Je suis éternel et le suis à jamais
par Sri Nisargadatta Maharaj

L'Un sans second devient conscient de Son existence et cela donne naissance à un très grand nombre de corps. Lequel de ces corps devrait-Il accepter plus particulièrement comme le sien ? Il n'y a rien d'autre que Dieu. Aussi, qui peut-il obliger ? N'expérimente-t-il pas que Lui-même ? Quand vous atteignez le point avant la conscience, vous devenez tout.
Source : « méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj » - Éditions Aluna



Nirupana 38 - jeudi 22 juin 1978

La nature de Param-Atman est telle qu'Il n'est pas sujet aux allées et venues. Actuellement, vous avez deux corps « avant » vous. L'un est votre corps physique, l'autre est le monde. Les affaires du monde sont menées par les concepts. Tant que vous n'avez pas réalisé l'état d'être suprême, vous devez suivre les traditions. Toute action se produit au travers des concepts. Vous avez pris pour acquis que vous avez été créé ; ceci est fondé sur les concepts de quelqu'un d'autre. Les concepts décident de votre état, soit joyeux, soit triste, tout comme de vos opinions au sujet de la vie et de la mort. Tout ceci est le sport des concepts. C'est le concept qui agit, tandis que vous pensez être l'auteur.

Conformément à la parole du Guru, vous êtes sans forme. Vous n'êtes jamais né. Vénérez la conscience et non le corps. Tout ce que vous comprendrez de vous-même ne durera pas. Vous vous comportez conformément à votre mental et votre intellect. Vous n'avez pas le courage d'éduquer votre mental et votre intellect. Ce courage viendra quand vous agirez en accord avec les mots du Guru. Par un constant rappel et une constante adoration, la conscience est satisfaite et se dévoile. Alors vous connaîtrez ce qu'est la non-dualité. Il n'y a aucun sens de séparation dans le Soi. Le dilemme du choix d'agir ou non s'en va. Quand deux opinions sont unies, il n'y a pas de conflit. Quand la conscience est satisfaite, la dualité prend fin et il y a totalité. Quand il n'y a pas de dualité, il y a félicité. Pour cela, tenez-vous à la parole du Guru.

Il n'y a pas d'autre Dieu que la conscience. Méditez sur la sensation « Je suis ». Elle est le méditant lui-même. C'est si simple, et pourtant les gens pratiquent d'incroyables ascèses pour l'atteindre. Comme Krishna, vous devriez aussi dire : « Tout ceci est Je. » Ce qui écoute est la conscience. N'êtes-vous pas conscient d'être ? Auparavant, vous n'existiez pas et n'étiez pas conscient de votre existence. Maintenant, vous savez que vous êtes et cette connaissance est conscience. Méditez sur votre Soi, mais pas en tant qu'un corps limité.

Est-ce que la mémoire que vous êtes un homme ou une femme vous appartient ou appartient au corps ? Est-ce que cette mémoire est vous ? À partir du moment où quelqu'un ressent « Je suis », les cinq éléments sont perçus dans la conscience. Poursuivre en qualifiant « Je suis » de « comme ceci » ou « comme cela » est ignorance. Le remède à cela est la recherche du Soi. Comme il est difficile de méditer directement sur la conscience, vénérez-la en tant que le Guru. Vous pouvez penser au Guru se tenant derrière vous, la lumière illuminant tout. Mais vous n'avez pas la capacité de vous imaginer vous-même, vous tenant derrière vous. Les premières étapes de la méditation requièrent le support de la dualité.

Votre vraie identité n'a pas de forme corporelle. Tout deviendra clair quand vous réaliserez qu'il n'existe rien d'autre que vous. Là où se trouve Dieu, vous êtes ; là où vous êtes, Dieu est. Vous n'êtes pas dépendant du corps, ou de la connaissance dans le corps. Vous saisirez clairement sans aucun support que « Je suis éternel et le suis à jamais ». Vénérez uniquement ce par quoi vous connaissez toute chose. La nature de Param-Atman est la vôtre, votre droit propre, votre propre existence.

Il n'y a pas de connaissance du Soi pour celui qui se considère comme un corps physique. Le Soi doit être réalisé avec une totale détermination. C'est la raison de votre aspiration à venir ici.

Le destin et le sort sont des mots d'usage. Quelle est la destinée de celui qui a pour avis que le corps subtil n'est pas né ? Si vous mentionnez cela à d'autres, vous les perturberez.

Celui, qui n'est pas dans la dualité, n'a pas d'occupation. Le non duel n'a pas d'intention ou de désir. Il n'y a pas d'autre preuve pour la non-dualité que « Je suis Cela ». Votre sens d'être l'auteur vous quittera. Le jnani n'a pas le désir de vivre. Il n'a pas un tel concept.