Tout est Un, le monde est un rêve illusoire
par Ranjit Maharaj

Source : « Je ne parle que de vous. » par Ranjit Maharaj – Les Deux Océans (Paris)

Tout d'abord retrouvez le « je suis », le dénominateur commun aux êtres et à toute la création, en exerçant votre discernement avec persévérance, puis comprenez l'origine de ce facteur commun, vous trouverez alors qu'il vient du zéro et que vous ne pouvez pas être cela. La réalité que vous êtes est au-delà de ce point zéro.

VOUS ÊTES LE CRÉATEUR DU MONDE

Visiteur : Comment savoir si nous allons dans la bonne direction ou pas ? Les gens sont attirés par différentes voies, mais comment savoir laquelle nous convient le mieux ?

Maharaj : La bonne direction, c'est l'adresse que le maître vous donne. Quand vous essayez vraiment de comprendre, vous expérimentez ce que le maître dit. Votre propre mental vous y conduira, c'est lui qui vous dira si vous avez compris correctement ou pas.

Visiteur : On le sait tout simplement ?

Maharaj : Oui. Quand vous mangez, vous savez si vous en voulez davantage ou pas, de la même façon, dès que vous expérimentez ce que le maître dit, cela veut dire que vous avez compris correctement. Le mental a toujours tendance à papillonner, mais il vous conduira finalement au bon endroit. On peut dire que vous êtes sur la bonne voie lorsque vous acceptez que tout est illusion : le corps, le mental, et tout ce que vous voyez et percevez. Vous arrivez au point où vous vous comprenez vous-même. L'ignorance doit disparaître, c'est tout. L'ignorance, c'est d'être persuadé que tout est réel, que mon corps, mon mental et mon identité sont vrais. Cette ignorance est l'ego et c'est lui que vous devez connaître. Dès que vous savez ce qu'il est, il disparaît. Mais en fait, qu'y a-t-il à comprendre, puisque vous êtes la réalité ? Qui peut comprendre qui ? Il n'y a rien à chercher, car qui pourrait rechercher qui ? Ainsi la base fondamentale, c'est que vous êtes la réalité. C'est l'ego qui affirme être ceci ou cela. Il ne vous quittera jamais, c'est à vous de le quitter. Si vous comprenez qu'il n'est qu'un concept, il n'aura plus aucune prise sur vous, sinon il continuera à dominer votre mental. Vous vous plaignez de ne pas voir, mais vous ne mettez pas vos lunettes. Mettez vos lunettes et vous verrez. Le maître est là pour déraciner votre ego. Vous avez le pouvoir d'accepter ce qu'il dit sur le champ et de savoir ainsi que vous êtes le créateur du monde, eh oui ! A cause du corps vous êtes devenu une petite créature. Ne soyez pas si petit.

Visiteur : On peut éviter d'être le créateur, n'est-ce pas ?

Maharaj : Au début il faut bien gonfler la baudruche de plus en plus, puisque vous en êtes arrivé à vous dire : « je n'ai aucun pouvoir, je ne suis qu'un corps/mental ». Tout d'abord, vous devez abolir les limites, soyez illimité ! N'essayez pas de faire quelque chose. Quand vous dormez vous ne faites rien, vous oubliez le monde, mais dans le rêve qui apparaît de nombreuses choses surviennent. Qui est le créateur ici ? Personne. Une pensée surgit de l'ignorance et le rêve se déploie. Vous affirmez que vous êtes l'auteur du rêve mais c'est faux, car le créateur n'a jamais existé. Le fils d'une femme stérile n'a jamais existé. Aussi, c'est simplement parce que mentalement vous vous êtes limité à être une petite créature, que vous devez d'abord ouvrir et amplifier votre pensée. Le maître brise vos limites, vous devenez de plus en plus vaste jusqu'à ce que vous soyez le tout. A ce point, vous croyez être réalisé, vous êtes dans la béatitude, mais là encore, le maître vous dit que vous n'avez rien compris car rien n'est vrai, même pas cela.

