Source : Le Soi sans rien (ou Le Soi sans soi) – Entretiens avec Shri Ramakant Maharaj
– Édité par Ann Shaw










Faites que ce dernier moment soit doux


Maharaj : Pourquoi méditons-nous, pourquoi prenons-nous le Mantra, pourquoi récitons-nous le Mantra, pourquoi questionnons-nous le Soi, pourquoi contemplons-nous, pourquoi lisons-nous des livres ? Parce que le dernier jour, le dernier moment est supposé être un heureux moment, un doux moment. Nous nous préparons pour nous assurer, quand le moment viendra pour l'Esprit de se séparer du corps, qu'il n'y ait pas la pensée, « Je suis en train de mourir ».




Cette Conviction est là, déjà établie et réelle. Elle est là et donc, vous pouvez être d'une humeur douce et heureuse, pour faire de ce dernier moment, un moment heureux. C'est une Connaissance très, très simple, avec aucune place pour la discussion. Ce n'est pas un débat. Ce n'est pas au sujet de « Ce qui est vrai ? » ou de « Ce qui est faux ? » parce qu'il n'y a pas de vrai ou de faux. L'Ultime Vérité signifie qu'il n'y a ni vrai, ni faux. C'est appelé l'Ultime Vérité. Les semaines passées, nous avons parlé de l'enfant non né. Que ce soit en parlant de spiritualité ou de philosophie, nous parlions de l'enfant non né.

Rien n'est arrivé. Nous parlions de l'arrivée de rien. En tant que disciples, vous devez aller à la racine, à la base.



Demeurez-là tranquillement et calmement sans les mots, sans le monde.




Même si nous continuons à parler ensemble pendant des heures et même des années, le principe sera toujours le même. Le principe restera le même.

Q : Et en ce qui concerne la dévotion, Maharaj ? Est-elle nécessaire après la Conviction, la Réalisation ?

Maharaj :


Il est nécessaire, absolument essentiel de continuer la dévotion. Un dévot avait l'habitude de venir me voir. Il écrivait des livres de philosophie. C'était un homme très honnête et très humble. Puis, très soudainement, il est devenu distrait et très attiré par la politique. Il devint si impliqué dans tout cela qu'il se présenta même aux élections. Inconsciemment et sans se rendre compte de ce qu'il lui arrivait, il abandonna la spiritualité. Sa vie devint très occupée par la politique, trop occupée pour faire sa dévotion. Il perdit son objectif et sa concentration.



Q : Je suis heureux Maharaj parce que je suis maintenant au dernier stade, après avoir cherché pendant quarante années et plus. Hier, je me sentais sans corps, c'était bien.

Maharaj : De quel stade parlez-vous ? Il n'y a pas de stade et qui compte les années ? Trente ans, quarante ans. Comment pouvez-vous vous sentir sans corps alors qu'il n'y a personne là. Sans votre Présence, vous ne pouvez pas compter. Sans votre Présence vous ne pouvez pas avoir d'expérience.



Il n'y a pas de doute que ce type d'expérience est bon, mais ce n'est pas l'Ultime Vérité, ce n'est pas la Vérité Finale. Rappelez-vous que ce sont des pas progressifs, des points de repère sur la carte. Aujourd'hui, vous pouvez expérimenter, « Je suis Brahman », et demain, « Je suis Dieu tout-Puissant ». De bonnes expériences, mais que des expériences. Elles montrent que des illusions sont encore persistantes là, des traces d'illusions.



Il est facile d'être attaché aux expériences spirituelles, mais elles peuvent en retour vous apporter de l'égo. Vous êtes séparé de tout cela. « J'ai eu une merveilleuse expérience. J'ai eu telle grande expérience de Brahman, Atman, Paramatman, Dieu ». Cela fera revenir l'égo.



Quoi que vous expérimentez est une addition à votre Présence Spontanée, un rajout.


Q : Vous savez, je n'en étais même pas conscient. J'étais excité et même transporté loin par ces grandes expériences spirituelles.

Maharaj : Si vous avez une expérience, ce n'est pas l'Ultime Vérité.





Il y a beaucoup d'ignorance dans ce que les gens disent, « Oh ! J'ai la connaissance ! Je suis illuminé ! » Ils peuvent avoir lu des livres ou écouté d'autres enseignements, mais beaucoup d'entre eux imitent le Maître. Ils font le perroquet comme dans l'histoire du chauffeur d'Einstein, Harry. En raison de sa longue association avec Einstein, le chauffeur était capable de parler comme son Maître. Mais Harry n'a jamais pu être Einstein.


De la même façon, après avoir lu la littérature spirituelle et écouté les enseignements du Maître, etc, vous pouvez être capable de parler de ce que vous avez lu et retenu de ces sources extérieures. Mais quand les gens commencent à vous bombarder de questions, vous n'avez plus la moindre idée des réponses. C'est ce qui arrive quand vous lisez des livres et visitez des Maîtres, en omettant le Questionnement de Soi et la Connaissance de Soi. Vous pouvez avoir collecté de la connaissance, des couches de connaissance dont vous pouvez parler. Mais tout cela est de la connaissance matérielle et surtout pas l'Ultime Vérité.

