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BLOG COUSIN PASCAL

Celui qui perçoit l'univers comme un amas d'écume en plein océan ambrosiaque de la Conscience,
c'est lui, en vérité, l'unique Siva.

Ksemaraja









La maîtrise des rêves

Source : Le Vijnana Bhairava stance 55 – texte traduit et commenté par Lilian Silburn (Édit : Collège de France, Institut de indienne)


Si l'on médite sur l'énergie du souffle grasse et très faible dans le domaine du dvadasanta (situé au sommet du cerveau) et que, au moment de s'endormir on pénètre dans son propre cœur ; en méditant ainsi on obtiendra la maîtrise des rêves.


Cette concentration non seulement permet de provoquer le rêve désiré, mais elle donne en outre un libre pouvoir sur les songes et transforme ceux-ci en réalité ; il semble, en effet, que durant le rêve et grâce à lui, le yogi soit capable de réaliser ce qu'il souhaite.

Sur le plan strictement spirituel, Ksemaraja nous apprend que « la pratique assidue de l'absorption en Siva purifie si bien le miroir de la conscience que le yogi, en dépit de son sommeil (rêve ou sommeil profond), s'immerge profondément soit dans l'énergie divine, soit en Siva parce qu'il n'est plus jamais, à aucun moment, inconscient ».

Lorsque vient le sommeil, à la minute incertaine où l'on flotte entre la tension active de la veille et l'inconscience du sommeil ordinaire, il faut méditer sur l'énergie du souffle en la projetant jusqu'au centre le plus élevé du cerveau, le dvadasanta. Cette énergie, nous dit-on, est grasse, c'est-à-dire pleine et sonore, mais aussi faible ou subtile en raison de sa lenteur. Différente du souffle instable et troublé de l'état de veille, elle se rapproche du souffle apaisé et lent qui scande l'extase (samadhi).

Au moment de s'endormir, le yogi recueille sa pensée dans son cœur et respire à plusieurs reprises en se concentrant sur ce qu'il veut accomplir ; puis, au lieu de sombrer dans le sommeil ordinaire, il accède au yoganidra, sommeil spécifique imprégné d'une conscience subtile. Il peut alors diriger ses rêves et ceux-ci sont doués d'efficience (si le yogi veut apparaître aux yeux d'une personne qui vit au loin, celle-ci le verra et l'entendra).

Ksemaraja précise qu'au cours du rêve comme dans la veille, Siva qui supporte l'univers accorde les fins qu'il désire au yogi qui demeure constamment recueilli à la jonction de la veille et du sommeil, c'est-à-dire au Centre (madhya), unité de vie et d'efficience.

A côté du yogi en yoganidra dont l'état de rêve dépend étroitement du souffle (prana) et se ramène à lui, il faut distinguer le jnanin qui jouit après l'illumination de la maîtrise de l'univers. Le Tantraloka désigne son sommeil (svapna) par l'expression vyapti parce que ce gnostique « ayant ses assises dans la connaissance même, pénètre partout durant son sommeil. »