Cela transcende le corps, l'esprit et la conscience par Sri Nisargadatta Maharaj
Source : Sri Nisargadatta Maharaj « Conscience et Absolu » - Les Deux Océans – Paris
22 juin 1981 (après-midi)
Maharaj : L'expérience et celui qui a l'expérience, les deux disparaîtront. Je n'ai pas besoin d'en dire plus. Des changements se font dans la conscience, et la conscience devient de plus en plus subtile. Les formes se dissolvent. Le premier pas sur la voie de la spiritualité est de développer la conviction que je ne suis ni mâle ni femelle.
En cherchant au-dehors la lumière et le son, tous les disciples ont une expérience spirituelle, et cela même est servitude. Ils comparent avec les autres leurs expériences. Ces disciples pensent qu'ils sont très avancés. Ils aiment ces expériences de son, lumière, etc, parce qu'ils s'identifient au corps. Ils recherchent une forme et une configuration ; donc, ils font leurs délices des expériences reliées à une forme et à une configuration.
Vous devriez être comme l'espace. Si vous prêtez attention aux choses de l'extérieur, vous allez perdre la tête. Si vous êtes l'espace et non pas le corps, à ce moment le corps n'est plus le corps, parce qu'il n'y a personne pour le considérer comme corps. Dans le chidakash vous évaluez le monde en tant que nom et forme, mais quand le nom et la forme sont dissous, une dissolution prend place. Toutes les formes sont dissoutes dans le mahakash. Vous évaluez une forme, elle est comme ceci ou comme cela. Quand il n'y a pas d'évaluation, le mental n'est pas là, vous êtes comme l'espace sans forme. Chidakash est cette matière première par quoi vous évaluez tout ce dont vous faites l'expérience ou que vous observez. En devenant plus subtiles, les formes extérieures sont dissoutes dans le mahakash ; il n'y a plus ni noms ni formes. En même temps, le processus d'évaluation et le fonctionnement du mental s'arrêtent, et se dissolvent dans chidakash. Quand mahakash et chidakash aussi cessent leur mouvement, il n'y a plus que l'espace, et vous êtes l'espace.
Le « sens d'être Je » est ressenti à cause du corps extérieur. Mais, sans ce corps, ce « sens d'être Je » est toujours là, sans le sentiment de « Je suis ». Je règne pour l'éternité.
23 juin 1981
Maharaj : Vous n'êtes pas les vêtements que vous portez, et de la même manière vous n'êtes pas ce corps. C'est l'étape la plus importante. Vous allez lentement réaliser que vous êtes juste comme l'espace, parce que l'espace est le commencement et la fin de toutes choses. Supposons que vous soyez malade : vous voulez tout savoir de votre maladie, et plus elle est grave plus vous voulez en savoir. De la même manière, cet « être-moi » est aussi une sorte de pathologie. Maintenant, vous devez commencer à examiner sa nature.
Question : Comment procéder ?
M : Commencez par le corps-esprit, qui est à la base de la connaissance du « Je suis ». En procédant ainsi, vous devenez de plus en plus subtil. Quand vous êtes capable d'observer la connaissance du « Je suis », vous avez atteint le sommet. C'est ainsi que vous devez procéder pour comprendre, et il y aura une éclosion de connaissance en vous.
Ayant ainsi acquis la maîtrise de la connaissance du monde matériel, vous pouvez maintenant transcender l'observateur et la chose observée. Cela signifie que vous êtes dans l'état véritable de l'être. Ensuite vous entrez dans l'état de transcendance de l'être, où l'identité même de l'observateur et de l'observé disparaît.
Supposons que quelqu'un dise du mal de vous, et vous découvrez qui c'est. Est-ce le corps de cette personne qui est fautif ? Ce n'est pas le corps. Qu'est-ce que c'est alors ? Finalement vous arrivez à la conclusion que cela arrive de soi-même, exprimé par le corps de la personne, quelle qu'elle soit. Vous n'attribuerez cela à aucun individu particulier. Quand votre individualité est dissoute, vous ne voyez d'individus nulle part, c'est simplement le fonctionnement de la conscience. Si le déclic se fait en vous, c'est très facile à comprendre. Sinon, c'est très difficile. C'est à la fois très profond et très simple, si c'est bien compris. Ce que je dis n'est pas dit couramment dans le domaine du spirituel.
Quand vous arrivez à transcender le corps, l'esprit est aussi transcendé, ainsi que la conscience ; après ça, tout vient de la conscience, qui elle-même émane de la substance corporelle, et il n'y a plus ni autorité ni centre d'action. Quand un son sort du corps, il n'y a pas quelqu'un qui parle, c'est seulement des mots qui sont émis, quelque chose qui arrive, il n'y a pas d'action. Si vous comprenez le point de départ à fond, vous irez loin dans la spiritualité.
L'Absolu seul règne. Il n'y a rien que l'Absolu. Le non-manifesté se manifeste, cet état manifesté est le Guru et il est universel.
Qui reconnaît ce corps-esprit ? Ce « sens d'être Je » qui reconnaît le corps-esprit n'a ni nom ni forme, il est déjà là.
|