Q : Je sais que compter les années est sans signification, mais néanmoins, les gens deviennent plus anxieux en vieillissant. Et quelques uns, dont moi, essayons d'agripper la Vérité avec le mental et l'intellect.

Maharaj : Quoi que vous ayez lu et entendu dans le passé, toute cette connaissance que vous avez collectée, vous devrez la jeter ! Les gens ne veulent pas faire cela.


« Oh ! J'ai passé trente ans à faire cela ! Mes quarante ans de spiritualité. » Donc ils n'acceptent pas facilement l'Ultime Vérité. Ils veulent rester comme ils sont, mais en même temps, ils veulent connaître la Réalité.


Q2 : J'ai été un étudiant des enseignements de Nisargadatta Maharaj durant plus de vingt ans. Parfois, je me sens comme quelqu'un qui tourne en rond. Oui, l'enseignement est édifiant, mais je sens que je manque de direction et il s'ensuit peu ou pas de mouvement. Je sens que je peux avoir été « ferrouté » sur les enseignements en utilisant la spiritualité comme une autre sorte d'identité. Je peux voir cela maintenant. Le Maître est encore en-dehors, séparé, aussi il y a dualité à temps partiel.

Maharaj : Vous avez lu les livres du Maitre, mais vous ignorez votre Maître Intérieur. Posez-vous la question : Quelle que soit la connaissance spirituelle possédée aujourd'hui, vous aidera-t-elle lors du dernier souffle ? Vous voyez, cette soi-disant connaissance spirituelle est la plus grande des illusions. La compréhension intellectuelle ne vous aidera pas. Jouez avec les mots du Maître, nourrit le subtil égo. L'identification avec 1e nom d'un quelconque Maître nourrit aussi l'égo. Vous n'êtes pas séparé du Maître.



Vous vous identifiez et même vous vous attachez au nom, même peut-être à la forme du Maître. Le Maître n'est pas le nom. Le Maître n'est pas la forme, qu'il soit Nisargadatta Maharaj, Ranjit Maharaj, Siddharameshwar Maharaj, Ramana Maharshi, Swami Vivekananda, Shankara.


Vous vous dites, « Que veut-il dire par ceci, que veut-il dire par cela ? » Les mots du Maître sont des indicateurs, ne vous faites pas attraper par eux. Ayez foi dans ce que dit le Maitre et acceptez son message. Laissez le mental derrière, stoppez l'analyse et la dissection des mots. Restez avec les significations de ce que les Maîtres disent et essayent de vous transmettre. Arrêtez de vous accrocher aux mots.


Cette Réalité est infiniment plus importante que de rester éternellement un étudiant de la spiritualité.


Les livres vous ont mené ici. Mais quoi que vous ayez lu, ce n'est pas suffisant. Vous avez besoin de découvrir le principe derrière vos études. Que cherchez-vous ? Quel concept vous donne le plus de problème ? La mort et la peur de la mort ? Vous étudiez ce que dit ce Maître ou ce que ce Maître disait, et pendant tout ce temps vous ignorez l'étudiant.


Au lieu de cibler sur l'étude, découvrez qui étudie, questionnez le Soi. Restez avec vous, le Lecteur Invisible. Après avoir lu ces livres et écouté la Connaissance du Maître, vous avez besoin de lire votre propre livre, votre propre histoire.


Mon Maître disait, « Le Réel vous est effectivement inconnu, donc vivez comme cela, et il n'y aura pas de problème pour vous ». Faites connaissance avec le Soi sans rien. Questionnez votre Soi, faites la méditation, récitez le Mantra, chantez les bhajans. Écoutez les enseignements de votre Maître Intérieur. Vous êtes un Maître.

Q : Je suppose que, à vrai dire, nous sommes trop peureux et peut-être nous ne voulons pas faire effectivement le saut, et devenir Cela. Il n'y a pas de devenir, n'est-ce pas ? Et nous sentons qu'il n'y a pas de retour en arrière aussi. Peut-être que nous aimons tout simplement recueillir de plus en plus de connaissance, en caressant l'égo. Cela apporte confort à ce faux égo. Ou peut-être nous ne souhaitons pas réellement aller assez profond dans les enseignements et regarder la signification derrière ?

Maharaj : Je vous ai dit ! Ce n'est pas difficile ! Une fois que vous connaissez la Réalité, cela arrivera juste comme dans l'histoire de 1a corde et du serpent. Quand vous savez que c'est une corde, instantanément, vous dites, « Oh ! Je sais ! Pourquoi aurais-je peur de cette corde. C'est mon illusion ». Tout change à chaque instant. C'est pareil avec le mendiant. Quand il découvre qu'il est millionnaire, il ne va continuer à mendier le jour suivant.

