L'arbre céleste aux branches puissantes de la prise de conscience existe (déjà) tout poussé dans la résidence du Cœur. Il a pour fleurs la jouissance radieuse, pour fruits la jubilation éclatante du bonheur sans mélange.
Afin de montrer que la mudrâ qui scelle dans la Conscience accomplit son œuvre sans aucune gradation ni aucun fonctionnement et qu'elle permet à la Conscience de recouvrer instantanément sa totalité, on la compare à l'arbre céleste qui n'a nul besoin de croître : il se tient depuis toujours et en pleine force dans le Cœur, « ce Cœur qu'il faut connaître comme le grand réceptacle de l'univers » selon une Upanisad.
Le Cœur est vaste (atimahat) puisqu'il forme les assises du cosmos. D'après Abhinavagupta, l'espace de mon cœur, qui est mien, ce lieu où réside l'infinité de toutes les modalités, appelé fondement de l'univers, est le Je absolu ; différencié ou indifférencié, doué d'une conscience supérieure ou inférieure, il constitue réellement le lieu de repos universel. Identique à l'anuttara, le suprême, l'éternel, dont l'essence ne disparaît jamais, qui se manifeste par lui-même et ne peut être tenu caché, il se confond avec la conscience efficiente faite d'émerveillement et qui n'a qu'une seule saveur : félicité et conscience intimement mêlées.
En dernière analyse le temps, que transcende cette prise de conscience intemporelle, se ramène à l'énergie consciente : « En vérité le temps a pour nature l'activité, et l'activité a pour appui le sujet actif, et la totalité de (ces) sujets, qui est septuple, repose elle-même dans l'essence de l'énergie. »