « Quand un miroir est tenu devant son visage, ce visage semble être dans le miroir ; mais, en fait, le visage est à sa place et non dans le miroir. »
220. « De ces deux : le voyant et le vu, c'est le voyant qui existe réellement. Ce qui est vu, bien que perceptible, n'a aucune réalité. »
221. Et je répondrais : En effet, il n'a pas de réalité indépendante ; mais il apparaît. Cela ne semble-t-il pas prouver qu'il existe ?
222. Si une personne voit un autre objet, alors nous avons un voyant, le vu, et l'acte de voir.
223. Mais dans le cas du Soi, Il ne voit rien d'autre que Lui-même, qu'Il regarde ou non, Qu'Il reste un ou plusieurs.
224. Un visage ne voit que lui-même, même si un miroir l'a révélé. Et ce visage reste le même, en lui-même, même quand il n'est pas révélé par un miroir.
225. Il en est de même du Soi : lorsqu'Il se révèle, Il est ce qu'Il est ; quand Il n'est pas révélé, Il est le même.
226. Qu'une personne soit éveillée ou endormie, elle est la même personne.
227. Un roi, rappelé de sa royauté, est certainement un roi.
228. Mais y a-t-il une perte pour sa majesté, même si cela ne lui est pas rappelé ?
229. De la même manière, le Soi peut être révélé ou non ; Il ne devient ni plus ni moins. Il reste toujours tel qu'il est.
230. Y a-t-il quelque chose d'autre qui essaie ardemment de se révéler le Soi ? Mais pour le Soi, y aurait-il un miroir ?
231. Une bougie allumée crée-t-elle la personne qui l'allume, ou existe-t-elle à cause de la personne ? En vérité, le Soi est la cause de toutes les causes.
232. La flamme allume le feu ; mais peut-elle être considérée comme quelque chose de différent du feu ?
233. Tout ce que nous appelons une cause est créé et révélé par Lui. Par sa nature, il est tout ce qu'il voit.
234. Le Soi s'illumine de lui-même ; par conséquent, il n'y a pas d'autre cause pour qu'il se voie que Lui-même.
235. Quelle que soit la forme qui apparaisse, apparaît à cause de Lui. Il n'y a rien d'autre ici que le Soi.
236. C'est l'or lui-même qui brille sous la forme d'un collier ou d'une pièce de monnaie ; eux, ne sont que de l'or.
237. Dans le courant du fleuve ou les vagues de la mer, il n'y a que de l'eau. De même, dans l'univers, rien n'existe ou n'est amené à l'existence qui soit autre que le Soi.
238. Bien qu'il puisse être senti, ou touché, ou vu, il n'y a rien d'autre dans le camphre. Mais du camphre.
239. De même, peu importe comment Il s'expérimente, Le Soi est tout ce qui est.
240. Que ce soit en apparaissant comme le vu, ou en percevant comme le voyant, rien d'autre n'existe en dehors du Soi.
241. Dans le Gange, qu'il coule comme un fleuve ou qu'il se mêle à l'océan, on ne peut rien voir d'ajouté ; ce n'est que de l'eau.
242. Qu'il soit liquide ou congelé, le Ghee (beurre clarifié) ne devient rien d'autre que lui-même. Il serait insensé de penser qu'il l'est.
243. Les flammes et le feu ne sont pas considérés comme deux choses distinctes ; la flamme est identique au feu et n'en est pas différente.
244. Par conséquent, qu'Il soit le voyant ou le vu, cela n'a pas d'importance ; il n'y a que le Soi vibrant partout.
245. Du point de vue de la vibration, il n'y a rien d'autre que la vibration. Ainsi, même si le Soi voit, voit-il vraiment ?
246. Ce n'est pas que l'apparence soit vêtue ici, et le voyant est là-bas ; c'est seulement sa propre vibration qu'il perçoit quand il voit.
247. C'est comme des ondulations sur l'eau, ou comme de l'or sur l'or, ou la vue regardant la vision.
248. C'est comme ajouter de la musique à la musique, ou du parfum au parfum, ou du bonheur au bonheur.
249. Ou comme verser du sucre sur du sucre, ou recouvrir d'or une montagne d'or, ou ajouter du feu aux flammes.
250. Que dois-je dire de plus ? C'est comme le ciel reposant sur le ciel. Qui donc dort ? Et qui est réveillé ?
251. Quand Il se voit, c'est comme s'il ne voyait pas ; et, même sans se voir, Il continue à se voir.
252. Ici, la parole est interdite ; la connaissance n'est pas autorisée. La fierté de l'expérience ne peut gagner aucune entrée.
