Avant la Conscience, l'Un n'expérimente
que Lui-même
par Sri Nisargadatta Maharaj

L'Un sans second devient conscient de Son existence et cela donne naissance à un très grand nombre de corps. Lequel de ces corps devrait-Il accepter plus particulièrement comme le sien ? Il n'y a rien d'autre que Dieu. Aussi, qui peut-il obliger ? N'expérimente-t-il pas que Lui-même ? Quand vous atteignez le point avant la conscience, vous devenez tout.
Source : « méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj » - Éditions Aluna



Nirupana 111 - jeudi 31 mai 1979

Krishna dit : « Je réside dans le cœur de tous les êtres. Mais je me manifeste plus spécialement dans le cœur de l'être humain. J'y suis directement présent. Bhagavan signifie le Lumineux, et la conscience, qui est lumineuse aussi, est Ma manifestation. L'amour, qui est venu sans être demandé, est aussi Ma manifestation. Celui qui le réalise devient identique à Moi. Je suis l'existence présente en tout être vivant. Ma manifestation signifie Ma véritable nature. Une particule d'or ou un monceau d'or sont tous deux de l'or. Ma manifestation particulière est la conscience dans l'être humain. Celui qui le réalise devient identique à Moi. Alors il réalisera, au travers de sa propre conscience, ce qu'est le monde changeant et le monde immuable. Je suis antérieur à l'intellect, c'est pourquoi qui me cherchent intellectuellement ne peuvent me trouver. »

Ce qui est antérieur à la mémoire ne peut être remémoré. Nirguna est antérieur à la conscience. Ce qui agit est le mental. Quand les sages parlent, il s'agit de la connaissance de leur mental. La conscience ne peut être montrée, mais elle agit à travers le mental. Le corps est la nourriture de l'être en tant que conscience.

Tout comme la chaleur se trouve dans l'eau chaude, l'Atman demeure dans le corps. Quand l'eau se refroidit, cela signifie-t-il que la chaleur est morte ? Est-ce qu'elle s'est éteinte ? Quand le prana se retire, ses caractéristiques disparaissent. C'est lui qui se trouve derrière la perception de soi. C'est par l'évocation de vos relations que vous avez oublié votre véritable nature.

L'Un sans second devient conscient de Son existence et cela donne naissance à un très grand nombre de corps. Lequel de ces corps devrait-Il accepter plus particulièrement comme le sien ? Est-ce qu'un seul corps peut être à Son image. Les gens accordent une grande importance à la réalisation du Soi, mais Param-atman est au-delà. Celui qui tire une fierté de sa réalisation n'est pas encore mature. Rien ne peut être fait, observez juste. Les actions apportent des tourments parce que la responsabilité en est endossée. Dieu nous nourrit tous, mais pas au moyen de l'intellect. Regardez seulement. Ses cinq organes : la terre, l'eau, l'air, le feu, et l'espace n'ont nullement besoin d'intellect. Le sixième est la conscience. Il n'a pas non plus besoin d'intellect. Le jnani peut sembler être l'acteur, mais cela n'affecte pas sa félicité.

Ne faites rien. Comprenez ce que vous avez entendu et lâchez-le aussi. Ne vous prenez pas pour quelqu'un de spécial. Si vous réalisez votre conscience, vous ne serez plus affecté par les pensées. Alors le corps pourra se comporter comme il lui plaît.

Il n'y a rien d'autre que Dieu. Aussi, qui peut-il obliger ? N'expérimente-t-il pas que Lui-même ? Quand vous atteignez le point avant la conscience, vous devenez tout. Souvenez-vous de ce simple fait. La conscience est le voleur. Dieu est pareil. Il est aussi bien le mendiant que celui qui donne. Il est venu sans être demandé. Quand Dieu vous inonde de sa grâce, est-ce pour Lui ou pour vous ? Si vous n'êtes pas, est-ce que Dieu est ? Les explications et les méthodes ne permettront jamais d'atteindre Para-brahman.


Nirupana 114 - jeudi 14 juin 1979

Il est rare que l'on se penche sur le fait que la conscience soit apparue en nous. Un être sur un million s'y consacre. La conscience signifie notre sens « Je suis ». Rare est celui qui s'en tient à la conscience comme enseigné par le Guru. Lors de la pratique de méditation, de nombreuses expériences surviennent. Les chercheurs restent prisonniers quand ils acquièrent des pouvoirs spirituels et que les gens les honorent. Seul celui qui est dans une constante discrimination est à même de progresser.

Comme une étincelle est émise par un court-circuit électrique, la conscience a aussi été émise par un court-circuit. Nous avons entendu des mots tels que jiva, Para-brahman, etc., mais qu'y avait-il avant que ces mots soient entendus ? Comment l'écoute est-elle apparue, et à partir de quoi ? Avons-nous une quelconque identité en dehors de la conscience ? La période pendant laquelle la conscience est présente est appelée la durée de vie. Celui qui devient un avec sa véritable nature est un jnani. Il observe comment la conscience a recouvert sa vraie nature. Il est l'Un sans second. Il n'est pas sa connaissance « Je suis ». C'est celui qui connaît la source de la conscience. Il pourra sembler que le jnani vaque à des occupations quotidiennes comme tout autre. Mais il en est totalement libre intérieurement. Il sait qu'aucune qualité des cinq éléments ne peut être utilisée pour décrire sa véritable nature.

Tout est créé à partir de rien. Il n'y a pas de créateur. Tout arrive spontanément. Il n'y a rien à quoi identifier un jnani. Au travers de la méditation, la conscience se fond dans la conscience. La parole du Guru est votre véritable identité. Vous êtes pure conscience. Chacun connaît cette vérité. Cependant, il s'identifie au corps. Quand l'essence de nourriture s'évapore, la conscience disparaît. Rendez-vous directement au subtil. À moins de réaliser le subtil, vous ne réaliserez pas le grossier.

Quand le prana quitte le corps, la conscience disparaît. Elle ne meurt pas. Quand la conscience (guna) s'oublie elle-même, on appelle cela nirguna. Ce que vous avez entendu, cru et pris pour la vérité, doit être enduré ou apprécié. Aussi, prenez toute chose pour fausse. Celui qui connaît, malgré le fait d'avoir une conscience, un corps et une vision du monde, est toujours nirguna, sans qualité. La raison en est qu'il est celui qui connaît tout ceci. Le monde dans son entier a été créé dans la vacuité de la conscience subtile. Alors, la sensation d'être dans le monde est apparue et la misère a commencé. Mais, quand ce sentiment d'être s'en va, nous sommes libres. Tout cela prend place dans l'espace cérébral. C'est dans cet espace que se fait la perception d'être conscient, et que le vaste monde est créé. Quand un changement survient dans cet espace, le monde change aussi. Pour cela, abandonnez la conscience individuelle, votre ego. L'attachement au corps est l'empêchement.

La racine des cinq éléments est la conscience atomique. Le monde entier tient en elle. Comment le jnani pourrait-il prendre le monde pour vrai ? L'ignorant le prend pour vrai, ainsi il expérimente le tourment. Celui qui s'identifie au corps est celui qui souffre et apprécie, pas le jnani. Reconnaissez la Vérité. Laissez de côté tous les concepts. Reconnaissez la création de votre conscience. Celui qui la reconnaît se trouve derrière la naissance et la mort. Il ne va ni ne vient.

Cela prend du temps pour accomplir un bon travail. Le travail bâclé peut être accompli rapidement. Le bon travail apporte la satisfaction.