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BLOG COUSIN PASCAL

Celui qui perçoit l'univers comme un amas d'écume en plein océan ambrosiaque de la Conscience,
c'est lui, en vérité, l'unique Siva.

Ksemaraja









DZOGCHEN MEN-NGAG-DE


Le maître dzogpa chenpo Srisinha a classifié les enseignements du men-ngag-de en quatre catégories.

Longchen Rabjam explique :

La catégorie extérieure (Phyi-sKor) :
En essence (Ngo-Bo), puisqu'il n'y a pas d'émotions à abandonner, les cinq poisons sont présents en tant que voie de l'apprentissage. En nature (Rang-bZin), puisqu'il n'y a pas d'effort, tout ce qui surgit apparaît en tant qu'attribut de la nature ultime. En caractère (mTshan-Nyid), puisqu'il n'y a pas de partialité, la vacuité n'est encline à aucun aspect.

La catégorie intérieure (Nang-sKor) :
En essence, puisque elle n'existe pas en tant que forme réelle, c'est la nature ultime dépourvue de caractéristiques. En nature, puique elle est dépourvue d'allées et venues, c'est la sagesse primordiale du continuum éternel. En caractère, puisque elle pénètre à la fois la samsara et le nirvana c'est comme la racine d'un arbre, puisque elle est la réalisation directe de la nature c'est comme le tronc, puisque elle est le développement de l'énergie des apparitions sous différentes formes c'est comme les branches, puisque elle est la clarté incessante c'est comme les fleurs et puisque elle est le murissement (réalisation) c'est comme le fruit d'un arbre.

La catégorie secrète (gSang-sKor) :
En essence, puisque l'introduction à la conscience intrinsèque et les réalisations de celle-ci sont simultanées, elle ne s'appuie pas sur les trois sagesses (étude, pensée et méditation). En nature, puisque l'illumination et la cessation de la respiration (la mort) sont simultanées, elle ne s'appuie pas sur la diligence ni la force des expériences (Goms-sTobs). En caractère, puisque le développement de la compassion (énergie) et l'illumination sont simultanés, elle ne s'appuie pas sur la réalisation des deux accumulations.

La catégorie la plus secrète (sSang-Ba Bla-Med) :
En essence, puisqu'elle ne dépend pas des mots, elle ne s'appuie pas sur la sagesse de l'analyse. En nature, puisqu'elle est la réalisation directe, elle ne demeure pas sur les vues de l'analyse intellectuelle. En caractère, comme elle est la perfection des quatre visions, elle n'a pas d'attente de réalisation des trois corps de bouddha et des cinq sagesses primordiales. Parce que dans cette pratique on actualise le résultat, accompli primordialement et spontanément dans cette vie.


La méditation : Jigmed Lingpa explique :
Dans ce yana, la réalisation de l'essence de l'esprit même, présent depuis les temps primordiaux en tant que grande libération, est appelée la conscience intrinsèque (Rig-Pa). En maintenant la continuité de Rig-Pa on atteint l'illumination par la force.

Les divisions de la méditation du men-ngag-de :
Thregchod, Khregs-Ch'od, trancher la rigidité, apprentissage de l'union de la conscience intrinsèque et de la vacuité.
Thodgal l'approche directe, apprentissage de l'union des apparitions et de la vacuité.