Visiteur : Mais vous avez dit auparavant que l'étape du Sat-Chit-Ananda (être-conscience-félicité, les attributs du Dieu ou du Soi qualifié, le quatrième corps ou la source de la conscience/connaissance.) pouvait être évitée.

Maharaj : Dans un premier temps vous devez « être », vous devez ouvrir votre esprit. Sat-Chit-Ananda est encore un concept, c'est vrai, mais c'est un concept très vaste, sans limites. La première chose à faire, c'est donc de comprendre que « je ne suis pas cette petite personne ». Mais le mental ne veut pas accepter d'emblée que vous êtes en tout et partout. C'est pour cela que vous devez dans un premier temps devenir le créateur du monde et affirmer : « j'ai créé tout cela ». Une particule de sel n'oserait jamais affirmer « je suis l'océan », mais pourtant elle devient l'océan tout naturellement quand elle s'y dissout. Ainsi la connaissance doit s'accroître jusqu'à ce que vous compreniez. Mais ici l'ego persiste encore puisque vous affirmez être omniscient. Le maître vous dit alors que vous ne savez rien, que vous devez oublier cette connaissance même et que vous êtes toujours en train de rêver. Tant que le « je » est là, on est dans un rêve. Le maître tranche votre ego, exactement comme vous tranchez un gâteau d'anniversaire. Chaque année vous dites que vous avez tel ou tel âge, mais le maître vous dit que vous n'êtes jamais né. Il ébranle l'assise de votre mental pour éliminer l'emprise du rêve. Engloutissez votre ego ! Vous devez tout d'abord atteindre la connaissance pour pouvoir la déraciner et la réduire à néant.

Visiteur : Est-il nécessaire de passer par ce processus que vous venez de décrire, ou peut-on prendre un raccourci ?

Maharaj : Votre mental ne l'accepterait pas, c'est ça le problème, il n'accepte pas le fait que vous êtes la réalité. Le Sat-Chit-Ananda est en tout, c'est la graine d'origine. Sat veut dire « être », Chit signifie « conscience/connaissance » et enfin, Ananda est la félicité. Comprenez tout d'abord l'ignorance et vous parviendrez au Sat-Chit-Ananda, qui n'est toutefois pas la compréhension ultime. Mais si vous voulez aller au quarantième étage, vous devez tout d'abord passer par le trente-neuvième. Même si vous connaissez la destination finale, vous devez passer par les étapes précédentes. Votre mental est soumis à l'ignorance, il a peur de tout, même un petit moustique vous fait peur. A cause de l'identification au corps et au mental vous êtes devenu si petit. Le mental vous limite. Tout est illusion, mais pour vous tout est réel. Le Sat-Chit-Ananda est aussi illusion car ce n'est qu'un concept, un concept qui a créé le monde. Si ce concept n'était pas apparu, il n'y aurait pas de rêve. Si aucune pensée ne surgit dans votre sommeil, le rêve ne se manifeste pas. Mais la condition pour rêver c'est de dormir, celui qui ne dort pas ne rêve pas. Pour que le rêve se manifeste il faut dormir, de même, le monde a été créé parce que vous vous êtes oublié, vous vous êtes endormi. Si vous ne vous oubliez pas, il n'y a pas de création. C'est dans ce sens que vous êtes le créateur du monde. Le monde entier n'est qu'un seul concept et ce concept c'est la conscience/connaissance. Tous les êtres sont pourvus de la connaissance et même lorsque vous affirmez être ignorant, c'est avec la connaissance que vous le dites. Vous ne pouvez atteindre la réalité que si vous voyez ces deux faces : l'ignorance et la connaissance. Tous les êtres sont dans l'ignorance, même s'ils affirment être docteur, avocat ou n'importe quoi d'autre, ils ne font que s'agiter dans un rêve. Dans le Sat-Chit-Ananda, vous devenez le créateur du monde et tout ce qui s'y passe est votre choix, votre volonté. Vous vous êtes oublié et le Sat-Chit-Ananda a surgi, c'est le rêve originel. Mais un rêve est toujours un rêve. Dans un rêve, un roi peut devenir mendiant, mais vous n'êtes en fait, ni l'un ni l'autre. Le créateur a donc créé le rien : « je suis le créateur du zéro ! » La réalité est au-delà de tout cela, il n'y a en fait ni créateur ni création, ce ne sont que des concepts. La connaissance et l'ignorance sont les deux faces d'une même pièce, mais la pièce est fausse, elle n'apparaît que lorsque le Soi est oublié.