253. Sa vision de Lui-même est comme si personne ne voyait rien.
254. En bref, le Soi s'illumine de Lui-même ; Il se réveille sans se réveiller.
255. En raison de son désir de se voir, Il manifeste tous les divers états d'être sans affecter son propre état.
256. S'Il veut rester sans voir, même ce ne pas voir est voir. Et, à cause de ce voir, le voir et le non-voir disparaissent.
257. Bien qu'Il puisse s'étendre dans n'importe quelle forme, son unité n'est jamais perturbée. Et s'il se contracte, alors il est toujours aussi plein qu'avant.
258. Le Soleil ne peut jamais rattraper les ténèbres ; alors, pourquoi devrait-il écouter parler de lumière ?
259. Qu'il y ait des ténèbres ou de la lumière, le Soi est comme le Soleil qui reste seul dans sa propre gloire sous toutes les conditions.
260. Le Soi peut prendre n'importe quelle forme ; Il ne s'éloigne jamais de Lui-même.
261. Bien que d'innombrables vagues s'élèvent et tombent sur l'océan, l'océan ne devient donc pas autre chose que l'océan.
262. Nous ne pouvons pas vraiment comparer le Soleil au Soi glorieux, qui est pure Lumière, parce que les rayons du Soleil sortent de lui-même.
263. Le coton ne peut être comparé à Lui, Car il n'y aurait pas de tissu si les cosses de coton n'éclataient.
264. L'or informe ne peut être comparé à Lui, car il ne peut être transformé en ornements tout en restant tel qu'il est.
265. Aucun individu ne peut Lui être comparé, car nul ne peut aller d'un pays à l'autre sans traverser l'espace intermédiaire.
266. Ainsi, le jeu du Soi n'a pas de parallèle. Il ne peut être comparé qu'à Lui-même.
267. Il dévore sans cesse des bouchées de sa propre lumière ; mais ni sa réserve de lumière n'est diminuée, ni son ventre n'est agrandi.
268. Le Soi, par son sport incomparable, règne en Lui-même sur son propre royaume.
269. Si cela peut être appelé « ignorance », cela signifie la fin de toute pensée logique. Peut-on être patient avec quelqu'un qui pense ainsi ?
270. Si ce qui illumine est appelé « ignorance », c'est comme appeler la lampe d'un mineur « Une pierre noire ».
271. Serait-il logique d'appeler une statue dorée brillante, la déesse « la sombre » ? Donner le nom « ignorance » à l'auto-illumination du Soi, c'est comme cela.
272. En vérité, tous les êtres et tous les éléments, des Dieux à la plus petite particule de la terre, sont illuminés par ses rayons.
273. C'est à cause de Lui que la connaissance connaît, la vue voit, et la lumière illumine.
274. Qui donc est cette méchante personne qui l'a désigné comme « ignorance » ? Vraiment ! N'est-ce pas comme dire que le soleil est attaché dans un sac de ténèbres ?
275. Écrire la lettre « A » avant le mot, jñana (transformer la connaissance en ignorance) comme moyen d'améliorer la grandeur de jñana ! N'est-ce pas là une méthode extraordinaire pour élargir le sens d'un mot?
276. A quoi bon mettre un feu dans une caisse en bois ? Cela ne fera que transformer cela en flammes.
277. Il est inutile de parler de la notion d'ignorance quand tout l'univers est vibration de la Conscience.
278. Premièrement, c'est comme croire qu'il y a eu un meurtre simplement parce que quelqu'un crie « meurtre ! » Deuxièmement, une telle notion est totalement fausse ; comment la Connaissance peut-elle être appelée « ignorance » ?
279. Même parler d'ignorance est, en soi, une vibration de Connaissance. Alors, ne devons-nous pas appeler cette Connaissance « Connaissance » ?
280. Par sa propre illumination, le Soi se perçoit sous toutes ces diverses formes.
281. Comment se fait-il alors que l'ignorance, qui se dissout devant le projecteur de la pensée, puisse acquérir la perception, et se voir comme le monde visible ?
282. Si l'ignorance déclare qu'elle donne naissance au monde, qui est la connaissance, et essaie d'établir son existence au moyen de l'ignorance.
283. Alors le monde lui-même a incontestablement prouvé la non-existence de l'ignorance ; parce que l'ignorance et la Connaissance ne sont pas des choses qui sont liées de la même manière qu'une substance et sa qualité sont liées.
284. La Connaissance pourrait être une qualité d'ignorance si les perles pouvaient être faites avec de l'eau, ou si une lampe pouvait être maintenue allumée avec de la cendre.
285. L'ignorance pourrait émettre la lumière de la Connaissance si la Lune pouvait émettre des flammes bondissantes, ou si le ciel pouvait se changer en pierre.
