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BLOG COUSIN PASCAL

Celui qui perçoit l'univers comme un amas d'écume en plein océan ambrosiaque de la Conscience,
c'est lui, en vérité, l'unique Siva.

Ksemaraja








L'arbre céleste

La Maharthamanjari de Mahesvarananda
De Lilian Silburn



L'arbre céleste aux branches puissantes de la prise de conscience existe (déjà) tout poussé dans la résidence du Cœur. Il a pour fleurs la jouissance radieuse, pour fruits la jubilation éclatante du bonheur sans mélange.


Afin de montrer que la mudrâ qui scelle dans la Conscience accomplit son œuvre sans aucune gradation ni aucun fonctionnement et qu'elle permet à la Conscience de recouvrer instantanément sa totalité, on la compare à l'arbre céleste qui n'a nul besoin de croître : il se tient depuis toujours et en pleine force dans le Cœur, « ce Cœur qu'il faut connaître comme le grand réceptacle de l'univers » selon une Upanisad.

Le Cœur est vaste (atimahat) puisqu'il forme les assises du cosmos. D'après Abhinavagupta, l'espace de mon cœur, qui est mien, ce lieu où réside l'infinité de toutes les modalités, appelé fondement de l'univers, est le Je absolu ; différencié ou indifférencié, doué d'une conscience supérieure ou inférieure, il constitue réellement le lieu de repos universel. Identique à l'anuttara, le suprême, l'éternel, dont l'essence ne disparaît jamais, qui se manifeste par lui-même et ne peut être tenu caché, il se confond avec la conscience efficiente faite d'émerveillement et qui n'a qu'une seule saveur : félicité et conscience intimement mêlées.

En dernière analyse le temps, que transcende cette prise de conscience intemporelle, se ramène à l'énergie consciente : « En vérité le temps a pour nature l'activité, et l'activité a pour appui le sujet actif, et la totalité de (ces) sujets, qui est septuple, repose elle-même dans l'essence de l'énergie. »



gloire universelle


L'arbre de la Conscience a pour fleur la gloire de la jouissance, Sri, gloire universelle au-delà de tout : le prescrit comme l'interdit, le sujet comme l'objet, grâce à la jouissance qui a saveur de non-dualité. L'arbre a pour fruit l'éclat d'un jour de fête ainsi que son extraordinaire liesse. Le terme utsava, festivité, exprime l'allégresse de toute une foule, une félicité universelle qui explose et s'épanouit sans contrainte puisqu'on la qualifie de niskala, affranchie des énergies différenciatrices qui opposent le moi au non-moi. Cette joie débordante (ahlada) provient pourtant de l'intime du cœur, elle est essentiellement repos en soi-même.

Mahesvarânanda mentionne ici sa propre expérience spirituelle, celles de son maître et du fondateur de l'école Krama, Sivânanda, comme la libération en cette vie même, laquelle consiste en l'identité du sujet et de l'objet ; il cite à ce propos une stance de la Prabodhapancadasikâ d'Abhinavagupta :
Celui qui unifie l'objet dont on jouit et la libre jouisseuse, c'est lui la jouissance, lui la délivrance, lui, l'état suprême !

On reconnaît l'identité de la jouissance et de la délivrance, ces deux fins de l'activité humaine, en suivant le système moniste qui pose la Conscience comme l'ultime Réalité (anuttarasamvit).

Nombreux sont les poètes qui chantèrent l'arbre céleste, arbre miraculeux de l'amour selon Bhattanarayana, il est Siva même pour Utpaladeva :
Gloire à Siva, arbre à souhait qui donne des fruits multiples dépassant les sphères du désir, Lui dont les œuvres sont incomparables !