Visiteur : Comment le chercheur peut-il avancer dans sa recherche du « je » et des quatre corps (Les quatre corps ou voiles qui recouvrent le Soi : le corps physique, le corps mental, le corps causal, l'ignorance et le corps supra causal, la conscience/connaissance.) ?

Maharaj : C'est par la réflexion que vous pouvez avancer, puisque c'est justement par manque de réflexion que vous êtes devenu le corps, un vrai démon ! Par la compréhension vous devez prouver que vous n'êtes pas cela. Mais votre réflexion doit être profonde et soutenue car votre entourage tentera toujours de vous maintenir dans le cercle de l'ignorance. Le maître vous dit que vous êtes la réalité, que ce que vous voyez n'est pas réel, il vous offre la connaissance pour que vous puissiez comprendre profondément. Alors, spontanément vous direz « je suis le créateur du monde ». Certains sages s'arrêtent à ce niveau mais pour la compréhension finale vous devez aller plus loin. La connaissance est toute puissante mais c'est encore un rêve, elle est en fait la plus grande des ignorances.

Visiteur : Je crois que ma question est la suivante : comment ne pas m'identifier au corps ?

Maharaj : Vous devez y réfléchir. Jusqu'à présent vous étiez convaincu de sa réalité, alors pour voir son irréalité, vous devez réfléchir profondément sur le sujet. Quand vous faites une erreur, vous devez la trouver et la cerner pour pouvoir la corriger. Allez-y, trouvez la faute ! Le maître vous montre et vous explique les erreurs mais si vous continuez à en commettre, qui est responsable ? Vous vous êtes oublié et le monde s'est manifesté. Tout vous touche et vous affecte, c'est ainsi que vous produisez le rêve ... Comprenez-vous ?

Dans le sommeil, si une pensée devient objective (prend forme), le rêve apparaît, mais parfois elle est si fugitive qu'elle ne fait que vous effleurer et le rêve ne se manifeste pas. Vous n'êtes alors pas affecté par la pensée qui passe. C'est seulement quand vous êtes touché par le concept qui a surgi, que le rêve peut s'enclencher pour se déployer ensuite et vous devenez alors le « connaissant ». Vous devez arriver à la compréhension qui vous fera dire : « je ne suis pas cela ». La question se posera alors : qui êtes-vous ? « Je n'existe pas », cette conclusion doit s'imposer à vous. Tant que le Sat-Chit-Ananda est là, le corps fonctionne. Tant que la connaissance est là, vous devez agir en conséquence. Ceci s'applique aussi à l'être réalisé qui fonctionne de la même façon que vous dans le monde. Si quelqu'un frappe à ma porte, il faut bien que je réponde, que je lui dise d'entrer. Mais le saint est comme la fleur de lotus qui vit dans l'eau mais n'est pas touchée par elle. Il sait que rien n'est vrai. Vous devez approfondir votre réflexion jusqu'à ce que votre mental devienne non-mental. Ensuite il n'y a plus à réfléchir à quoi que ce soit, tout est fini. Vous seul restez. « Être ou ne pas être, telle est la question », dit-on. Tout le monde vit dans le doute et l'hésitation : dois-je faire ceci ou plutôt cela ? La question subsiste tant que la connaissance est là mais si vous comprenez que la connaissance elle-même vient de l'ignorance, vous devrez alors vous en défaire. Le maître vous dit de l'oublier car elle n'est qu'un rêve. La connaissance et l'ignorance sont toutes deux un rêve. « Être ou ne pas être » reste une question tant que vous croyez en la réalité du rêve. La question n'a plus lieu d'être quand vous savez que le rêve n'est pas réel. Quand vous cherchez votre chemin, vous rencontrez une personne qui vous indique une direction, puis quelqu'un d'autre vous montre une direction opposée, votre mental est alors dans le doute, vous êtes soumis à la dualité. Que faire maintenant, prendre ce chemin ou bien l'autre ? D'un côté il y a le monde entier et de l'autre la réalité ultime, vous devez trancher par la compréhension. Tant que l'illusion persiste, vous devez penser à la réalité mais s'il n'y a plus d'illusion, à quoi pouvez-vous penser ? A quelle réalité ? Ici, la réalité et l'irréalité n'existent plus ni l'une ni l'autre. « Comprenez et soyez cela », mais être ou ne pas être quoi ? Sans une réflexion profonde, vous ne pourrez pas comprendre cela, par elle tout peut se dissoudre instantanément. Ne soyez pas un papillon qui virevolte ici et là.