286. Il est certainement étonnant qu'un poison mortel puisse surgir d'un océan de lait ; mais, un poison mortel pourrait-il donner naissance à du pur nectar ?
287. A supposer même que l'ignorance soit produite à partir de la Connaissance, cette ignorance s'évanouirait dès sa naissance. Alors, encore une fois, il ne resterait plus que la Connaissance.
288. De même que le Soleil n'est que le Soleil, la Lune n'est que la Lune, et la flamme d'une lampe n'est qu'une flamme,
289. Soyez assurés aussi que la lumière de la Conscience n'est que Lumière. L'univers entier n'est rien d'autre que la luminosité du Soi.
Chapitre Huit :
RÉFUTATION DE LA CONNAISSANCE
Note d'introduction.
Ayant établi la non-existence de l'ignorance dans la Conscience absolue, Jnaneshwar réitère une fois de plus le corollaire évident de cette affirmation : cette connaissance, qui est le complément de l'ignorance, n'existe pas non plus dans cet état. Ces deux, la connaissance et l'ignorance, n'existent que l'une par rapport à l'autre ; ils sont à la fois illusoires et disparaissent dans l'expérience unitive du Soi unique.
1. Quant à nous-mêmes, nous ne possédons ni Connaissance ni ignorance. Notre gourou nous a éveillés à notre véritable identité.
2. Si nous essayons de voir notre propre état, cette vision elle-même devient honteuse. Que faire alors ?
3. Heureusement, notre gourou nous a rendus si vastes que nous ne pouvons pas être contenus en nous-mêmes.
4. Notre identité ne se limite pas uniquement au Soi universel, mais nous ne sommes pas perturbés en percevant notre existence séparative ; nous restons, après la libération finale, le même qu'avant.
5. Le mot qui peut décrire notre état n'a pas encore été prononcé. Les yeux qui peuvent nous voir n'existent pas.
6. Qui pourrait nous percevoir, ou nous apprécier comme un objet de jouissance ? Nous ne pouvons même pas nous percevoir !
7. La merveille est que nous ne sommes ni cachés ni manifestés. Ah ! Comme c'est incroyable que nous existions même !
8. Comment de simples mots peuvent-ils décrire l'état dans lequel nous sommes placés par Sri Nivritti ?
9. Comment l'ignorance peut-elle oser venir avant nous ? Comment l'illusion peut-elle naître après sa mort?
10. Et peut-on parler de connaissance là où l'ignorance ne peut pas entrer ?
11. Quand la nuit tombe, nous allumons les lampes ; mais à quoi bon de tels efforts quand le soleil est là ?
12. De même, lorsqu'il n'y a pas d'ignorance, la Connaissance disparaît également ; Les deux sont partis.
Le monde entier a jailli du Sat-Chit-Ananda, on l'appelle la racine du monde. C'est la félicité. Mais le Sat-Chit-Ananda n'est pas vrai, c'est un concept. Il est votre êtreté : « je suis, je suis connaissance, je suis félicité. » Tout cela est l'œuvre du mental et il doit être transcendé car il vous donnera toujours une fausse compréhension. Si la réalité n'était pas, rien ne pourrait apparaître. L'écran, la réalité, est là, c'est pourquoi les images peuvent se former, mais l'écran n'a ni amour ni indifférence. N'aimez personne et ne détestez personne, c'est le mental qui fait ces discriminations, l'écran n'en fait pas. Les cinq doigts sont différents, mais vous savez que c'est votre main ; c'est cela l'Unité.
Si vous comprenez que vous n'êtes pas le corps, votre conscience devient universelle. Toute limitation disparaît. Vous devenez la conscience-connaissance universelle. Malgré tout cette connaissance est aussi illusion, ignorance finalement. En effet, la source de la conscience-connaissance elle-même, a pour origine l'oubli ou l'ignorance de la réalité. Vous devenez donc la création toute entière, la conscience-connaissance du monde, mais c'est encore l'illusion. Cet ego qui devient la conscience universelle est, en fait, le pire des ego : « je suis le créateur du monde, je suis omnipotent, etc. » Mais vous êtes le créateur de plus d'illusion, de plus d'ignorance, alors quelle en est l'utilité ? Cette compréhension que la conscience universelle est toujours l'ego doit mûrir, pour se dissoudre dans la réalité. Dans la réalité finale, il n'y a ni conscience, ni ignorance et c'est ce que vous êtes, c'est votre véritable nature.
