AVADHÛTA GÎTÂ DE DATTÂTREYA
Source : Avadhûta gîtâ de Dattâtreya (La chanson du libéré-vivant) traduit par Alain Porte
Chapitre VII - Avadhûta (libéré-vivant)
1 - Des chiffons trouvés dans les rues forment sa défroque, il chemine à l'écart du bien et du mal, il se tient nu dans un lieu désert, il est plongé dans la saveur unique du sans forme.
2 - C'est son absence de signes particuliers qui le signale, c'est son absence d'adresse ou de maladresse qui fait sa dextérité. Seule la réalité l'illumine. Comment un libéré-vivant serait-il l'objet de discussions ?
3 - Ni désirs, ni liens, ni chaînes ne l'entravent. Nul besoin d'accomplir des rites pour être détaché. Ainsi affranchi de toute chose, il est toute transparence.
4 - Comment parler de matériel et d'immatériel ? Comment parler de passion et de détachement ? Immaculée, immuable, semblable au ciel, telle est ici-bas la forme innée de la réalité.
5 - Comment ici-bas la trouver, et où ? Comment ici-bas trouver une forme sans forme ? Là où se trouve, hors de portée, le ciel, comment en faire ici-bas l'objet d'une perception ?
6 - L'Âme universelle a la forme du ciel, l'Âme universelle est immaculée. Ainsi comment imaginer une division en servitude, liberté, changement ?
7 Tout est identique à l'unique réalité. Quelle fatuité de parler d'union et de séparation ! Ainsi tout est identique à la réalité suprême. Comment parler alors d'essentiel et de superflu ?
8 - Tout est identique à l'unique réalité, aussi limpide que le ciel. Ainsi comment ici-bas soutenir qu'attachement-détachement soit vrai, qu'indifférence-passion soit vrai ?
9 - C'est lorsqu'on n'est ni séparé ni uni que l'on est détaché. C'est lorsqu'on n'a ni perceptions ni absence de perceptions que l'on perçoit.
10 Continuellement soumis à la connaissance-ignorance, comment s'affranchir de la dualité-non dualité ? Comment, lorsqu'on est pleinement détaché, percevoir une saveur unique, immaculée ?
11 - Brisé sans être brisé ni intact, attaché sans être ni attaché ni détaché, comment ici-bas l'essentiel-superflu est semblable au ciel, réalité à la saveur unique ?
12 - Immuablement libre de toute chose, libre de toute réalité, comment pour lui ici-bas y aurait-il vie, mort ? Qu'y aurait-il à méditer ou non ?
13 - Tout ce monde est une illusion, comme un mirage en plein désert. Semblable à une conscience infinie, seule la Béatitude existe.
14 - Jamais nous n'avons de désir pour ce qui, commençant au devoir, finit à la libération. Comment les savants nous imaginent-ils avec la passion-détachement ?
15 - Quand il n'y a plus rien, plus rien, à rechercher, il n'est plus rien, plus rien, à désirer. C'est immergé dans la perception de l'égalité des choses, c'est concentré et purifié que le libéré-vivant dit la réalité ultime.