Visiteur : J'ai bien compris que l'agitation mentale a des répercussions physiques et émotionnelles. J'ai fait l'expérience du lâcher-prise, quand plus rien ne se passe, mais maintenant vous parlez de quelque chose qui serait au-delà de ce « rien ».

Maharaj : Oui, c'est vrai car tout ce qui se passe, se passe dans un rêve. Alors pourquoi vous inquiéter, puisque ce n'est pas réel ? Si vous vous inquiétez, cela veut dire que vous prenez ce rêve pour la réalité.

Visiteur : Alors que reste-t-il quand tout s'effondre, quand il n'y a plus rien ?

Maharaj : Ce qu'il reste c'est vous-même, mais sans le « vous ». Un rêve apparaît et dans ce rêve vous faites beaucoup de choses mais quand le rêve prend fin, vous êtes bien toujours là, n'est-ce pas ? C'est simplement un rêve qui apparaît, alors quel mal peut-il vous faire ? Vous ne faites rien, vous dormez. Si vous comprenez cela, ici dans l'état de veille, vous laisserez le rêve se dérouler puis s'éteindre, car vous savez que vous ne faites rien. Il n'y a alors plus de question à résoudre. Bien que j'agisse, je n'agis pas, cette compréhension doit éclore en vous. Dans le rêve vous semblez faire une multitude de choses, alors qu'en réalité vous ne faites rien puisque vous dormez. Si par exemple vous tuez quelqu'un dans un rêve, vous accuserez-vous de ce meurtre au réveil ? Vous l'avez pourtant expérimenté dans le rêve. Quand vous vous réveillez tout devient zéro, néant. Le rêve et tout ce qui s'y déroule ne fait que passer, il ne se maintient pas. Quelle peut donc être la valeur d'une chose si éphémère ? Celui qui sait qu'en réalité il ne s'est rien passé peut dire qu'il est le créateur du monde. Quand vous vous réveillez, vous savez qu'il ne s'est rien passé, vous vivez alors dans ce monde avec cette compréhension. Tant que le corps est là, j'agis mais je n'agis pas, je mange mais je ne mange pas, c'est le corps ou le mental qui mange, mais moi je ne mange pas. Souvenez-vous de l'histoire de cet homme qui avait raconté à sa femme le festin qu'il avait fait en rêve. Sa femme lui avait répliqué : « puisque tu viens de manger, je n'ai pas besoin de cuisiner aujourd'hui ». Le mari n'était pas d'accord avec cette conclusion, il n'avait pas l'impression d'avoir mangé. Comme dans cet exemple, tout ce que vous faites dans le monde n'a aucune valeur. Si vous êtes concerné par ce qui s'y passe, votre mental est affecté, dès que vous dites « je fais », vous devenez la plus petite des créatures. Si vous comprenez ce que le maître dit, vous direz alors tout naturellement « ce n'est pas réel ». Continuez donc à accroître la connaissance en vous, gonflez la baudruche pour qu'elle devienne de plus en plus grosse, mais sachez que ce qui vient de l'ignorance, c'est-à-dire la connaissance, ne peut être réel. Le mental vous fera atteindre ce point de compréhension et disparaîtra ensuite. Une fois que vous avez atteint le but, vous n'avez plus besoin de comprendre quoi que ce soit. Vous êtes au quarantième étage, qu'y a t-il à comprendre maintenant ?

