Cela qui est au-delà de tout
ce qui peut être vu ou expérimenté
est éternel et vrai
par Sri Nisargadatta Maharaj
Source : « méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj » - Éditions Aluna
Nirupana 86 - dimanche 7 janvier 1979
Si vous ressentez que vous avez saisi ce qui a été dit, que pensez-vous de vous-même ? Ce corps est constitué des cinq éléments. Le verbe, associé au corps, est de la nature de l'espace. Si vous comprenez ceci, vos états miséreux et joyeux parviendront à leur fin. Mais toute habitude a la vie dure. L'habitude de la conscience identifiée au corps est ainsi. Une fois qu'elle n'est plus là, le travail est fait.
L'image apparaît et ensuite disparaît. Rien ne dure, c'est pourquoi on l'appelle maya. Votre conscience est une flamme qui dépend de la nourriture. Tout comme l'encens qui brûle dépend des ingrédients qui le composent. L'encens s'éteint quand tous ses ingrédients sont consumés. Le feu s'éteint. Va-t-il en enfer ou au paradis ? Votre condition présente est due à la conscience identifiée au corps. Ceci doit être compris. Quoi que ce soit qui se présente à vous, le fait au travers des cinq éléments, et se dissoudra à nouveau dans les cinq éléments.
Peut-il se présenter des questions quand on se situe au-delà du mental et du corps ? Est-ce que les pensées vous appartiennent ou appartiennent à votre mental ? Elles ne sont pas « vos » pensées. Quand vous argumentez avec quelqu'un, n'est-ce pas le mental qui argumente ? Si vous ne vous identifiez pas à l'argumentation du mental, cela signifie ultimement que l'argumentation n'a jamais eu lieu.
Brahman réalise Brahman. L'être humain ne peut réaliser Brahman. Quand vous ferez un avec Brahman, vous ne serez plus à même de parler.
Pour mener à bien cela, un minimum de dualité est requis. Cette séparation est le mental et ses changements. Une personne prise dans un tourbillon suffoque et se noie. Celui qui plonge jusqu'à la base du vortex en ressort. Nous sommes pris dans le tourbillon du corps-mental. Plongez profondément dans le mental pour en sortir. Toutes les métaphores et classifications sont faites pour convaincre le mental. Elles appartiennent au domaine des cinq éléments.
La Vérité est au-delà des cinq éléments. En premier surgit maya ou l'amour de soi. De cela est créé le monde avec ses cinq éléments. Alors nous pouvons dire « nous sommes ». La Vérité est au-delà. La conscience apparaît spontanément. Ce n'est pas dans le but de s'identifier à une personne particulière. Le support du corps est nécessaire. La conscience est l'amour de soi. Elle est atomique, et cependant elle devient vaste comme l'univers. Le monde apparaît avec la conscience. Rare est celui qui se questionne sur le comment de l'apparition de la conscience. Le vrai dévot regarde au travers de son être.
Tant que vous ne vous serez pas apaisé, il n'y aura pas d'expérience d'état sans pensées. Par cet accomplissement, même un fou devient un grand sage, et sera vénéré. Vous vous attachez à la connaissance, et en faisant de la sorte, vous ne remarquez plus celui qui connaît. Il est au-delà de la conscience. Il se révèle par la récitation du Guru-mantra. Quand vous réalisez la conscience, vous réalisez que vous êtes antérieur à elle. Le mental est maya, le mental est les pensées. Le samsara (en tant qu'occupations et activités quotidiennes), qui pour la plupart des êtres est tellement empli de peurs, est au service du véritable dévot. Là où il y a conscience, il y a énergie. Elle est au service du chercheur. Le corps est nourriture pour la conscience. Comblez-la par une dévotion sans relâche et vous réaliserez votre véritable nature. Alors régnera une paix éternelle.
