Ce en quoi « le connaissant » et le connu se manifestent et disparaissent est au-delà du temps par Sri Nisargadatta Maharaj
Source : Sri Nisargadatta Maharaj « Je Suis » - Les Deux Océans – Paris
En vérité, votre état est la Félicité Absolue, pas cet état du monde du phénomène. Dans l'état du non-phénomène vous êtes félicité totale, mais vous n'en pouvez faire l'expérience. Dans cet état il n'y a ni misère ni malheur, seulement une pure félicité.
Hors du Soi il n'y a rien. Tout est un, et tout est contenu dans « je suis ». Dans les états de veille et de rêve, c'est la personne. Dans le sommeil profond et turiya (4° état), c'est le Soi. Au-delà de l'intense concentration de turiya s'étend la grande paix silencieuse du Suprême. Mais en fait tout n'est qu'un en l'essence et relatif en apparence.
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Q : La conscience témoin est-elle permanente ou non ?
M : Elle n'est pas permanente. Le « connaissant » se manifeste et disparaît avec le connu. Ce en quoi « le connaissant » et le connu se manifestent et disparaissent est au-delà du temps. Les mots éternel ou permanent ne conviennent pas.
Q : Dans le sommeil il n'y a ni « connaissant » ni connu. Qu'est-ce qui maintient le corps sensible et réceptif ?
M : Vous ne pouvez certainement pas affirmer que le « connaissant » était absent. L'expérience des choses et des pensées n'était pas là, c'est tout. Mais l'absence d'expérience est aussi une expérience. C'est comme d'entrer dans une pièce obscure et de dire : « Je ne vois rien ». Un aveugle de naissance ne sait pas ce qu'est l'obscurité. De la même façon le sommeil n'est qu'une suspension de la mémoire. La vie continue.
Q : Et qu'est-ce que la mort ?
M : C'est un changement dans le processus de vie d'un corps déterminé. L'intégration cesse et la désintégration commence.
Q : Mais qu'en est-il du « connaissant ». Disparaît-il avec le corps ?
M : Il disparaît à la mort, de la même façon qu'il est apparu à la naissance.
Q : Et il ne reste rien ?
M : La vie reste. La conscience a besoin d'un véhicule et d'un instrument pour sa manifestation. Quand la vie produit un autre corps, un autre « connaissant » vient à être.
Q : Y a-t-il un lien causal entre les « corps-connaissants » et les corps-mentals successifs ?
M : Oui, il y a quelque chose qu'on pourrait appeler le corps-mémoire, ou corps causal : un enregistrement de tout ce qui a été pensé, désiré et fait. C'est comme l'agglomération d'un nuage d'images.
Q : Que signifie une existence séparée ?
M : C'est la réflexion, dans un corps séparé, de l'unique réalité. Dans cette réflexion le non-limité et le limité sont confondus et pris pour la même chose. La suppression de cette confusion est le but du yoga.
Q : La mort ne supprime-t-elle pas cette confusion ?
M : Dans la mort, seul le corps meurt. La vie ne meurt pas, ni la conscience, ni la réalité. Même le corps n'est jamais aussi vivant qu'après la mort.
Q : Mais renaît-on ?
M : Ce qui est né doit mourir. Seul le non-né ne meurt pas. Trouvez ce qui jamais ne dort ni jamais ne s'éveille, et dont la pâle réflexion est notre sensation du « je ».
Q : Comment puis-je mener à bien cette investigation ?
M : Comment faites-vous pour trouver une chose ? En fixant sur elle votre mental et votre cœur. Il y faut de l'intérêt et un rappel constant. Se rappeler ce qui doit être remémoré est le secret du succès. Vous y parvenez par le sérieux, par l'application.
Q : Voulez-vous dire que le simple fait de vouloir est suffisant ? Les qualifications et les occasions sont certainement nécessaires.
M : Elles viendront avec l'application. Ce qui, par-dessus tout, importe, c'est d'être libéré des contradictions : le but et le moyen ne doivent pas se situer sur des plans différents ; la vie et la lumière ne doivent pas se combattre ; le comportement ne doit pas trahir la foi. Vous pouvez appeler cela honnêteté, intégrité, plénitude ; il ne faut pas retourner en arrière, défaire, déraciner, abandonner le terrain conquis. De la ténacité dans le dessein et de l'honnêteté dans la recherche vous amèneront au but.
Q : Ténacité et honnêteté sont assurément des dons. Je n'ai trace ni de l'une ni de l'autre.
M : Tout vous viendra en chemin. Faites d'abord le premier pas. Toutes les bénédictions viennent de l'intérieur. Tournez-vous vers l'intérieur. Le « je suis », vous savez. Soyez avec lui à tous les instants dont vous pouvez disposer jusqu'à ce que vous vous tourniez vers lui spontanément. Il n'y a pas de voie plus simple et plus facile.