Visiteur : Nous sommes à la fois tout et rien, est-ce correct de dire cela ?

Maharaj : Oui, oui ... Dites tout d'abord « je suis tout », puis « je ne suis rien et je ne fais rien ». Vous ne pouvez pas dire que vous êtes au quarantième étage si vous n'avez pas franchi le trente-neuvième. Quand vous atteignez le quarantième, il n'y a plus rien à accomplir. Là vous comprenez que rien n'est vrai, et c'est alors que le « je » disparaît.

Visiteur : Que voulez-vous dire exactement par « être le créateur » ?

Maharaj : Vous et le monde n'êtes qu'un, dans le sens où la connaissance a créé le monde. Si vous jetez une particule de sel dans l'océan, elle devient l'océan entier en une fraction de seconde. C'est pour déraciner la pensée de n'être que ce corps que vous devez dire : « je suis le créateur du monde ». Tout s'est manifesté à partir de la connaissance, la connaissance est donc le créateur. Mais celui qui crée l'illusion ne peut pas être réel, il est aussi illusion. Dans un premier temps, vous devez quand même dire « j'ai créé ». Quand vous vous réveillez du rêve, vous dites « j'ai fait un rêve ». Vous ne l'oubliez pas mais ce n'est pourtant qu'un rêve. Au réveil vous dites « ce n'est pas réel », mais avant d'arriver à cette conclusion, vous le considériez comme vrai. Ainsi, tout d'abord vous dites oui et la connaissance jaillit, puis vous dites non. C'est le sens de la question « être ou ne pas être ». Le mental doit devenir subtil, sinon il est encombré de questions. Dans une pièce de théâtre, un homme peut jouer un double rôle et être tour à tour le héros ou le bandit, tourmenter l'héroïne, puis la cajoler ensuite. Qui fait cela ? Lequel des rôles est vrai ? Il est question de dualité maintenant, mais en fait il ne s'agit que d'une même personne. Quand vous êtes dans la dualité, vous devez agir en conséquence. La dualité n'est rien d'autre que votre propre rôle. Tout le monde est moi-même. Toutes les bulles qui apparaissent à la surface de l'océan ne sont rien d'autre que l'océan. Que se passe-t-il quand elles éclatent ? Elles deviennent l'océan. Ici, on doit se dissoudre soi-même pour être la réalité. Alors il n'y a plus personne et l'unité emplit le mental. Bon ou mauvais, tout le monde est moi-même. Vous devez avoir un courage à toute épreuve pour comprendre cela. L'acteur est un, mais il joue un double rôle, est-il bon ou mauvais ? Il n'est ni l'un ni l'autre, il est différent de tout cela. Il dit : « j'ai pris un rôle et je l'ai joué, quand je suis dans le rôle du bandit, je joue en conséquence, et je fais de même quand il s'agit du rôle du héros ». C'est la même chose ici, vous jouez un double rôle, mais vous avez peur de comprendre car vous doutez toujours : « comment cela est-il possible ? » Si vous tuez quelqu'un dans un rêve, au réveil vous êtes certain de n'avoir tué personne. Mais même ce réveil est encore un rêve. C'est un rêve, le rêve du créateur, mais vous et lui êtes unis et confondus. Vous semblez avoir tué quelqu'un mais vous devez comprendre que vous n'avez tué personne. En agissant, sachez que vous ne faites rien. Tous les gens qui sont présents ici ont des noms différents. Si vous supprimez les noms, ils ne sont plus qu'un, n'est-ce pas ? Quand il n'y a plus de noms pour différencier, il n'y a que l'unité. Un père qui a quatre enfants est pourtant obligé de leur donner des noms différents pour éviter la confusion. Les noms ne sont donnés que par commodité. C'est le corps et le mental qui font toutes ces choses mais vous, vous ne faites rien. Le monde est le résultat de la connexion de deux fils, l'un positif, l'autre négatif. Dans le sommeil tout disparaît et au réveille monde apparaît. Il y a une déconnexion totale quand le corps meurt, vous ne pouvez plus alors revoir le monde. Mais ce monde est votre concept, c'est en ce sens que je dis et répète que vous êtes le créateur du monde. Comprenez-le bien, le monde s'effacera alors automatiquement et vous en serez libéré. Vous devez éliminer le doute en vous car il n'est qu'ignorance. L'électricité ne sait pas qu'elle donne la lumière, de même la réalité finale n'a ni connaissance ni ignorance. Quand la déconnexion se produit, tout disparaît. Disparaît où ? Ce qui n'a jamais existé a disparu ... Si vous touchez l'électricité vous mourez, mais si vous touchez la connaissance, c'est elle qui disparaît, dès que vous la comprenez, elle disparaît automatiquement. Ni la connaissance ni l'ignorance ne sont réelles. Ma véritable nature est sans ignorance et sans connaissance. Laissez les pensées apparaître, mais sachez simplement que « je n'ai pas de pensées ». Mourez à vous-même et vivez.