Q : Cependant nous continuons encore à mendier le jour suivant, parce que si nous ne le faisons pas, ces quarante années de recherche sembleront avoir été gaspillées, apparaîtront sans signification, en vain, je suppose ?

Maharaj : Vous mesurez les années parce que vous avez oublié le Chercheur. Qui mesure les années ?

Q : Bien, oui je sais que tout est illusion. C'est juste que je suis conscient que le corps est un fusible, comme un bâton d'encens et je sens un sentiment d'urgence.

Maharaj :



Demeurez avec cette Vérité ! Vous comptez les années, vous rappelant, sans difficulté, encore avec émotion tous les noms et les endroits visités par le corps illusoire. Mais comment facilement, il est aisé pour vous, d'oublier votre Maître Tout-Puissant.



Siddharameshwar Maharaj dit : « Si les gens sont aveugles, ils ne connaîtront pas la Réalité, qu'ils sont Dieu. Ils sont aveugles. Dieu est dans vous. Dieu fait tout à travers vous ». Le subtil égo doit être fusionné totalement, « Je fais ceci et cela ».



Q : Donc, en tant que Maître et Professeur, vous n'êtes pas vraiment intéressé par les histoires des gens, par exemple, mon long et ardent voyage spirituel ?

Maharaj : Ils savent quand ils viennent ici, qu'après avoir quitter le chemin de l'ignorance et le corps illusoire, il n'y a aucune différence entre le Maître et le disciple.



Vous êtes un lion, vous êtes un Maître. Vous avez eu une longue association avec le corps et pour cette raison, il n'est pas si facile d'accepter la Réalité.

Q : Une pratique continue vingt-quatre heures sur vingt-quatre est une vraie surprise !

Maharaj : Vous passez vingt-quatre heures par jour à penser et c'est normal pour vous ! (Rires)

Q : OK, alors, pratique non-stop ! Les gens qui viennent ici sont surpris en premier de l'intensité. Ce n'est pas un jeu ou quelque chose à temps partiel. Aussi, leur perception de la méditation est que c'est tout à fait séparée de leur vie, par exemple, « Je méditerai cinq ou dix minutes, une heure, deux heures », tandis que le reste de leur vie est complètement différent.

Maharaj : La Connaissance est simple. C'est très simple, mais vous devez être guidé par un Maître Réalisé qui vous martèle, qui vous indique d'inviter l'attention de l'Invisible Auditeur dans vous :



Marteler ! Marteler ! Après le martèlement du Maître de cette grosse pierre, une sculpture sera révélée. Une figure de la Déité sera exposée.

Q : Marteler et marteler. Marteler et ciseler ! Je veux beaucoup de martèlement !

Maharaj : La Déité repose à l'intérieur de cette grosse pierre. Le Maître doit enlever les parties non désirées. Vous pouvez ne pas l'apprécier, mais vous devez le tolérer. Si vous désirez découvrir Dieu, vous devez supporter le martèlement. Vous devez être brave et tolérer le Maître tandis qu'il enlève les parties non désirées de la pierre. Vous traitez avec les processus de votre vie, donc vous êtes certain de rencontrer des difficultés et des résistances. Ne donnez pas trop d'importance à ces difficultés ou problèmes.

Q : VOS enseignements, Maharaj, sont extrêmement radicaux et profonds. Ils coupent à travers tout, très directs, absolus, cependant, en même temps, ils sont très terre-à-terre, très simples. Un Enseignement élevé direct. Cette Connaissance est fraiche et n'a jamais été entendue avant de cette façon. C'est révolutionnaire.

Maharaj : C'est par la grâce de mon Maître, Nisargadatta Maharaj.


Un Bonheur Exceptionnel


Q : Maharaj, pouvez-vous nous en dire plus sur la Réalité, l'État sans État, l'Ultime Réalité ? Hier, vous disiez que c'est très intéressant.

Maharaj : C'est unique pour chacun. Chacun a une éducation différente, donc cette Réalité, cette Ultime Vérité se déploie d'une façon unique pour chacun de vous. Voici un exemple : Quand vous connaissez l'adresse, vous pouvez atteindre la destination. Quand vous arrivez, cela vous procure un grand bonheur. Quand vous CONNAISSEZ la destination, quand vous allez directement à la destination, il y a un bonheur, un bonheur qui ne peut pas être exprimé.

Après toute cette implication, cette dévotion, cette pratique, cette étude, cette Connaissance, quand vous réalisez soudainement,



Au moment de la Conviction, alors même que vous supportez le corps, la Réalisation que, « Je suis la Vérité Finale, je suis le Terminus Final », et



Ce bonheur dont je parle,



Swami Ramdas dit : « Si une personne muette mange une douceur comme le jaggery, elle n'est pas capable de décrire ce qu'elle ressent ». De la même façon, après la Conviction, vous ne serez pas capable d'expliquer. Vous ne pouvez pas décrire le Bonheur ou dire le plaisir que vous ressentez. Vous êtes sans voix. Il ne peut pas être expliqué parce que la paix, la satisfaction, les qualités sont au-delà de toute explication.