Le moment de la mort
par Sri Nisargadatta Maharaj

L'Un sans second devient conscient de Son existence et cela donne naissance à un très grand nombre de corps. Lequel de ces corps devrait-Il accepter plus particulièrement comme le sien ? Il n'y a rien d'autre que Dieu. Aussi, qui peut-il obliger ? N'expérimente-t-il pas que Lui-même ? Quand vous atteignez le point avant la conscience, vous devenez tout.
Source : « Nisargadatta Maharaj - L'ultime guérison » - Éditions Almora



M : Reculez, reculez. Le lion, où qu'il aille, regarde derrière lui. Ainsi, regardez en arrière, remontez à la source, à la graine.

Lorsque vous êtes engagé sur la voie spirituelle, la voie de la connaissance de soi, tous vos désirs et tous vos attachements tombent simplement, à condition que vous enquêtiez et que vous vous accrochiez à ce grâce à quoi vous tentez de comprendre le soi. Qu'arrive-t-il alors ? Votre sensation d'existence individuelle est l'état « être ». Vous êtes « être » et attaché à cet état. Vous aimez être. Comme je l'ai mentionné, cette recherche efface vos désirs. Et quel est donc le désir primordial ? Être. Lorsque vous séjournez dans cet être pour un moment, ce désir-là disparaît aussi. Ceci est très important. Une fois ce désir abrogé, vous êtes dans l'Absolu, cet état si essentiel.

V : C'est exactement le sentiment qui nous a envahis aujourd'hui. Il y a une certaine tristesse dans cette réalisation, et pourtant une plus grande compréhension de l'Absolu.

M : De la tristesse parce que cette sensation d'existence individuelle était triste. (rire)

V : Vous savez qu'il y a l'Être, vous allez vers le non-Être. Il y a aussi toutes les choses de l'Être, et vous savez qu'elles ne sont vraiment rien. Mais c'était agréable ; c'était une grande illusion pendant ce temps.

M : Séjournez dans votre état véritable. il est toujours là, dans toute sa pureté et sa placidité. Seule cette conscience, le sentiment d'existence individuelle, se retire consciemment de l'Absolu. Ce « vous » ... Vous êtes seulement présent ; il n'y a pas le moindre mouvement de votre part. Le spectacle tire à sa fin.

V : Voudriez-vous répéter cela un peu plus clairement ?

M : Oui. Lorsque vous êtes dans la conscience individuelle, vous comprenez la nature de cette conscience et vous reculez. Vous continuez à progresser et cette conscience s'éteint lentement ; en toute connaissance de cause, elle disparaît. Mais rien ne Vous affecte, parce que ce Vous est l'Absolu. Quand la flamme s'est éteinte et que la fumée s'est dissipée, le ciel demeure.

V : Magnifiquement dit !

M : C'est le Brahman de la mort, le moment de la mort. Il y a une veille, le souffle de vie est en train de laisser le corps et la sensation d'existence individuelle se retire, elle s'évanouit. C'est le plus grand moment, le moment d'immortalité.

Le corps, la flamme, cette sensation d'existence individuelle est là ; ses mouvements se font sentir et j'observe. Et il s'éteint. Le souffle de vie déserte le corps, cette flamme n'est plus là. Vous observez cela. Cette observation est votre observation. L'ignorant, au moment de la mort, est saisi d'une grande frayeur ; il lutte. Mais pas le jnani ; pour lui, c'est le moment le plus heureux, le plus serein.

Mais vous courez partout vers les saints, les ashrams, etc., et vous accumulez des connaissances au nom de l'individu. Ne faites pas cela. Allez au-delà. Cette collecte de connaissance ne va pas vous aider, car elle se déroule à l'intérieur d'un rêve. Ce rêve va se répéter, en tant que corps humain, tout comme beaucoup d'autres corps, ou en tant qu'animal ou en tant que dieu ou n'importe quoi d'autre. Ce n'est pas ça l'important. Tâchez de comprendre ce qui est dit ici. C'est la seule solution, et elle vous mènera quelque part.