Pas de lieu, ni de forme matérielle, pas de temps, ni de mesure, pas de jonction réciproque, ni d'absence de celle-ci, pas de dureté, ni d'irréalité, ni enfin aucune essence qui lui soit propre : préciser cela, c'est assurément mettre fin à l'illusion. Tel est l'enseignement du miroir. (stance 23)


Cette stance expose que le reflet n'existe pas hors du miroir et sans la liberté divine. Il s'ensuit que hors du miroir de la Conscience il n'y a aucun lieu où ce reflet pourrait exister. C'est pourquoi il est dit : pas de lieu.
De même, il ne possède pas de dureté, c'est-à-dire pas de forme solide, caractérisée par la résistance à la pénétration. Car s'il en avait une, il pourrait y avoir un autre lieu que le miroir. En outre, ce reflet dans le miroir de la Conscience, ne possède pas de forme matérielle. Il n'est donc pas lié à la dureté qui est propre à celle-ci.
Il n'est pas associé au temps, car s'il l'était, il pourrait être différent selon qu'il se produirait plus tôt ou plus tard. Il n'a donc aucune existence hors du miroir de la Conscience.
Il n'a, de plus, pas de mesure car, si le reflet se mesurait à la taille de ce qu'il reflète, comment la surface d'un miroir pourrait-elle recevoir le reflet d'une grande montagne ?
En plus, quand plusieurs objets sont réfléchis en même temps dans un miroir, ils ne se mêlent pas les uns aux autres : il n'y a donc pas de jonction réciproque. Les objets reflétés sont pourtant présents ensemble et rassemblés, et c'est pourquoi il est dit : ni absence de cette conjonction.
On a aussi souvent dit que le reflet dans la Conscience est un non-manifesté manifeste. C'est pourquoi il est dit : il n'y a pas d'irréalité. Tous les objets, en effet, sont manifestés en reflet. Mais, en même temps, le reflet n'est pas producteur de réification. Il n'a donc pas de véritable forme propre. C'est pourquoi il est dit : il n'a enfin aucune essence qui lui soit propre.

Ainsi, la nature réelle du reflet est de n'être en essence qu'une apparence. Tel est l'enseignement du miroir, qui met fin à l'illusion, c'est-à-dire à la connaissance limitée née de la dualité, où s'entêtent ceux qui restent attachés à la réalité extérieure des objets en croyant que la nature objective du reflet dépend de la diversité des éléments sensibles tels que des murs, etc.

Tout cela étant, voici ce qu'on a voulu démontrer : tout cet univers se tient dans la Conscience divine selon la loi du reflet dans un miroir. Aucune chose véritable, sous quelque forme extérieure que ce soit, n'existe hors de cette Conscience, où rien non plus ne saurait pénétrer.