Le Soi ultime est Un et au-delà de la conscience
par Sri Siddharameshwar Maharaj
Source : Sri Siddharameshwar Maharaj « Embrasser l'immortalité (Amrut laya) » - Les Deux Océans – Paris
Le mouvement subtil qui est ressenti dans le Soi immuable est appelé « conscience » ou « je suis ». Ce mouvement dans le Soi caractérise l'illusion. (Siddharameshwar Maharaj)
COMPTE-RENDU N° 54 DU 29-11-1928
Tout ce qu'on perçoit par le biais du mental et de l'intellect doit être nié et dépassé. Le monde matériel, qui est le produit de notre propre concept, doit être totalement transcendé. Là où il y a conscience (connaissance) il y a ignorance. C'est par la conscience, née de l'ignorance, que nous nous connaissons ! L'impulsion spontanée de conscience donne naissance au concept qui au début est sous une forme latente (subtile). Quand ce concept prend une forme plus grossière, c'est-à-dire une forme objective, cette impulsion de connaissance devient ignorance. L'ignorance est donc à la base de la connaissance objective. On dit de la conscience qu'elle est pure lorsqu'il n'y a pas la moindre trace du sentiment « je suis le corps, je suis l'intellect ». C'est en vous débarrassant des pensées qui concernent votre corps et de l'idée même que vous êtes ce corps, que la pure connaissance de votre Soi se révèlera dans toute sa splendeur. Vous serez le témoin, c'est-à-dire celui qui a l'œil de la connaissance de soi.
Quel que soit l'état que traverse votre corps - état de veille, de sommeil ou de rêve - le Soi reste inchangé. A l'état de veille, l'âme du mortel est le Soi conditionné par le monde et c'est là que se révèle l'orgueil du « je ». Dans le quatrième état (turya), la connaissance « je suis » persiste, ce n'est donc pas non plus la véritable connaissance. Quand vous sortez du sommeil profond, vous êtes conscient de vous-même en tant que « je suis ». Cette conscience est naturelle et spontanée, mais elle varie d'intensité selon les personnes. C'est ainsi que parfois à votre réveil vous ne savez plus où vous êtes ni qui vous êtes, puis aussitôt après vous devenez conscient de vous-même « je suis un tel, une telle ». Cette conscience d'être quelque chose ou quelqu'un est la connaissance individuelle ou limitée. Ainsi, dès que vous vous réveillez, vous oubliez le Soi qui est au-delà du « je suis ». Vous descendez du plus haut niveau du Soi vers le niveau inférieur de « l'Existence-Conscience-Félicité » (le Brahman ou Conscience pure « Je suis » - Sat-Chit-Ananda) pour ensuite vous identifier au plus bas niveau de la conscience qui est celui du « je » limité au corps. La descente est naturelle et inévitable et c'est pareil pour tout le monde. Mais quand vous abandonnez l'identification au corps et au « je », le Soi de la conscience limitée devient le Soi suprême. Vous êtes dès lors transfiguré.
Ce qui est vu ou ressenti est du domaine du tangible et tout ce qui est tangible est non seulement éphémère mais imprégné de souffrance. Tout ce qui est expérimenté par les dix sens, le mental et l'intellect est différent de vous et n'est pas réel. Le Soi est le témoin de tout ce qui est vu par le mental, les sens... L'état dans lequel on a le sentiment « je suis le témoin, l'observateur » est appelé turya, le quatrième état. Néanmoins la dualité existe encore dans cet état car l'observateur est celui qui voit ce qui est vu, il n'est en fait toujours qu'un concept. Ce n'est donc pas la véritable connaissance puisque la dualité est présente. La connaissance ultime est atteinte dans l'état d'unicité totale qui n'inclut rien qui serait « autre ». La Conscience est la connaissance « je suis », ce qui suppose une certaine dualité alors que le Soi ultime est Un et au-delà de la Conscience.
Le Soi pur s'est transformé en un « je » particulier imprégné d'ego. Si on ne comprend pas que le monde matériel dans sa totalité est illusoire, alors 1'ego persiste et 1'on reprend naissance inévitablement. L'ego est responsable de votre naissance, c'est lui le « je » qui prend naissance. Vous vous incarnez et dès lors le cycle du désir et de la peur, du « je » et du « mien », prend un nouveau départ. Bien que le corps soit impur le Seigneur Rama réside en lui, puisqu'il est omniprésent il se trouve aussi dans l'impur. Ici c'est le corps plein de désirs et de peurs que l'on appelle « l'impur ». Vous ne pourrez trouver la paix et atteindre la connaissance que lorsque vous vous serez débarrassé du désir et de la peur. Autrefois, les gens à l'automne de leur vie se retiraient du monde et s'isolaient dans la forêt pour trouver la paix. Isolez-vous avant qu'il ne soit trop tard, avant que la conscience qui est en vous ne fasse le saut final !