Le soi individuel, le Soi cosmique et l'Absolu
par Sri Nisargadatta Maharaj
Source : Sri Nisargadatta Maharaj « Conscience et Absolu » - Les Deux Océans – Paris
M : Quand vous êtes ancré dans votre propre Soi l'autre n'existe pas (pas de dualité ou de séparation), vous êtes le tout. Si vous demeurez dans votre Soi vous êtes semblable à l'espace et il n'y a plus de dualité. Vous êtes aussi vaste et aussi subtil que l'espace, et ça c'est la libération. Aucun nom, aucune forme ne vous conditionnent. Si vous êtes semblable à l'espace, pourquoi aller quelque part ? L'espace qui est ici est aussi partout ailleurs. La spiritualité n'est pas un jeu d'enfant. Mes paroles vont tailler en pièces les doutes de quiconque les entend.
Avant tout, demeurez dans votre Soi et allez au-delà, et en le transcendant vous allez réaliser l'Ultime. Les mots qui viennent d'ici ne sont pas une connaissance empruntée, celle qu'on trouve dans les Écritures et autres livres ; c'est de l'expérience directe. Nirupana, c'est la pratique habituelle de ces gens qui font une profession de la spiritualité, ce qu'ils disent viennent de livres par-ci par-là.
Vous devez comprendre à fond ce que vous êtes, ou ce que vous pourriez être quand il n'y a rien. Quand il n'y a rien, vous êtes toujours. Qu'est-ce que ce vous ? : Tout est un, et quand tout est, vous êtes aussi ; ça se comprend ; mais quand rien n'est, comment puis-je être ?
21 juin 1981 (matin)
Maharaj : Toute image que vous avez de vous est fausse. Demeurez dans votre Soi, c'est la vraie connaissance. Essayez de comprendre toute cette connaissance que vous recueillez en ce moment. La soi-disant connaissance que vous glanez ailleurs ne s'occupe que de l'ignorance ; elle n'atteint pas le Soi, la vraie connaissance. Tout ce à quoi le mental aspire n'est pas la vraie connaissance. On ne peut pas facilement comprendre la vraie connaissance. Si j'avais eu l'expérience du « Je suis » auparavant, est-ce que j'aurais eu le désir d'entrer dans le sein de ma mère ? Avant d'entrer dans la matrice maternelle je ne me connaissais pas, il n'y avait pas « d'être moi ». Toute la soi-disant connaissance est corrompue par les mots, ce n'est que de l'ignorance. Vous, l'Absolu, vous observez l'état d'éveil, vous savez ce qu'est la conscience, ce qu'est l'état de sommeil ; donc, vous n'êtes pas ça.
Des millions de gens ont passé, où pourrais-je être parmi eux ? Il n'y a aucune individualité reliée à aucune de ces formes, mais j'ai toujours été, et je suis toujours, le fonctionnement total. Sans moi il n'y a pas de fonctionnement. Je suis le fonctionnement total, à chaque instant, il y a des millions d'années aussi bien que maintenant.
J'ai une vision claire de ce qui précède, et pourtant il faut accepter la souffrance physique, à cause de la conscience. La conscience a pour nom souffrance. Cette vie de souffrance touche à sa fin. Ce principe, quel qu'il soit, fait l'expérience de toutes les souffrances, quand il est mis avec le corps et la conscience ; en même temps, il sait qu'il vaut des millions de dollars, comme un tonneau d'or. Ce principe, qui a compris et qui a saisi ce que la souffrance et la conscience sont, vaut des millions. Je ne m'occupe pas de la spiritualité des masses. Ici, on ne va pas vous déverser la spiritualité du commun. Ce Vous Ultime ne peut jamais être perdu ; tout ce que vous avez pu perdre n'est que des mots. Ce Vous Ultime se sait et se sent être « Je suis » sans aucun mot. Ce « Je suis » amène la connaissance du monde. Vous n'êtes pas seul, vous faites partie intégrante de la connaissance du monde.
Le Jivatman s'identifie au corps-esprit en tant qu'individu séparé du monde. L'Atman est seulement l'être, ou la conscience, qui est le monde. Le Principe Ultime qui connaît cet étant ne peut pas être nommé du tout (il est au-delà du soi individuel et du Soi cosmique, Atman). On ne peut pas l'approcher ou le conditionner avec des mots. C'est l'État Ultime.