C'est à partir de l'ignorance que la connaissance est apparue et vous voyez l'illusion entière se dérouler. L'ignorance s'est surimposée à la réalité, de cette ignorance un concept a surgi, la connaissance et sur ce concept le monde est créé. Concept veut dire connaissance. Tout le monde fonctionne avec la connaissance, c'est par elle que vous créez et agissez. Prendre naissance est un concept et s'ensuivra son cortège de douleurs toute votre vie durant. La vie est un concept, rien d'autre. Quand elle prend fin, le concept disparaît et tout se termine alors.
Ranjit Maharaj
![](ranjit-enseign.jpg)
![](illusion-manifeste.jpg)
Les Bhajans de la Lignée de Shri Ramakant Maharaj
ici en pdf (en français)
CHIDANANDA (Bhajan de la Lignée)
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je ne suis pas le mental, l’intellect, l’égo ou le subconscient. Je ne suis pas les oreilles, la langue, le nez ou les yeux.
Je ne suis pas l’espace, la terre, le feu ou le vent.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je ne suis pas la force de respirer, les sept éléments vitaux du corps, ni les cinq couvertures.
Je ne suis pas la parole, les mains, les pieds, ni le rectum.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je ne suis pas l’envie, la cupidité, ni le désir, ni l’attirance.
Je ne suis pas l’arrogance, ni la fierté, ni la jalousie, ni la religion, ni la fortune, ni les dépenses pour l’humanité, ni la libération.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je ne suis pas la vertu, le péché, la joie et la tristesse. Je ne suis pas le Mantra, le pèlerinage, les Écritures, les offrandes ou le feu rituel.
Je ne suis pas la nourriture, l’action de manger et ce qui est mangé.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je ne suis pas la mort, le doute, ni la discrimination de castes. Je ne suis pas le père, la mère, donc pas de naissance.
Je ne suis pas le frère, ni l’ami, ni le Gourou, ni l’aspirant.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis au-delà des concepts, sans changement, au-delà de la forme.
Je suis tout étendu dans tous les sens. Je vois l’égalité dans chacun. Je ne suis ni libéré, ni lié.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
Je suis l’Éternelle Béatitude. Je suis Shiva.
C’est complet et parfait. C’est complet et parfait.
Du complet et parfait, le complet et parfait devient manifesté.
Si le complet et parfait sort du complet et parfait, même alors le complet et parfait restera toujours.
L’UN, qui avec compréhension, savoure le monde.
(ARATI)
J’ai reçu une grande fortune qui m’a poussé hors des affaires du monde.
J’ai rencontré mon Sadgourou et je fais ce qu’Il me demande.
Il m’a mis dans la bonne direction, vers l’intérieur où est le Soi.
Après la traversée des attributs, vous atteindrez Pandhari, où Vithoba réside.
Comment décrire ce bonheur ? Quand l’égo s’en va le bonheur demeure.
Par la lumière de la compréhension qu’Il m’a donnée, mon égo est complètement détruit.
Je vais vers le Soi. Le corps reste mais je ne m’occupe plus de lui.
Le mental devient pas de mental, aucune trace de lien demeure.
Fusionné dans le Soi, j’ai oublié pourquoi je suis venu ici ! Les mots sont sans signification.
Je suis devenu l’UN, je vois seulement Moi-même partout.
Les Trois attributs sont brûlés, je les ai transcendés.
L’Indestructible, l’Eternel est merveilleux. La lumière de l’Illumination de Soi ne diminue jamais.
Le nom et la forme créent la dualité, mais IL est Un, partout.
Namdev : « Si ce que je dis n’est pas la vérité, je couperai ma tête ! ». (Mais personne ne peut couper Cela !!)
L’univers entier et son créateur sont contenus dans une graine de sésame.
Tout vient de zéro, retourne à zéro et n’a aucun volume. Tout est rien.
Le propriétaire de l’univers entier demeure à l’intérieur d’une petite maison graine de sésame.
La plus petite graine contient tous les trois mondes.
Cependant rien n’est plus grand que Moi-même, qui n’ai aucun volume.
Le propriétaire de Cela va et vient.
De rien vient toutes les choses, même les Dieux.
Rien est très puissant. Rien ne peut arriver.
Oubliez la connaissance et l’ignorance et vous êtes LUI.
Quand quelque chose est là, vous ne pouvez rien faire de plus ou de moins.
Tuka dit, dans une petite graine ou une petite goutte se trouve l’ensemble de la création transitoire.
5. Je suis la joie originelle
Partout la béatitude ! À l’intérieur et à l’extérieur !
Joie ! Joie ! Rien n’est là excepté Moi-même. Je suis la Joie Originelle !
IL est partout et Cela est la joie !
À l’intérieur et à l’extérieur, tout est joie, au-delà de la connaissance.