Pour cela, il faut mettre un terme
à son identification au corps
par Sri Siddharameshwar Maharaj

Source : Sri Siddharameshwar Maharaj « Embrasser l'immortalité (Amrut laya) » - Les Deux Océans – Paris



COMPTE- RENDU N° 90 DU 11 06 1929

Il n'y a pas de chemin tout tracé vers le Soi. Vous ne pouvez pas y accéder par le mental, par les mots. Vous devez au contraire tout oublier pour le trouver. Cependant tout le monde peut l'accomplir, la seule chose qui est requise est la pratique. Vous devez non seulement comprendre mais également mettre en pratique ce que vous avez compris ! Pour cela, il faut mettre un terme à son identification au corps. Mais vous êtes tellement confondu avec le corps que vous voilà incapable d'identifier votre Soi. Qui êtes-vous ? Vous êtes celui qui peut connaître tout et tous. Vous êtes la pure connaissance, le Soi sous la forme de la connaissance. Dès que les pensées s'élèvent dans cette connaissance, elle prend la forme du mental et c'est ainsi que ce dernier fait son apparition. Quand vous dites : « Voici un arbre », la pensée que c'est un arbre jaillit et le concept de l'arbre est créé. Dès que la connaissance devient consciente de quelque chose d'autre qu'elle-même, elle devient le mental. Le seul remède à cette maladie est de reconnaître que vous êtes la connaissance et non pas le corps/mental. L'imagination est alors annihilée tandis que celui qui imagine se maintient. Le créateur des concepts se maintient, mais il n'y a plus de concepts. Quand la lampe est éteinte, la flamme n'existe plus, mais celui qui a éteint la lampe est toujours là, même dans l'obscurité, il ne disparaît pas. Cette lampe est votre imagination et si elle est supprimée, celui qui l'a fait disparaître ne disparaît pas avec elle. En quelques jours de pratique, vous pouvez comprendre que vous n'êtes pas le corps mais celui qui est conscient du corps. Quand vous atteignez cette connaissance vous devenez le Soi en tant que connaissance.

Ensuite il faudra aussi vous débarrasser de cette connaissance pour être enfin transfiguré dans le Soi suprême ou réalité ultime. Cela signifie que vous devenez encore plus subtil dans le sens où la connaissance n'existe plus dans cet état. Ni la connaissance ni rien d'autre. Ainsi, après avoir atteint l'état de connaissance vous devez continuer votre chemin jusqu'à la connaissance absolue, l'ultime réalité.

Les principes premiers sont toujours plus simples que leurs dérivés.

Ils sont aussi accessibles et évidents que l'est la lumière du soleil qui est naturellement disponible, alors que la lumière artificielle requiert tout un dispositif. De même, la forme la plus pure de la connaissance (vidgnyan) est si proche de vous qu'elle vous est totalement ouverte. L'activité des corps grossier et subtil n'existe que dans le mental. Quand vous reposez tranquillement en vous-même, seul le corps causal (l'oubli) se maintient ; le processus de la pensée (le mental) étant éliminé, les corps grossier et subtil cessent d'exister. Le corps causal que vous ressentez comme un abîme, celui de l'ignorance, est lui-même progressivement abandonné. Il se dissipe petit à petit mais le Soi, l'observateur de cet oubli, existe toujours, bien qu'il ne puisse pas être appréhendé. Ayant atteint la satisfaction, vous restez dans le silence.

Où est le Soi ? Asseyez-vous en silence et saisissez-le à la dérobée sans utiliser le mental. Ne soyez pas un simple mortel mais transformez-vous en Shiva. Soyez le Seigneur, le maître pour vous l'approprier car c'est ainsi que vous comprendrez l'incompréhensible. Là ne réside ni conscience, ni non conscience car vous devez même abandonner la pensée « je sais » pour atteindre le suprême. Vous étant débarrassé de la béquille de la pratique, il n'y a désormais plus aucune pensée. Cet état est grand ! Connaissance et ignorance sont des concepts qui n'existent pas dans le Soi ultime. Ayant abandonné tous les concepts grâce à la nouvelle vision que donne la connaissance, réalisez maintenant le but suprême !

Comment peut-on réaliser le suprême ? Plus vous essayez de l'atteindre, plus il s'éloigne ! Le mental peut percevoir l'aspect manifeste de toute chose, mais il ne peut percevoir le principe immanent qui est invisible, bien qu'il soit la cause de toute la manifestation. Dès que vous essayez de percevoir le Seigneur qui réside en vous à l'aide du mental, il se dérobe. Pour l'atteindre, vous devez révéler en vous le principe du Soi qui est à la base de toute chose. En vous appuyant sur le Soi vous serez à même de rejeter tout ce qui le dissimule. Ne vous arrêtez pas en chemin, continuez jusqu'à ce qu'il ne reste plus que lui. Il n'est pas visible, n'essayez donc pas de le voir, ou immédiatement un nouveau concept surgira et vous conduira inévitablement dans la sphère du corps subtil.

Ni l'oubli ni la connaissance n'ont de forme tangible, ce ne sont que des phases de la pure conscience. Appréhender la conscience par la conscience elle-même c'est comme connaître le principe de l'eau en extrayant l'eau d'elle-même. En utilisant vos yeux, qui sont des instruments limités, vous ne pouvez pas comprendre. Pour comprendre vous avez besoin de la vision subtile. Pour chercher le subtil, utilisez la vision subtile ! Enfin, celui qui arrive à la conclusion qu'il n'y a plus rien dans le subtil est lui-même très subtil, et c'est le Soi que vous êtes réellement. Tout oublier est la seule méthode à adopter pour se souvenir du Soi. Ce n'est qu'une astuce, mais les Écritures ont également utilisé cette méthode d'élimination pour dévoiler le Soi, exclure tout ce qui n'est pas le Soi vous permet de le rejoindre.

Dès que vous essayez de connaître le Soi, l'ego apparaît. Vouloir connaître est un remède non seulement inefficace mais nocif ! Lui, le Soi resplendissant ne peut être réalisé qu'en ne faisant rien ! Il n'y a rien à faire pour le connaître. Cette connaissance se diffusera naturellement à travers le corps sans effort et spontanément. L'état naturel, c'est exister en ne faisant rien ! Le maître vous explique qu'il est la source de la félicité. Il vous prescrit le repos car c'est la seule procédure à appliquer pour la réalisation. Asseyez-vous tranquillement et ne faites rien ! Ne rien faire est la seule chose qui aide à l'accomplissement de la réalité.