Sogpo Tentar :
Comme la conscience intrinsèque (Rig-Pa) n'est pas présente en tant qu'objet connaissable, elle transcende les deux sois, celui de la personne et celui des phénomènes, qui appréhendent les choses en tant que je et mon. Il n'y a rien d'autre qui soit le méditant ou sur lequel méditer. Si on reste dans la véritable nature sans modification, la sagesse de la conscience intrinsèque (Rig-Pa) émerge, nue, du ventre des huit consciences, et on la verra dénudée. Lorsque la réalisation d'une telle nature ultime est établie de manière permanente, aucune appréhension ignorante ne sera capable de nous entraîner dans le cycle des existences. Comme l'espace, elle ne change pas en fonction des nuages. … Lorsqu'on réalise un tel sens, puisque l'attachement aux objets et au soi n'est pas engendré par un créateur, mais est établi par la force des concepts mentaux, bien que pendant un certain temps ils semblent être apparus de la base et de la racine qui, en fait, sont totalement non existantes, même pas de la taille d'un atome, ils seront libérés au moment précis de leur apparition, en étant parfaits comme non-nés. Il n'y a, ensuite, aucun besoin de réalisation d'aucune autre sagesse. A cette instant, toutes les méthodes conventionnelles créées par l'esprit, telle la récitation, la mémorisation, la composition et la réflexion se dissolvent comme un dessin sur l'eau. Puis, quand on dissout les apparitions phénoménales, les trois agrégats (Tshogs-Pa), les apparitions externes, le corps interne et l'esprit secret se libèrent de leurs aspects grossiers, et on les réalise en tant qu'union de la vacuité et de la clarté, tel le reflet de la lune sur l'eau. Pour une telle personne il n'y a pas d'empêchement à passer à travers les montagnes ou les rochers. Comme son esprit réside dans la noble vérité, il possède des pouvoirs telle que les yeux divins et la prescience. Il est libéré de la naissance … s'il atteint la libération dans l'état de vacuité, d'égalité et de pureté primordiale (sTong-Pa Dag-mNyam Ka-Dag Gi Sa), il purifie même les quatre éléments de son corps mortel avec le feu de la sagesse primordiale et disparaît dans l'espace avec des miracles tels que l'évaporation de brumes, et sa conscience intrinsèque (Rig-Pa) reste dans la sphère ultime. Cela s'appelle, alors, la bouddhéité dépourvue d'aspiration (pour plus de réalisations) … Dans certains cas, lorsque c'est bénéfique pour les autres, le yogi bénit les atomes dissous afin de rester sous la forme de ringsels (Ring-bSrel) reliques.

Lochen Dharmashri résume ainsi :
En s'appuyant sur six moyens cruciaux d'apprentissage, les quatre visions apparaissent progressivement. Les quatre visions sont : la réalisation directe de la nature ultime (Ch'os-Nyid mNgon-sSum), le développement des expériences (Nyams-Gong-'Phel), la perfection de la conscience intrinsèque (Rig-Pa Tshad-Phebs) et la dissolution des phénomènes dans la nature ultime (Ch'os-Nyid Zad-Pa).

Gyurmed Tshewang Chogtrub explique la supériorité de thodgal :
Thregchod libère les apparitions illusoire, les objets des appréhensions, dans leur vraie nature, sans laisser aucune base ni racine. En thodgal tous les aspects des apparitions des trois domaines (Khams-gSum) sont libérés en tant que clarté des thiglés des cinq lumières, la profondeur naturelle (Rang-gDangs) de la conscience intrinsèque (Rig-Pa). Il est ainsi supérieur aux apprentissages inférieurs.

Au moment de la mort, un yogi accompli de thodgal, s'il le désire, transformera son corps en un corps intrinsèque de lumière, seulement visible par ceux qui possèdent un œil pur, et qui servira les êtres vivants jusqu'à qu'il n'y ait plus de raison pour qu'il reste. Gourou Padmasambhava et Vimalamitra seraient venus au Tibet sous cette forme.

Jigmed Lingpa explique les deux réalisations :
Il y a deux réalisations, le contrôle de l'énergie sur celle de la naissance et sur celle de l'entrée (sKye-'Jug).

La réalisation de l'énergie de la naissance :
On se transforme en corps de grande transformation ('Pho-Ba Ch'en-Po) et on pourvoit aux besoins des êtres vivants … On rayonne dans le corps de lumière après avoir dissous les atomes du corps mortel. La réalisation de l'énergie sur la naissance et l'entrée est la spécialité de thodgal. Parce que dans thregchod il n'y a rien d'autre que cela, après avoir dissout le corps en atomes (Lus rDul-Phran-Du Dengs, dissolution totale) et l'esprit dans la nature ultime, on atteint la libération dans la pureté originelle. …

La réalisation de l'énergie sur l'entrée :
S'il n'y a pas de moyen de servir les êtres avec cette forme particulière du corps … il dissout son corps de lumière de grande transformation, comme de la brume se dissolvant dans le ciel, et pénètre la sphère ultime intérieure. Ce faisant, jusqu'à ce que cesse le samsara, il agit pour les autres à travers les activités illuminés de l'inséparabilité des quatre corps de bouddha et des cinq sagesses primordiales.



NOTA :

Les cinq poisons et les 5 sagesses :
Haine/La Sagesse Semblable au Miroir
Orgueil/La Sagesse de l’Égalité
Désir avide/La Sagesse Discriminante
Envie/La Sagesse Tout Accomplissante
Ignorance/La Sagesse du Dharmadatu

Les quatre corps de Bouddha :
Le nirmanakaya, le sambhogakaya, le dharmakaya et le sahajakaya, ou corps de jouissance-vacuité.