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BLOG COUSIN PASCAL

Celui qui perçoit l'univers comme un amas d'écume en plein océan ambrosiaque de la Conscience,
c'est lui, en vérité, l'unique Siva.

Ksemaraja









LA NUIT BHAIRAVIENNE

Source : Le Vijnana Bhairava traduit et commenté par Lilian Silburn


87 - De même durant une nuit noire, à l'arrivée de la quinzaine sombre, ayant évoqué sans discontinuer la forme ténébreuse, on accédera à la forme bhairavienne.

Il s'agit de l'époque qui s'étend de la pleine lune à la nouvelle lune, alors que la nuit est particulièrement sombre et qu'aucun objet distinct n'offre la moindre distraction à la vue. Les images de la fantaisie aussi tendent à disparaître et les contradictions à se dénouer.

Par contraste avec le jour et sa lumière qui symbolise le connaissable multiple, la nuit, d'après Abhinavagupta, correspond au repos ou à la dissolution du connaissable dans l'unique Sujet conscient.

On commence par se concentrer sur les ténèbres de la nuit en y adhérant sans réserve ; on glisse ensuite dans la contemplation de l'essence ténébreuse, mystérieuse et terrible de l'ineffable Bhairava. La Lumière des profondeurs de la Conscience qui est celle de l'Unité indivise, fulgure d'abord comme l'éclair : lumière pour l'intelligence intuitive, elle n'est que ténèbres pour l'entendement qui délimite et sépare. A cette nuit succède enfin la Lumière indicible.

Avec toutes les réserves nécessaires, ne peut-on rapprocher la nuit bhairavienne de la Nuit obscure de Saint Jean de la Croix ? De part et d'autre, à un certain stade de la vie mystique, il y a incompatibilité entre le Dieu unique et la multiplicité phénoménale : dès qu'il y a ténèbres, le monde différencié disparaît et Bhairava se manifeste. Mais que le monde apparaisse en sa diversité et, automatiquement, Bhairava deviendra invisible.

Cette concentration qui consiste à contempler les ténèbres sans cligner des paupières relève de la voie de Siva.