Vos préoccupations vous harassent. Si vous voulez y mettre fin, vénérez votre conscience. Elle se tient au même endroit que de là où elle émerge. Quand vous répétez : « Guru, Guru, Guru », le Guru intérieur sera satisfait et se révélera.
Nirupana 99 - dimanche 18 mars 1979
Vous avez accepté la limitation du corps, et ainsi vous êtes prisonnier de ses actions. Param-atman est sans limite. Depuis la naissance du corps, vous avez accepté les concepts. Vous vous accrochez à ces concepts. Le concept premier est « Je suis » ou « Je suis conscient ». De ce concept découle la sensation de temps. Une fois que ce concept premier sera vu comme faux, vous réaliserez que vous êtes sans naissance et sans mort. À chaque instant, il y a des millions d'incarnations de la conscience. Il est dit que les pensées du dernier moment d'une personne décident de ce qu'elle deviendra. Ceci est vrai pour une personne ignorante qui se prend pour le corps.
Qu'est-ce qu'un jiva ? Qu'est-ce qu'une personne ? C'est l'existence.
C'est sans forme. La conscience est née ; elle possède les caractéristiques de l'essence de nourriture. En tant que telle, elle est pure. Par la présence du corps, elle semble polluée. La plus simple définition de Para-brahman est : Cela qui est au-delà de tout ce qui peut être vu ou expérimenté. Il est éternel et vrai. A-t-il une quelconque expérience d'implication ? Il est au-delà de l'espace. Il est immuable. Expérimente t-on l'espace pendant le sommeil profond ? Celui qui évolue est celui qui est consumé par le temps. Quoi que ce soit qui se produise est dû à l'expression de la conscience. Param-atman ne peut faire bien ou mal. Au sein de ma véritable nature, rien ne peut être changé. Param-atman n'est ni connaissance, ni inconnaissance. Il ne possède pas un iota d'information. Ce qui fait preuve de dévotion est de la nature de l'éternel Para-brahman.
Si la lumière du soleil est présente, il n'y a pas besoin de chercher après le soleil. La lumière du soleil n'est pas indépendante du soleil. De la même manière, tout vient à l'existence à travers ma conscience. Je suis, moi-même, Para-brahman, Celui qui est parfait. Tout se produit au sein de l'espace de conscience. L'attente, le désir, la peur, la naissance, la mort existent au travers du mental. Ils s'élèvent avec le sens « Je suis ». Celui-ci veut perdurer. La conscience produit le cosmos que nous voyons. L'espace de la conscience est apparu de lui-même. Avec certitude, Je suis Para-brahman. Je suis plénitude.
Vous vous préoccupez de votre corps. Vénérez votre conscience. Les imperfections s'accumulent quand vous vénérez le corps. Celui qui devient un avec sa conscience fait obligatoirement l'expérience d'être le témoin absolu (le quatrième état). Le monde et votre conscience ne sont pas deux choses séparées. Votre état de pleine conscience et le monde sont de même nature. Rappelez-vous bien que Atman, la connaissance, et le monde sont un et un seul. Attardez- vous sur le fait que votre conscience soit visible en tant que le monde.
Une grande importance est donnée à la naissance du corps que vous appelez vôtre. Quelqu'un, ici, a-t-il le courage d'affirmer : « Le monde entier est ma propre forme, ma propre nature » ? Par l'expression de Sattva (conscience), l'état de veille surgit en tant que « Je suis ». Par le fait que cela se reproduit sur un long temps (la durée de vie du corps), il se produit une intoxication, jusqu'à en arriver au fait que l'état de conscience puisse être difficile à supporter. Pour connaître le secret de la conscience, il faut devenir très intime avec elle. La conscience dans le rêve ou l'état de veille est la même. C'est un processus physique. Après avoir acquis une connaissance fine des trois états que sont la veille, le sommeil, le rêve, celui qui vit à partir du quatrième état est pur Brahman. Cela demande d'y être dédié totalement pour se réaliser.