La conscience illusoire a donné naissance au monde, pas à vous
par Sri Nisargadatta Maharaj
L'Un sans second devient conscient de Son existence et cela donne naissance à un très grand nombre de corps. Lequel de ces corps devrait-Il accepter plus particulièrement comme le sien ? Il n'y a rien d'autre que Dieu. Aussi, qui peut-il obliger ? N'expérimente-t-il pas que Lui-même ? Quand vous atteignez le point avant la conscience, vous devenez tout.
Source : « méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj » - Éditions Aluna
Le mouvement subtil qui est ressenti dans le Soi immuable est appelé « conscience » ou « je suis ». Ce mouvement dans le Soi caractérise l'illusion.
Siddharameshwar Maharaj
Nirupana 32 - dimanche 28 mai 1978
La forme de la conscience (« Je suis ») est espace. En tant que sans forme, avez-vous un quelconque besoin ? Prenez l'espace pour votre identité. S'en tenir à cette identité en permanence est appelé une ascèse spirituelle. N'amenez pas d'humain dans cela. Une fois cela réalisé, est-ce qu'il y aurait encore un besoin de maison, de famille ?
De quel outil disposez-vous pour cette recherche ? N'est-ce pas la connaissance que vous êtes ? C'est le capital premier qui est déployé à travers le monde sous la forme des cinq éléments. Krishna a aussi enseigné cette connaissance de différentes manières. Quel était Son capital ? N'était-ce pas Sa conscience ? Pour la plupart des gens, le même capital est entaché par les concepts de péchés et de vertus. Que vous voyiez une déité ou un fantôme, il est vu dans la clarté de votre lumière. La plupart des enseignants recommandent des rites et rituels. Personne ne parle de telles évidences. Si vous avez la conviction que l'espace est votre nature, y a-t-il encore gain ou perte ?
Celui qui connaît la conscience est antérieur à elle. Celui-ci, qui est antérieur à la conscience, ne peut être décrit en mots. Existence-conscience-félicité (sat-chit-ananda) est la qualité de la connaissance. C'est encore objectif. Celui qui connaît n'est pas un objet. Mon discours est ainsi parce que j'ai vu sat-chit-ananda dans son essence.
La connaissance « Je suis » est félicité. Tant que vous n'aurez pas expérimenté ceci, vous ne serez pas à même d'appréhender le Soi. Dès lors que vous serez stabilisé dans le Soi, le commentaire permanent du mental s'arrêtera. Vous ressentez encore de la peur ; cela signifie qu'un petit sentiment de faute se cache encore à l'intérieur.
L'identification au corps est ce péché. Votre conscience opère à travers cinq canaux : le toucher, l'audition, la vue, le goût et l'odorat. La conscience, c'est vous ; accrochez-vous à cela. Avez-vous compris cela ? Le rappel de cela est méditation. Progressivement, sa valeur est transmise. Soyez conscient de la valeur de cette connaissance. Elle est si atomique, et la création qu'elle génère si colossale ! Ce qui est déjà là, n'a pas besoin d'être recherché. Ne le mélangez pas à la boue de la conscience identifiée. Tant que vous ne considérerez pas votre être véritable comme Dieu, vous ne comprendrez rien. S'il n'avait pas été là, qui aurait pu dire : « Je suis Krishna, Vishnu, etc. » ? Au lieu de croire les faits, vous croyez en des choses illusoires. Cela, à cause de maya. Si vous souhaitez éconduire cette illusion, portez toute l'attention sur votre conscience subtile. Elle a la même valeur que l'univers tout entier.
Quand vous vous réveillez du sommeil profond, c'est le Soi (en tant que conscience) qui s'éveille, mais vous vous prenez pour un homme ou une femme. Alors vous faites face à la mort. Ne répétez pas la connaissance que vous entendez ici, tant que vous n'en avez pas l'expérience. Le flot de lumière de cette conscience atomique est si vaste qu'il est devenu le monde entier. C'est cette même conscience à travers laquelle vous vous sentez en faute ou vertueux. Si le vrai et le faux sont vus au moins une fois (pour ce qu'ils sont), c'est suffisant. Il n'y a plus d'utilité alors de rester assis et de rentrer en samâdhi encore une fois.
Vous vous êtes morcelé. C'est pourquoi les pensées vous harcèlent. Portez toute votre attention sur le fait que vous êtes tout ceci dans son entièreté. Le sens « Je suis » ne peut être saisi que dans l'état de veille. Votre conscience pure est antérieure à tous les concepts. La Vérité, soudainement, est ressentie en tant que « Je suis » et, immédiatement après, l'univers vient à l'existence. Si la connaissance de votre conscience se dissout dans la Vérité, les gens viendront à vous où que vous alliez.
Maya est ce qui est vu, senti, imaginé et connu, mais qui ne dure pas. Le Soi est le support pour tout ce qui apparaît au sein de la conscience. Ce qui est connu devient non connu et est appelé la mort. Il est évident que les cinq éléments sont tout ce qui est. Ils jouent en moi. Se réveiller du sommeil profond est aussi dû au pouvoir en action des cinq éléments. C'est la puissance de Sattva guna qui nourrit Rajas et Tamas. La plus grande puissance vient de la compréhension que ce n'est pas « Je » qui est né, mais le monde que je vois. À travers cela tout est vu. La sensation de se réveiller est la naissance du monde.
La naissance signifie connaître « Je suis ». Avec cela le monde est créé. Une fois que cette conscience est née, le monde apparaît avec les individus, leurs joies, leurs peines. À moins de méditer sur cela, le puzzle ne sera pas solutionné. Le monde est né spontanément. Dissolvez votre conscience à cet endroit (de la naissance du monde). Il est de nature divine.
La conscience, simple connaissance de votre existence, est le Guru, le Seigneur des seigneurs. Celui qui croit que la conscience est le corps et le mental est perdu. À travers le mental, « je suis » est senti. Bien et mal sont connus au travers des significations émises par le mental. Et vous n'êtes pas le mental.
Comment considérer comme vraie l'expérience qui vient à travers le souffle ? Aviez-vous vu le monde avant d'être né ? Le monde est né avec vous. Le sentiment « je suis » dans le corps humain est le lieu de naissance du monde. Quand la conscience se lève, alors seulement le monde naît ! Il n'y a pas de naissance et de mort pour vous. La conscience n'a pas créé un individu, mais le monde dans son ensemble. La conscience identifiée est l'obstruction. Sans cela, il est facile de comprendre tout ceci. La conscience identifiée a livré l'Être parfait aux mains du temps (la mort). Le temps l'a défini en comptant ses jours.
Vous, en tant que Sadguru-Soi n'êtes jamais né (c'est seulement le corps et maya qui sont nés.) Vous êtes la preuve de la parole du Sadguru : « Je suis Celui que mon Guru m'a décrit. Que le corps s'en aille ou pas, je suis la preuve de ce que j'ai entendu de mon Guru, et la preuve de ma conviction est ma foi dans le Sadguru. » Quand le jiva et Shiva sont tous deux vus comme irréels, reste Paramatman en tant que témoin. Par la vertu de mon offrande sacrée, la pure conscience est réalisée. Le concept « Je suis » est dissous. Celui qui est avant ce concept ne peut être détruit. Tant que la conscience est avec des désirs, soyez vigilant. La conscience illusoire a donné naissance au monde, pas à vous. Pour déplacer ce monde illusoire, vous faut-il quelque puissance ?
Si mes mots transpercent quelqu'un, il deviendra un siddha !