Visiteur : Ce matin, vous avez dit : « Devenez Lui, le maître/réalité, et ensuite immergez-vous dans la dévotion ». Devons-nous nous adonner à la prière et pratiquer les chants de dévotion ici uniquement en votre présence, ou aussi quand nous rentrerons chez nous ? En fait, quelle valeur a notre dévotion actuellement si nous pratiquons seul chez nous ?

Maharaj : C'est comme si vous me demandiez : « quand je serai chez moi devrai-je manger ou pas ? » Cette question n'a pas lieu d'être. Vous pouvez écouter un enregistrement des bhajans (forme de dévotion qui consiste à chanter les louanges du suprême) et chanter en vous aidant du livre, vous n'avez pas besoin d'être réalisé pour louer votre maître avec dévotion. Le maître vous offre la connaissance, comment ne pas lui en être reconnaissant ? C'est l'ego qui vous empêche d'avoir de la dévotion : « je suis grand et puissant maintenant, pourquoi devrais-je avoir de la vénération pour quiconque ». L'ego est la chose la plus misérable qui soit, il envahit et contamine votre mental à la première occasion. Il est vrai qu'il y a une différence entre la dévotion accompagnée de la compréhension et celle qui est pratiquée sans compréhension. Un étudiant peut devenir professeur à son tour et peut-être même surpasser son maître, mais il garde malgré tout de la reconnaissance et du respect pour celui qui lui a donné la connaissance. Tant que le corps est là, vous devez vous plier à un certain nombre de choses, si quelqu'un frappe à votre porte, vous devez lui dire « entrez, je vous en prie ». Alors pourquoi ne pas vénérer celui qui vous a donné la compréhension ?

Visiteur : Il y a une multitude de façons d'exprimer sa dévotion qui ne sont pas dans le cadre d'un rituel ou des chants de louanges (bhajans), n'est-ce pas ?

Maharaj : Comme quoi, par exemple ?

Visiteur : Vous pouvez penser à votre maître et lui être reconnaissant sans hanter les bhajans.

Maharaj : C'est l'ego !

Visiteur : En êtes-vous sûr ?

Maharaj : Vous pouvez le faire à votre manière, je ne dis pas le contraire. Mais si vous dites « pourquoi devrais-je avoir de la dévotion ? », il s'agit là de l'ego. Vous mangez et vous buvez, c'est naturel, mais vénérer est tout aussi naturel. Bien sûr, il ne s'agit pas d'en faire étalage, vous le faites simplement parce que vous avez foi en votre maître. Vous avez besoin de vous souvenir de ce que le maître a dit, de maintenir le contact : « Loin des yeux, loin du cœur ». Vous et le maître n'êtes qu'un, mais tant que vous êtes dans le corps, vous devez le vénérer. Si la foi que vous avez en lui est sans faille, il vous conduira à la réalité. Le maître est partout, il n'est jamais séparé de vous. Vous et lui êtes Un.

Bombay - 16 mars 1998